En hommage à Sofiane, 16 ans, assassiné par balle jeudi dernier à Amiens Nord, famille, proches et habitants du quartier ont marché de la mairie de secteur à la maison familiale, lieu du drame. Egalement touché lors de la fusillade, son jumeau, Rayan, à l’hôpital, a pu assister au rassemblement par visio. Mais dans le quartier, les mères s’inquiètent de voir la jeunesse laissée-pour-compte. Lors de la commémoration ce mercredi, aucun représentant de la municipalité n’était présent.

Sofiane et Rayan ont été victimes d’une fusillade. Sofiane a perdu la vie, Rayan, blessé, a survécu et se bat après la mort de son frère jumeau de 16 ans. A Amiens Nord, le quartier rendait un dernier hommage ce mercredi après-midi à l’adolescent.

Ce mercredi 19 avril, les proches et habitants du quartier ont marché de la mairie de secteur à la maison familiale, lieu du drame, situé juste derrière, en hommage à Sofiane (16ans), assassiné par balle la semaine dernière, à Amiens Nord. Son frère jumeau, Rayan, également touché, est encore à l’hôpital, il a pu assister par visio au rassemblement en hommage à son frère défunt.

Plusieurs centaines de personnes étaient présentes, de nombreux jeunes , la famille et les frères de Sofiane et de Rayan ont tenu à condamner les récits mensongers et les amalgames diffusés dans les médias locaux concernant leur famille et la mort de leur frère.

Un traitement médiatique ordurier et mensonger selon les proches

En cause principalement, le Courrier picard, dont l’un des journalistes sera appelé au milieu de la foule au terme de la commémoration. Quelques heures après la fusillade, jeudi 13 avril, la nouvelle a été diffusée rapidement et le contexte vite escamoté selon la famille: « il ne faut pas croire tout ce que l’on dit dans les médias, on est des gens biens » lâche l’un des frères de Sofiane.

Imaginez, une mère qui perd son enfant et qui voit ‘trafic de stup’, elle va se dire ‘mais mon fils était gentil pourtant’ alors que c’était juste des phrases putaclic

Dans le quartier, certains confirment: « ils ont précisé « trafic de stupéfiants » dans le Courrier picard alors qu’on n’en sait rien du tout. Imaginez, une mère qui perd son enfant et qui voit ‘trafic de stup’, elle va se dire ‘mais mon fils était gentil pourtant’ alors que c’était juste des phrases putaclic. »

Au domicile de la famille, lieu du drame, plusieurs dessins et roses ont été déposés, ce 19 avril, en hommage à Sofiane, assassiné la semaine dernière, à Amiens.

Pour les habitants, le manque de nuance et les confusions ne passent pas face à la violence du drame. Sur place, les journalistes sont invités à parler à l’avocate de la famille, Me Houria Zanovello, et à ne pas prendre de photos directement des membres lors de la marche blanche, par pudeur, par méfiance face aux jugements hâtifs et à l’emporte-pièce.

Amiens Nord seule face au drame

Malgré la présence du cortège devant la mairie de secteur, la maire Brigitte Fouré et le maire adjoint d’Amiens Nord, Jean-Christophe Loric, étaient absents lors de la commémoration: « il n’a même pas voulu décaler sa réunion […] et quoi ? C’est parce qu’il s’appelle Sofiane, qu’il vient des quartiers Nord ? Pour quel motif, il ne vient pas ? » s’agace t-on dans la foule.

Au terme du recueillement devant la maison familiale, rue Maurice Ravel, désormais sous scellés,  le cortège est retourné devant la mairie d’Amiens Nord pour exiger un logement pour la famille et Rayan, le jumeau survivant.

Les premiers éléments de l’enquête ouverte par le procureur d’Amiens pour « assassinat » font état de deux hommes cagoulés se faisant passer pour des policiers, pénétrant dans la maison familiale, se rendant directement au 1er étage, avant de tirer sur les deux frères. L’exploitation de la vidéo surveillance dans le quartier, pourrait permettre une identification.

Meurtrie par le drame, la famille de Sofiane et Rayan, désormais à la rue, demande à être relogée suite à l’assassinat de l’adolescent. « Après ça, c’est la goutte de trop, les mamans commencent à avoir peur parce que c’est pas le premier mort par balle […] espérons que ça ne finisse pas en vengeance, sinon Amiens deviendra le mini Marseille, ça serait inarrêtable » glisse un habitant. Le quartier en deuil, a également demandé, devant la mairie de secteur, une solution d’urgence pour aider les jeunes au quotidien qui se sentent délaissés dans ce coin du nord de l’agglomération.

Les jeunes présents en nombre ce mercredi, ont rendu un dernier hommage à Sofiane, leur ami, « leur pépite » et ont pu apporter leur soutien à son frère jumeau.

Mais les mots manquent toujours face à la mort. L’un des frères parlant à Rayan, le jumeau blessé suite à la fusillade, décide alors de parler aux vivants comme un dernier appel à poursuivre: « à travers ton cœur, Rayan, il y a encore celui de Sofiane qui bat, alors bats-toi » 

DT