Alors qu’un rapport d’observations de la Cour des comptes, publié en juin dernier, précisait que l’école du Cirque Jules Verne était un « pilier essentiel de l’établissement, [qui] se caractérise par son dynamisme et des résultats méritoires« , Alain Gest, président d’Amiens Métropole, semble avoir à cœur de présenter d’autres structures de formation aux Arts de la rue au sein de l’agglomération. Une communication qui passe mal.

Saisi par les agents du Cirque, Bruno Sacleux, délégué syndical CGT à Amiens Métropole, pointe un climat professionnel dégradé au sein de l’école du Cirque et un manque d’attention de la part des élus dont la mainmise sur cet établissement public de coopération culturelle a été pointée par la Cour des comptes.

En juin dernier, un rapport de la Cour des comptes conseillait davantage d’autonomie financière pour le Cirque. Aujourd’hui, la gestion de la collectivité est jugée arbitraire par la direction de l’école de formation qui s’inquiète pour son avenir.

A Amiens, le délaissement et la gestion de l’école du Cirque Jules Verne passent mal. Alors que la ville constitue sa candidature pour devenir Capitale européenne de la Culture en 2028, la situation de l’école du Cirque préoccupe agents et étudiants: rupture de la communication entre les administrateurs et les élus, contrats non-renouvelés, des locaux mal entretenus et des baisses de subvention instrumentalisées afin de réduire le budget de l’école. Une situation que déplore Bruno Sacleux.

Le représentant syndical CGT à Amiens Métropole rappelle, outre des « appels restés sans réponses » du cabinet d’Alain Gest, des « fuites d’eau pluviale et des conditions de travail déplorables avec des températures extrêmes que cela soit en hiver ou en été. » A cela s’ajoute, des orientations peu compréhensibles selon la CGT qui s’appuie sur le dernier rapport de la Cour des comptes qui rappelle les besoins de restructuration de l’école « pilier essentiel de l’établissement » et aux « résultats méritoires« .  Une situation difficile pour la direction de l’école qui voit, selon la CGT, son travail peu respecté: « Récemment […] il a été acté la suppression du poste de coordinateur des études » et « d’un local dès juillets 2023 » […] « ce qui va de fait dégrader les conditions de travail et fragiliser le parcours et l’accompagnement de ces étudiants » précise Bruno Sacleux.

Une école pionnière en France

Créée en 1982, l’école du Cirque Jules Verne a été l’une des premières écoles à développer l’accès à la pratique amateur des arts du cirque. Au fil des années, elle a progressivement développé son activité pour devenir un lieu de formation à vocation professionnelle reconnu. L’école propose essentiellement des formations préparant le concours d’entrée à l’une des quatre écoles supérieures d’arts du cirque situées à Châlons-en-Champagne, Toulouse, Saint-Denis et Rosny-sous-Bois. Ces quatre écoles sont les seules à délivrer le diplôme national supérieur professionnel d’artiste de cirque.

Mais si ses « formations professionnelles sont en quête de certification » le Cirque Jules Verne reste un établissement public de coopération culturelle (EPCC) « atypique » selon le rapport de la Cour des comptes qui précise que « son activité est variée et dépasse le périmètre traditionnel d’un pôle national du cirque, grâce à son école de formation et à l’organisation d’un festival annuel dédié aux arts de la rue. »

Des baisses de subventions qui déstabilisent la structure

Composé en trois pôles, « formation », « rue » et « cirque », l’établissement culturel répartit le budget entre ces sous-structures, une harmonisation parfois peu équitable au détriment de la section formation, selon la CGT.  Mais alors que le tout nouveau directeur du Cirque, Yannick Javaudin, a pris ses fonctions début décembre, celui-ci devra affronter une baisse des subventions de l’agglomération de plus d’1,3 millions d’euros sur 3 ans. Les baisses des subventions régionales et d’Amiens Métropole ont ainsi fragilisé le Cirque Jules Verne mais c’est surtout le manque d’autonomie et la mainmise des élus d’Amiens Métropole qui sont soulignés par le rapport de la Cour des comptes: « il importe que l’établissement acquière son indépendance et rompe avec le fonctionnement actuel, comparable à celui d’une régie, au sein duquel le directeur du cirque ne peut que partiellement exercer ses prérogatives d’ordonnateur. »

Interrogé sur un éventuel changement de cap concernant la politique culturelle d’Amiens Métropole notamment vis-à-vis du Cirque Jules Verne, Alain Gest nous a précisé qu’il n’avait rien à déclarer à ce sujet : « je réserve aux administrateurs du cirque la présentation des politiques d’Amiens Métropole s’agissant de la gestion de cet établissement public culturel » Un manque de communication et une gestion politique opaque souvent évoqués en interne. 

L’avenir de l’école menacé ?

Face à cette gestion opaque, la direction de l’école a interpellé en fin d’année, la Fédération française des écoles du Cirque « à propos du financement de la structure ». Une interpellation qui a poussé la fédération à s’interroger sur « la pérennité du projet de l’école de cirque » écrivait le 14 décembre dernier, le président de la FFEC, Florent Fodella à Pierre Savreux, vice-président à la Culture d’Amiens Métropole.

Chargée d’attribuer un agrément qualité « Centre de Formation », la fédération a ainsi annoncé la réalisation d’un second audit, le 16 janvier prochain, alors que l’agrément de l’école arrive à échéance en 2023. « J’attire votre attention sur le fait que les conclusions de l’audit seront susceptibles, en fonction d’éventuels dysfonctionnements, de réinterroger l’attribution de vos agréments qualité délivrés par la FFEC » conclut Florent Fodella

Une occasion toute trouvée pour un éventuel changement de cap politique que redoutent agents et étudiants qui ignorent encore le sort qui sera réservé à l’école du Cirque Jules Verne. Un rendez-vous entre Pierre Savreux et la direction de l’école est prévu ce lundi 9 janvier afin de tenter de clarifier la situation. 

DT