Depuis un mois, la Coordination des Intermittents et Précaires de la Somme, occupe le cirque Jules Verne à Amiens. Cette occupation fait suite au sort réservé aux acteurs de la culture ces derniers mois mais c’est surtout contre la réforme de l’assurance chômage qui touche tous « les intermittents de l’emploi » que le collectif se bat.

Depuis plus d’un mois, le Cirque Jules Verne est occupé par un collectif d’intermittents et de précaires.

Comme dans plus de 100 autres lieux culturels en France, le Cirque Jules Verne est occupé par les intermittent-es. Pour Elise Brantrand, technicienne du spectacle, le coup est dur à accepter après une année blanche qui devrait s’achever au 31 aout: « Quand on veut faire fonctionner la planche à billets, elle fonctionne bien […] Par contre dans une période où les plus précaires sont privés d’emploi, le gouvernement décide d’économiser 2,3 milliards d’euros sur le dos des chômeurs et des plus précaires de ceux-ci » résume t-elle.

Le décret publié le 31 mars met en œuvre la réforme de l’assurance chômage à compter du 1er juillet 2021. L’UNEDIC, qui gère l’assurance chômage en France, a mis en ligne, quelques jours après la publication du décret, une étude d’impact de la réforme.

Le document indique:« 1,15 million d’allocataires ouvriront un droit avec une allocation journalière plus faible (de 17% en moyenne) qu’avec les règles en vigueur jusqu’alors, tandis que la durée théorique d’indemnisation s’établirait à 14 mois en moyenne, contre 11 mois avec les règles d’avant réforme« 

Et les jeunes seraient également très impactés par cette réforme, selon l’organisme. Pour Miguel Acoulon, technicien du spectacle et occupant le cirque Jules Verne la situation parait vraiment contradictoire: « Il y a un paradoxe à ce que l’on prenne de plein fouet cette pandémie, et donc qu’on soit empêché de travailler, et de faire passer maintenant en force cette réforme »

Miguel Acoulon et Elise Brantrand sont technicien-nes de spectacle, secteur fortement touché par la fermeture des lieux culturels.

Miguel et Elise font partie des professionnel-les les plus touchés par la fermeture des lieux culturels, mais comme d’autres « intermittents de l’emploi », qui alternent entre contrats courts et périodes de chômage, ils seront également touchés par cette réforme et c’est une volonté affichée du gouvernement.

Le Monde rapporte qu’Elisabeth Borne, ministre du Travail, « demeure convaincue qu’« il est légitime » de changer les règles. Il s’agit, selon elle, de « mettre fin à des iniquités entre demandeurs d’emploi et de répondre à une urgence : la prolifération des contrats courts » » L’instauration d’un malus-bonus pour les entreprises ayant recours à ce type de contrats ou la création d’un plancher pour les allocataires sont autant de points qui permettraient, selon le gouvernement, de freiner la prolifération des contrats courts. Ils sont pourtant déjà bien stimulés depuis la réforme du code travail et des lois travail successives et instaurées par ce même gouvernement.

Pour les intermittent-es qui demandent la suppression de cette réforme, l’heure n’est pas à la trêve. Les occupant-es qui organisent des permanences quotidiennes au Cirque, n’ont pas l’intention de quitter les lieux sans avoir reçu un signe d’écoute.