Alors que le Crédit Agricole, autrefois actionnaire minoritaire du groupe qui édite Le Courrier-picard vient tout juste de revendre ses parts pour un montant inconnu, et que le journal local doit faire face à bien des turpitudes en interne, les syndicats des journalistes se sont fendus d’un communiqué ce vendredi pour dénoncer des « menaces et pressions » de la part du service communication de la mairie d’Amiens. Suite à quelques explications données par Fabien Hecquet, le directeur de la communication d’Amiens a été directement visé par l’un des journalistes de la rédaction Benoit Delespierre: « Fabien, arrête de creuser ! Tu t’enfonces encore, là ! » lui a t-il lancé sur les réseaux sociaux.

Ancien siège du journal local, rue de la République, à Amiens.

« Ce mardi 9 juillet, à 23h30, des journalistes de la locale d’Amiens ainsi que le rédacteur en chef ont été sommés de « rectifier » un article concernant un fait divers survenu en fin d’après-midi, en l’espèce une inondation suite à un orage » précisent les syndicats du Courrier picard dans un communiqué commun. Le directeur de la communication d’Amiens demandait simplement de retirer cette phrase de l’article du journal local: « Ce mardi soir, la Ville n’avait pas répondu à nos sollicitations concernant cette inondation. » Le directeur de la communication avait été contacté « entre 18h00 et 18h30 » et sommé de répondre. Les syndicats des journalistes précisent que « notre journaliste avait sollicité la Ville par mail mais également par SMS. Il faut préciser que cette journaliste, comme d’autres de la rédaction, ont actuellement interdiction de téléphoner directement au service communication de la Ville; ils doivent uniquement l’interroger par mail. La collectivité semble d’ores et déjà choisir ses journalistes ! » vocifèrent-ils.

Le directeur de la communication, Fabien Hecquet précise: « Evidemment personne n’est interdit d’appeler. Il y a quelques journalistes à qui on demande en complément les questions par écrit, car il est arrivé lors de sollicitations orales qu’on nous reproche de ne pas répondre à des questions qui n’avaient pas été posées. » Et de poursuivre: « Sur le sujet en question, on trouvait dur de donner le sentiment au lecteur qu’on avait refusé de répondre à la question, alors que c’est l’horaire de la sollicitation, qui nous empêchait de répondre avant le bouclage de l’article. » C’est donc davantage le manque de souplesse de la presse papier et sa lourdeur qui serait directement mis en question. « C’est le sens de la précision factuelle que nous avons demandé à la rédaction, à l’amiable (pas sous le régime du droit de réponse). Sur le fond du sujet, toutes les informations techniques ont été apportés dès le lendemain » conclut-il.

« Avisée, la rédaction en chef du Courrier-picard, n’a pas manifesté son soutien à la journaliste ni à la locale » d’après les syndicats du journal. « Pire, elle a suggéré que la journaliste n’avait pas fait correctement son travail ! Les syndicats s’interrogent sur l’influence de la collectivité sur notre rédaction. Les journalistes ont-ils encore la garantie de pouvoir exercer leur métier en toute indépendance ? » demandent les syndicats des journalistes qui semblent découvrir que pour faire survivre le journal, outre de nombreux partenariats avec les collectivités locales ont été actés, le groupe Rossel-La Voix dont fait partie le Courrier picard, a reçu plus de 6 millions d’euros d’aides publiques en 2023.

Contacté en début d’après-midi le journaliste du Courrier-picard, Benoit Delespierre malgré son besoin de s’exprimer, n’a pas répondu à nos sollicitations.

DT