En début de semaine, Extinction Rébellion (XR) a fait une nouvelle opération coup-de-poing antipub, à Amiens.

Dans la nuit de lundi à mardi, une dizaine de membres du collectif a arpenté les rues de la ville pour « déboulonner » panneaux et affiches et dénoncer l’omniprésence des publicités dans l’espace urbain.

Du 27 au 28 mars, une dizaine d’activistes d’XR Amiens ont « déboulonné » une trentaine de publicités dans la ville. ©Clément Foucard/Photophoque

« Extinction Rebellion agit contre la publicité pour fêter les 10 ans du procès victorieux du collectif « Les Déboulonneurs », dont les activistes avaient barbouillé un panneau publicitaire à Paris« , précise le collectif amiénois.

Dans d’autres cas, les ‘déboulonneurs’ n’ont pas eu cette chance. Le 2 mai 2015, sept membres des ‘déboulonneurs’ avaient été interpellés à la gare de Lyon, à Paris, pour avoir barbouillé « agression visuelle », « la pub tue », « liberté de réception », « la pub pollue nos rêves » ou encore « attention à la pub en descendant du train » sur des panneaux numériques. Ils ont été condamnés en 2019.

Plusieurs activistes ont décroché des panneaux publicitaires, la nuit, à Amiens, en début de semaine. ©Clément Foucard/Photophoque

Mais pour les membres d’XR Amiens, il est urgent d’agir: « La publicité est plus que jamais omniprésente dans nos rues et dans nos vies, nous disons STOP ! Une dizaine de militant.es du groupe local d’Extinction Rebellion d’Amiens (XR Amiens) a mené une action de décrochage d’affiches et extinction de panneaux publicitaires. »

Une trentaine de dispositifs a ainsi été neutralisée.

XR Amiens, suite à son action ce 27/03

Malgré plusieurs actions du collectif, frisant souvent avec la légalité, peu de changements sont perceptibles: « par rapport à l’anti-pub en soit, hélas non aucune amélioration constatée entre les 2 actions en termes de densité de pub, en plus, les affiches sont remplacées 1 à 2 fois par semaine« , nous rappelle l’un des membres.

« Notre constat, du plus positif au négatif, en termes de publicité lumineuse :
1.Les enseignes lumineuses dans le centre-ville d’Amiens sont bel et bien majoritairement éteintes à leur fermeture (pas forcément le cas dans la zone de Longueau par exemple, apparemment, affaire à suivre…)
2.Les abribus restent allumés jusqu’au passage des derniers bus, puis la majorité s’éteint
3.Les sucettes publicitaires restent quant à elles allumées H24 »

L’action de XR Amiens s’inscrit dans une campagne nationale « Balance ta pub » qui a lieu dans plusieurs autres villes en France, du 23 mars au 4 avril 2023. ©Clément Foucard/Photophoque

Radicalité ou ténacité ?

Pour Vincent qui fait l’inventaire sur les réseaux sociaux des commerces qui n’éteignent pas leur devanture la nuit, la radicalité de l’action n’est pas condamnable face au gaspillage d’électricité chaque nuit à Amiens.

Mais sa méthode est bien différente et il y tient : « je ne les condamne pas, mais n’y participerai pas. Ma méthode de non confrontation semble certes lente et peu efficace, mais comme déclaré précédemment, je ne compte pas m’arrêter. Je choisis de respecter la législation, à défaut des commerces, afin de ne leur laisser aucune excuse possible » rappelle l’amiénois que nous suivions il y a quelques semaines encore, lors de l’une de ses expéditions nocturnes.

« Certes, cette méthode prend du temps, mais plus cela dure et plus leur inaction est constatée, moins ils auront de raisons d’y échapper, ce qui, à terme, permettra enfin de mettre fin à ce gâchis électrique. Que ce soit celui des commerces, qui est illégal, ou celui des publicités éclairées dans les rues…qui n’est malheureusement pas encore illégal. »

Vincent a également contacté la maire, Brigitte Fouré (UDI) pour connaître son positionnement face aux commerces qui n’éteignent pas l’éclairage la nuit. La municipalité a bel et bien envoyé des courriers aux commerçants, mais selon Vincent, peu de changements à part peut-être la crainte d’une amende plutôt que d’une action radicale:  « Concernant l’évolution suite aux actions de XR, la fois précédente, c’était des tracts collés sur les vitrines, la semaine suivant leur passage, à part les restes de colle encore visible sur certaines vitrines, je n’avais constaté aucun réel changement. Certains ont éteint, mais je soupçonne la crainte de l’amende par la mairie. Crainte infondée d’ailleurs, car le 22 mars, j’ai eu l’occasion de parler directement avec Mme Fouré, et la position de la mairie est d’envoyer « Une nouvelle lettre, avant d’employer des méthodes plus coercitives.  »  » nous confie t-il.

Si les méthodes diffèrent, les constats semblent néanmoins identiques face au gaspillage d’énergie et aux agressions publicitaires; autant d’actions de sensibilisation qui ne renferment néanmoins pas les mêmes risques pour ceux qui les entreprennent toujours avec détermination.

 

DT