Pendant neuf mois à raison de deux jours par mois, cinquante policiers vont suivre un Diplôme Universitaire de sociologie consacré au lien « police-population. » Une formation unique en France dispensée à Amiens par l’Université de Picardie et imaginée il y a deux ans.

Photo d’illustration. © DR

Ils sont commissaires, gardiens de la paix, commandants, brigadiers ou capitaines et retournent le temps d’une année universitaire sur les bancs de la faculté de sociologie d’Amiens. Les 50 policiers sélectionnés parmi quelque 200 candidatures se sont engagés dans une formation d’un an. À raison de deux jours par mois, à Amiens, les étudiants-policiers suivront 120 heures de cours données en présentiel et assurées par 23 sociologues issus de l’Université de Picardie, du CNRS, de l’Université Paris Nanterre ou entre autres de l’École Normale Supérieure.

Au fil des mois et des interventions, les gardiens de la paix, gradés, commissaires et officiers vont se familiariser aux travaux de sociologie de la police, à la sociologie des activités policières, aux liens entre médias et police, à la sociologie de la déviance ou bien encore à la sociologie politique. Une formation permettant de prendre du recul sur les pratiques de ces fonctionnaires au niveau de formation initiale très inégal. La validation de leur diplôme dépendra également de la rédaction d’un mémoire sur un sujet libre.

« Donner la possibilité aux policiers de se considérer d’abord comme des êtres sociaux »

Ce programme, très dense, construit par Elodie Lemaire, a été pensé avec les intervenants au sein de la formation et avec Mathieu Fiolet, docteur en sociologie, chargé d’études et de valorisation de la recherche à la sous-direction du développement des compétences de la Direction centrale du recrutement et de la formation de la police nationale (DCRFPN), rappelle l’Université de Picardie.

« L’idée de faire intervenir des sociologues dans le milieu de la police, notamment dans des écoles ou dans des colloques ouverts aux professionnels de la police nationale, n’est pas nouvelle. En revanche, la création d’un diplôme universitaire pour faire le pont entre la police et les sciences sociales est une grande première, précise Elodie Lemaire, maîtresse de conférences à l’Université de Picardie, chercheure au Centre Universitaire de Recherches sur l’Action Publique et le Politique Épistémologie & Sciences Sociales (CURAPP-ESS) et responsable pédagogique de ce nouveau Diplôme Universitaire.

« Avec Mathieu, nous formons un binôme à l’initiative du DU, qui est une vraie force : il nous permet de confronter directement le contenu envisagé des enseignements universitaires aux attentes réelles des policiers et ce qui constitue le vécu quotidien des policiers, conclut Elodie Lemaire. L’ambition, elle, ne change pas : nous souhaitons, avec l’ensemble de l’équipe pédagogique associée à ce DU « police-population » proposé par l’UPJV (Université Picardie Jules Verne), donner la possibilité aux policiers de se considérer d’abord comme des êtres sociaux. »