La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili était présente à Amiens du 20 au 22 janvier pour une dizaine de réunions informelles entre les ministres européens de l’écologie et de l’énergie. Des rassemblements propres à chaque ministère et qui se tiennent dans différentes régions françaises dans le cadre de la Présidence de la France au conseil de l’Union Européenne (PFUE).
Ce samedi, au terme des rencontres, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Amiens pour dénoncer l’inaction climatique du gouvernement. Sur place de nombreux militant-es et politiques parmi quelque 300 à 500 personnes. Le député européen Pierre Larrouturou, le député de la Somme François Ruffin mais aussi les porte-paroles de Yannick Jadot étaient présents.
La marche organisée par plusieurs associations amiénoises dont XR Amiens, Alternatiba ou bien encore Citoyens pour le climat fait suite aux rassemblements des ministres européens.
Alors que Barbara Pompili et Emmanuel Macron ont été désignés « Boulets du climat » par Greenpeace en 2020 l’une pour les néonicotinoïdes l’autre pour « l’ensemble de son inaction » , Amiens a été pendant ces trois petits jours « la capitale européenne de l’écologie ». Une démonstration qui intervient à quelques mois de l’élection présidentielle mais surtout des élections législatives et qui n’a pas manqué de faire réagir l’opposition tout en désintéressant un tantinet la population.
🌍✊ Une #MarcheClimat pour rappeler aux ministres de l’#Écologie de toute l’#UE réunis à #Amiens que nous, citoyens, ne voulons plus de promesses sans actes, du en même temps et du court-terme. Des feuilles de routes ambitieuses et #AllonsY à grands pas! 🏃♀️#climat #PFUE2022 pic.twitter.com/uJr0Z6hrWJ
— William Aucant (@WilliamAucant) January 22, 2022
« Il y a une certaine déception, lorsque l’on s’est réuni lors de la Convention climat, nous attendions des actions précises du gouvernement. Cela n’a pas été le cas, c’est l’écologie des petits pas » , explique William Aucant, membre de la Convention citoyenne pour le climat et venu spécialement à Amiens pour manifester. Pour cet élu citoyen au conseil régional des Pays de la Loire, c’est certain, « Il n’y aura pas de progrès sans choc des consciences. Il faut montrer aux gens, les réunir pour en parler […] Lors de la Convention, en sortant, on a pris une baffe, on voulait tout de suite agir mais on a été très déçu de l’application par le gouvernement. »
La Convention pour le climat qui a réuni plus de 150 personnes devait servir de point de départ à l’élaboration de la loi Climat et Résilience, une loi vidée de son sens selon la convention qui n’a pas hésité, en 2021, à attribuer une note de 3,3/10 au gouvernement pour sa loi Climat.
« La France n’a pas atteint ses engagements climatiques. Passer de 11 tonnes de CO2 à 2 tonnes d’ici 2050 c’est infaisable dans l’état actuel des choses. »
Pourtant pour respecter l’Accord de Paris signé en 2016 mais aussi les préconisations formulées par la Convention citoyenne pour le climat, il est urgent de réduire l’emprunte carbone qui représente aujourd’hui entre 10 et 11 tonnes de CO2 par an et par habitant-e.
« L’objectif est d’atteindre les 2tonnes de CO2e par an et par personne car c’est la quantité de gaz à effet de serre possible dans un monde neutre en CO2 et permettant de maintenir l’augmentation de la température mondiale à un niveau inférieur à 2 degrés » , précisent plusieurs collectifs.
Des revendications qui ont émaillé la manifestation amiénoise préoccupée également par la biodiversité et le jour du dépassement de la Terre, journée qui intervient de plus en plus tôt dans l’année et qui correspond au jour où la Terre a épuisé la totalité des ressources énergétiques qu’elle peut produire en une année.
Nous sommes à terre à Amiens en mémoire de toutes les espèces vivantes disparues de nos territoires. #DieIn
Nous sommes dans la décennie critique. Face à l’effondrement de la biodiversité, on ne peut se permettre de perdre 5 ans de plus. #PrimairePopulaire pic.twitter.com/cx6Clr8U4l
— Pierre Larrouturou (@larrouturou) January 22, 2022
La disparition de certaines espèces animales et de la biodiversité a fait l’objet d’une action spécifique en fin de mobilisation, alors que de nombreux scientifiques alertent sur l’extinction des espèces vivantes, d’autres n’hésitent plus à acter le début de la 6e extinction de masse. Autant de points trop souvent absents des choix en matière de politique environnementale européenne selon les manifestant-es qui défilaient ce samedi en espérant, à quelques mois de l’élection présidentielle, un sursaut démocratique et écologique.