Seule candidate de gauche arrivée en tête en Picardie, Zahia Hamdane (LFI/NFP) devra affronter Damien Toumi (RN) et le macroniste Hubert de Jenlis (Ensemble) dans la 2e circonscription de la Somme ce dimanche. Malgré un contexte tendu à gauche et une triangulaire périlleuse pour les candidats, Zahia Hamdane qui affrontait aux dernières élections législatives de 2022 Barbara Pompili, ne démérite pas et a pu compter sur de nouvelles forces vives locales mais aussi sur des militants venus d’autres circonscriptions.
C’est dans sa cuisine qu’elle nous reçoit ce jeudi matin, autour d’un café. Ici, pas de mise en scène sur fond rouge, du vrai et une déco simple mais soignée. A quelques heures de cette fin de campagne pour les élections législatives riche en rebondissements, la fatigue se fait sentir. Mais Zahia Hamdane est une battante et il en faut plus pour l’impressionner. Loin, très loin du « bruit et de la fureur » dont on affuble bien maladroitement certains représentants de gauche, la vraie. Celle qui ne fait pas de compromissions avec ses valeurs par opportunisme et qui affronte ses erreurs: la gauche constructive il n’y en a qu’une, tout aussi plurielle puisse t-elle être.
« Il nous reste que quelques heures pour convaincre les gens qu’il n’y a que la gauche qui peut améliorer leur quotidien » répète t-elle. Améliorer le quotidien des gens, des jeunes et des moins jeunes c’est ce qu’elle a toujours fait. Travailleuse sociale depuis près de 40 ans, elle dirige plusieurs établissements de protection de l’enfance. La jeunesse désabusée, celle qui n’y croit plus, elle la connait bien et elle a toujours eu à cœur de lui transmettre autonomie, courage et dignité en les impliquant dans leurs propres choix. D’ailleurs, parmi les militants venus prêter main forte, on découvre de nouvelles têtes, des jeunes qu’on n’avait pas forcément l’habitude de voir tracts et affiches à la main: « c’est important de former la jeunesse à l’action politique, avec fierté, sans juger perpétuellement et sans s’aboyer dessus » glisse t-elle.
Un café et un Petit prince plus tard, la candidate part rejoindre les militants qui tentent de convaincre les derniers indécis à quelques heures du second tour dans le quartier d’Elbeuf, à l’ouest d’Amiens. Laissant sa fille un instant et rejoignant son fils entouré de militants motivés, Zahia est sur le terrain, calme et confiante, persuadée de défendre des mesures justes et d’apaisement dans un pays fracturé, abîmé par le macronisme.
Et de porte en porte, l’accueil est toujours chaleureux: « vous aurez ma voix, pour vous mais pas pour Mélenchon, j’aime les gens modérés ! » lui promettent certains. « Ca tombe bien, parce que je m’appelle Zahia Hamdane et Mélenchon n’est candidat à rien, moi par contre je suis votre candidate du Nouveau Front Populaire, ici, à Amiens » répond t-elle. « Une candidate qui n’invective et n’agresse personne. »
Si l’élue insoumise d’opposition au Conseil régional des Hauts-de-France doit essuyer bien des bassesses de son adversaire politique Hubert de Jenlis, la candidate du Nouveau Front Populaire a reçu outre le soutien évident du Parti Socialiste, celui d’Ingrid Dordain (EC), députée sortante et remplaçante de Barbara Pompili, ex macroniste désormais En Commun. Un soutien du centre-gauche amiénois bienvenu pour la candidate qui pâtit parfois d’un ressentiment rébarbatif mais populaire vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon.
Smic à 1600 euros, lutte contre les déserts médicaux, production de médicaments sur le territoire, les propositions du Nouveau Front populaire pour rendre la sécurité, la dignité et la fierté nécessaires pour faire société ensemble ne manquent pas.
« Le vrai débat est de savoir qui veut partager les richesses ou non, qui veut défendre le peuple ou non »
Lucas Boutillier, suppléant de Zahia Hamdane, candidate NFP dans la 2e circonscription de la Somme
Son suppléant, Lucas Boutiller tente régulièrement de démonter quelques idées reçues favorisées par les médias audiovisuels: « L’augmentation du SMIC à 1600€ permet évidemment d’améliorer les conditions de vie de millions de personnes mais aussi contrairement à ce que l’on entend de réduire le chômage. D’abord augmenter les salaires et notamment les bas revenus permet de relancer la consommation populaire qui profite aux entreprises qui anticipent une hausse de la demande et donc une hausse de la production ce qui entraîne une hausse des personnes embauchées. De plus si les gens gagnent mieux leur vie, ils consomment des produits de meilleures qualités pour leur santé et la planète. Cela favorise les produits locaux et bio souvent des petites entreprises. Nous pouvons également faire le choix d’aider les PME et TPE plutôt que les très grandes entreprises et redistribuer les 200 milliards d’aides aux grandes aux plus petites. Cela avec d’autres mesures comme la baisse des coûts de l’énergie permettront cette hausse du SMIC » précise t-il.
Et de conclure: « De plus l’Espagne démonte totalement cette idée par les faits. En 6 ans la salaire minimum a augmenté non pas de 14% comme nous le proposons mais de 54% sans réel impact négatif sur le chômage. En réalité, le débat n’est pas réellement de savoir si la hausse du SMIC que nous proposons est faisable ou non, tout montre que c’est le cas. Le vrai débat est de savoir qui veut partager les richesses ou non, qui veut défendre le peuple ou non. »