« C’est la première fois que nous mettons en place une programmation pluriannuelle d’investissement pour remplacer la flotte de nos bus thermiques » expliquait ce jeudi soir Jean-Claude Renaux maire PCF de Camon et Vice-président aux Transports d’Amiens Métropole.
Malgré le désarroi des usagers, l’agglomération persiste dans le rachat de 50 bus supplémentaires d’ici 2026, 37 rouleront au biogaz et 13 à l’électricité. Mais face au fiasco des bus électriques qui tombent régulièrement en panne, Amiens Métropole acquiert discrètement à Ile-de-France Mobilités des bus d’occasion roulant au diesel; Renaud Deschamps (DVD) dénonce des choix hasardeux.
« Certains bus arrivent plus qu’en limite d’âge nécessitant un remplacement dans les délais les plus brefs » détaillait Jean-Claude Renaux face à une nouvelle autorisation de programme pour renouveler la flotte des bus amiénois. La programmation d’investissement devrait permettre l’achat de 37 bus roulant au Gaz Naturel pour les Véhicules et 13 à l’électricité alors que le réseau de bus électrique actuel (changé en 2019) dysfonctionne régulièrement et n’assure pas son rôle. Une annonce lors du conseil d’agglomération ce jeudi 30 juin qui n’a pas manqué de faire réagir l’opposition s’interrogeant sur la cohérence des choix du président, Alain Gest.
Des bus diesel à 13 000€ en attendant
« Nous avons appris en commission que pour pallier la défection régulière des bus sur le réseau vous avez acquis à IDF Mobilités des bus que vous avez donc acheté d’occasion » une démarche louable pour Renaud Deshamps (DVD) qui s’interroge toutefois sur le signal donné en rachetant des bus diesel juste avant d’importants investissements dans des bus moins polluant, du gâchis selon lui.
« Normalement ce sont les pays du tiers monde qui acquièrent des bus de seconde ou troisième main à des collectivités, l’image n’est pas très bonne »
Renaud Deschamps (DVD), élu Amiens au coeur, ce 30 juin, au sujet du discret rachat de bus diesel face au fiasco des transports publics amiénois
On n’achète pas des bus d’occasion pour qu’ils durent encore quinze ans!
Jean-Claude Renaux (PCF) au sujet de l’achat précipité de bus diesel à la place des bus électriques
« Ce sont des bus qui ont une dizaine d’années, a tenté de justifier Jean-Claude Renaux. Ces bus sont prioritairement là pour venir en renfort aux bus très anciens fortement sollicités à cause des pannes du BHNS, des bus qui sont sur des circuits de proximité qui ne peuvent pas être assurés par les bus électriques » avant d’assurer que la « préoccupation (d’Amiens Métropole) c’est de fiabiliser le réseau« .
Des investissements de plus en plus flous assumés
« J’ajoute que ces bus là sont achetés 13 000 euros et […] que les équipements seront récupérés » a rappelé de son côté Alain Gest avant d’évoquer la « progression du nombre de clients » signe de la forme du réseau.
Pourtant, l’arrivée du Bus à Haut Niveau de Service à Amiens à coûté plus de 130 millions d’euros sans remplir sa mission de transport public. Les différentes pannes qu’a connu le réseau et les difficultés pour réparer en Espagne les nouveaux bus électriques ont rallongé l’ardoise et accentué les difficultés pour les usagers. Toutefois, Alain Gest a assuré que tous les frais liés à la réparation des nouveaux bus électriques seraient pris en charge par Irizar fustigeant là le « budget fantaisiste avancé par certains« .
Mais depuis leur mise en service, la quarantaine de bus électriques de l’agglomération a rarement pu fonctionner en même temps, forçant selon Alain Gest a trouvé d’autres solutions momentanées. Faisant par d’une « déception » face au nouveau réseau dont il se serait bien passé, l’élu a laissé la parole à Pascal Rifflart (LREM), à l’époque en charge du dossier transport: « on peut reprocher un tas de choses à ce réseau de bus qui continue à transporter des gens et beaucoup de gens » a difficilement justifié l’élu macroniste avant de rappeler à Renaud Deschamps, adjoint dans la majorité municipale à l’époque où elle a choisi le déploiement du bus plutôt que du tramway : »il faut un tout petit peu d’humilité et un tout petit peu de conscience d’élu parce que finalement parfois on s’expose pour des politiques publiques qui sont dans notre ADN ! Mais encore une fois, on assume totalement. »
A titre de comparaison, le tramway de Caen lancé la même année que les bus électriques amiénois a coûté 260 millions d’euros aux collectivités , un budget de plus en plus proche pour un service incomparable.