Alors que le 39e Congrès du Parti Communiste s’est tenu au début du mois à Marseille, le porte parole de Fabien Roussel (PCF) à la dernière élection présidentielle et secrétaire général des Jeunes Communistes revient dans Amiénois-e.fr sur l’état de la gauche face à la mobilisation des retraites: « une force encourageante » selon Léon Deffontaines, « reste à savoir si toutes les forces de gauche sont capables de s’en saisir. »

Léon Deffontaines, secrétaire des Jeunes Communistes, au 39e Congrès du PCF à Marseille entre le 7 et 10 avril 2023, où Fabien Roussel a été réélu à la tête du parti avec plus de 80% des voix.

Quel regard portez-vous actuellement sur l’action de la NUPES ?
On ne peut pas renier l’utilité qu’elle a eue, la NUPES a permis à la gauche de progresser à l’Assemblée mais elle n’a pas permis de l’emporter et de gouverner. Nous ne sommes pas majoritaires. La NUPES fera toujours le même score à gauche car elle ne s’adresse pas à l’ensemble de la population. Derrière cette union, c’est Jean-Luc Mélenchon et c’est bien le plafond de verre de cette alliance. 

Lors du 39e Congrès, les communistes ont appelé à former un nouveau Front populaire, mais reformer une nouvelle alliance aujourd’hui, n’est-ce pas juste un problème d’égo mal placé entre les représentants des différentes forces politiques de gauche ? 
L’idée d’un nouveau Front populaire c’est justement de rassembler chacune des forces de gauche. En 1936, quand la SFIO, le Parti radical et le PC se rassemblent, ça n’était pas un rassemblement autour d’un seul et unique candidat, il n’y aurait pas eu de Front populaire s’ils s’étaient tous unis autour de Léon Blum, dès le départ. A l’époque, il y avait des différences de programmes énormes, mais les partis de gauche ont pu se rassembler pour former une coalition gouvernementale. Et aujourd’hui, cet appel à former un nouveau Front populaire c’est la même idée derrière. 

Finalement, le Parti Communiste recherche la masse, le nombre, pour faire progresser les idées de la gauche, exactement comme le député (LFI) de la Somme, François Ruffin, non ? 
Oui, effectivement, ce nouveau Front populaire n’est pas une union autour d’un seul homme mais un large rassemblement incluant certes, les partis mais aussi les forces syndicales, associatives et l’ensemble des forces progressistes.

La gauche doit aller chercher les abstentionnistes et les électeurs du RN. Pour ce faire, elle doit s’inspirer du travail mené par des élus capables de faire reculer l’extrême-droite sur leur territoire, c’est le cas de François Ruffin mais aussi de Jean-Marc Tellier et Fabien Roussel dans le Nord. C’est sur ces discours d’une gauche authentique et populaire que nous arriverons à reconstruire une gauche capable de devenir majoritaire et non pas derrière une simple union autour d’un seul homme…  

Fabien Roussel est le seul à progresser à gauche dans les sondages, mais il faut arrêter d’avoir 2027 en tête ! La gauche est majoritaire dans ce pays mais pourquoi on serait minoritaire dans les urnes ? 

C’est certain, l’espoir est à gauche, mais une grande gauche, celle capable de parler du quotidien, du travail, de l’immigration…

Justement, vous étiez présent à certaines mobilisations amiénoises contre la réforme des retraites, que vous ont-elles inspiré ? 
J’ai trouvé ça dingue ! J’ai vu des anciens profs du lycée qui ne manifestaient jamais. J’ai vu un peuple amiénois qui relevait la tête pour contester le cap d’Emmanuel Macron. Cette mobilisation est encourageante, reste à savoir si toutes les forces de gauche sont capables de s’en saisir. C’est certain, l’espoir est à gauche, mais une grande gauche, celle capable de parler du quotidien, du travail, de l’immigration…

Alors que le gouvernement tente d’allumer un contre-feu avec l’immigration pour faire oublier la défiance populaire contre la réforme des retraites, quelle vision portez-vous sur les phénomènes migratoires ?
On ne peut pas faire croire que la majorité vient en France dans de bonnes conditions. Quand les migrants fuient leur pays, ils viennent pour des raisons économiques, il faut les aider pour qu’ils puissent accéder à un logement, à un travail, aux soins ou à l’école…

Pour vous, vivre et circuler librement dans le monde, n’est pas un combat politique de gauche ? 
La priorité c’est l’aide au développement car le véritable enjeu derrière la question migratoire reste surtout la coopération entre les peuples.

DT