Chaque mois, Mélisande Baumann organise des cafés signes accompagnés de visites de lieux culturels de la ville pour un peu plus d’une vingtaine de volontaires. Le mois dernier, nous les avons retrouvés au terme de leur visite de la Maison Jules Verne, à Amiens. L’occasion pour la bénévole de nous expliquer son initiative pensée comme une invitation à la convivialité et aux découvertes entre sourds, malentendants et « signants. »

Les « signants » qui utilisent la langue des signes peuvent se retrouver qu’ils soient sourds, malentendant ou étudiants ou professeurs en langue des signes lors de ces cafés mensuels organisés par Mélisande Baumann. © Shulgina Viktoria/Amiens/15 avril 2023

Depuis 2018, Mélisande Baumann organise mensuellement des cafés signes à Amiens. La bénévole, ancienne étudiante en langue des signes, a commencé à s’intéresser à cette initiative pendant ses études : « En dehors de mes professeurs de langue des signes, je ne communiquais jamais avec les sourds, et ce sont mes professeurs qui m’ont parlé des cafés signes […] j’ai commencé à organiser des rencontres dans des bars et des restaurants et très vite j’ai voulu ouvrir sur des lieux culturels. »

Ce samedi-là, Mélisande achevait une visite à la Maison Jules Verne qui s’est clôturée au restaurant, L’Improviste, place René Goblet. A table; des sourds et malentendants, français mais aussi ukrainiens, des accompagnants et des interprètes: « l’idée c’est de proposer un moment d’échange et de partage dans des lieux où les gens n’iraient pas forcément sans cette organisation. » Après une visite de la maison de l’illustre écrivain, le temps du repas, Mélisande revient sur son initiative qu’elle mène seule via la page « Café Signe à Amiens. »

Aujourd’hui, face au succès de ses cafés signes, la bénévole devrait se rapprocher de l‘Association des Sourds de la Somme « une association qui a un bel historique, une belle histoire et qui va fêter ses 120 ans l’année prochaine » souligne Mélisande.

Si les cafés signes existent depuis longtemps à Amiens, « il y a eu des coupures car cela demande de l’investissement bénévole et personnel » reconnait Mélisande.

Aux petits soins et à l’affut du moindre détail, la bénévole est également attentive à la disposition des volontaires lors du repas partagé. Ce samedi-là, elle n’était pas idéale car les tables parallèles forcent les convives à se tourner le dos: qu’à cela ne tienne, il en faut bien plus pour décourager Mélisande Baumann.

La Langue des Signes Française (LSF) née au XVIIIe siècle, comme toutes les langues autres que le français standard, elle a été combattue et même explicitement interdite en France à partir de 1880, surtout à l’école. La LSF n’a été autorisée à l’école qu’à partir de 1991 mais n’était toujours pas considérée comme une langue mais comme un « langage »: elle était perçue par les autorités comme une sorte de « patois gestuel » de substitution. Il faudra attendre 2005 pour qu’une loi reconnaisse en France le statut de « langue » de la LSF. © Shulgina Viktoria/Amiens/15 avril 2023

Ce samedi 13 mai, elle organise une excursion au Musée de Picardie; « ça me semble important de participer à l’accessibilité de ces lieux culturels qui parfois ne sont pas toujours adaptés aux sourds et malentendants quand ils les appréhendent seuls » nous confie Mélisande.

Accompagnés d’interprètes, du guide et de la médiatrice du musée, les volontaires visiteront cette fois l’exposition « Le retour de la Momie » en Langue des Signes Française (LSF) pour un montant de cinq euros: « je ne retire aucun bénéfice de ces rencontres, c’est le tarif de groupe habituel » s’empresse de conclure la bénévole, résolument engagée dans l’inclusion des sourds et malentendants dans la société.

 

Inscription :

« Le retour de la Momie » en LSF le 13/05/2023 – 15h00 : a.morel@amiens-metropole.com ou directement sur Café-signe Amiens.

DT