La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili était ce weekend à Amiens aux côtés du Premier ministre et de la ministre déléguée au logement pour visiter le site industriel Cosserat, à l’ouest de l’agglomération.

Lors de sa visite, censée vanter la politique de requalification des friches industrielles, la ministre n’a pas hésité à pointer du doigt un autre projet porté par Amiens Métropole aux antipodes de sa vision de la transition écologique. Pour Barbara Pompili, la ZAC Boréalia qui induit l’artificialisation de 62 puis, éventuellement de 195 hectares, pour la construction d’une zone d’activités, est un projet dépassé.

Jean Castex, Premier ministre, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au logement, en visite à Amiens ce samedi 8 janvier 2022, sur le site industriel Cosserat requalifié pour la création de nouveaux logements. © BP Twitter

Projet de longue date, la ZAC Boréalia présentée en mars dernier par Amiens Métropole, devrait être ouverte à la commercialisation dès 2023. Cette zone d’activités va provoquer dans un premier temps l’artificialisation de 62 hectares de terres agricoles pour la création d’emplois majoritairement liés à la logistique, peu qualifiés et sans perspectives d’évolution.

Un projet complétement hors sol pour nombreux élus d’opposition mais aussi pour la ministre de l’écologie elle-même. Elle déclarait ce samedi, à France 3 Picardie, rediscuter du projet avec Alain Gest, président (LR) d’Amiens Métropole qui a immédiatement démenti.

Avec Boréalia, on est sur un modèle complètement dépassé. On a sur le territoire de la métropole d’Amiens suffisamment d’espace pour construire des entreprises et des logements sans être obligé d’aller artificialiser.

On travaille avec la collectivité pour qu’elle revoit son projet.

La création de la ZAC Boréalia, près de Renancourt, va provoquer l’artificialisation de plus de 62 hectares.

Le président d’Amiens Métropole a vivement réagi et a fermé la porte à d’éventuelles discussions autour du projet, rappelant à France 3 Picardie, le manque de place dans l’agglomération pour attirer de nouvelles entreprises. Une course effrénée au km² se faisant au détriment de la qualité des emplois proposés.

Un projet loin de faire l’unanimité 

Le député de la Somme, François Ruffin mais aussi d’autres élu-es d’opposition d’Amiens Métropole et du Conseil Régional des Hauts-de-France étaient présent-es pour dénoncer un non-sens écologique mais aussi social.

En effet comme le rapporte France 3 Picardie en citant un rapport gouvernemental, la croissance de l’emploi dans le commerce direct diminue dans les secteurs où le commerce en ligne se développe, une évidence bien visible sur le territoire et dans le centre-ville où de grandes enseignes hésitent aujourd’hui à s’installer provoquant la désertification des centres urbains.

La création de la ZAC Boréalia, de plus en plus décriée, apparait comme une menace pour les terres agricoles mais aussi pour la diversité des emplois dans le bassin amiénois. Riverains et élus ont tenté d’approcher le cortège ministériel pour dénoncer un projet « bidon sur le plan de l’emploi » et au pouvoir de nuisance démesuré d’après un habitant de Renancourt : « Après ce qu’on n’explique pas [aux habitants] c’est qu’il va y avoir 5500 camions qui vont passer tous les jours à côté de chez eux. 

Après, toujours Alain Gest, il est bien content, il nous dit « c’est juste à côté de l’autoroute, les camions ne vont pas rentrer dans la ville » mais nous on habite là, on fait partie de la ville d’Amiens aussi!

La visite ministérielle supposée acter les bienfaits de la politique de requalification des fiches industrielles s’est traduite par l’annonce d’une participation à hauteur de 300 000 euros de l’Etat dans le cadre du dispositif France Relance.

Jean Castex a profité de sa présence à Amiens pour promouvoir France Relance qui facilite l’équilibre des opérations immobilières sur des emprises déjà artificialisées : le fonds Friches. Bénéficiaire de ce dispositif, l’ancienne manufacture amiénoise fait partie des 21 lauréats de la seconde vague d’appels à projets pilotée par l’Agence de la transition écologique (Ademe).  Les sites concernés totalisent 77 hectares et bénéficient de 18 millions d’euros, explique Le Moniteur.