Vendredi 27 octobre, en marge d’un événement organisé au centre social d’Etouvie, deux salariés auraient été pris à partie par un groupe de jeunes. L’altercation n’a aucun lien avec l’événement font savoir les organisateurs qui tiennent à éviter tout commentaire conduisant à des amalgames dommageables pour les salariés et les habitants du quartier. Le centre social sera fermé ce lundi, une partie des salariés a fait valoir son droit de retrait qui pourrait couvrir la semaine.

En marge d’un événement organisé au CSC d’Etouvie ce vendredi, une violente altercation aurait eu lieu entre des salariés et des jeunes de ce quartier prioritaire d’Amiens. Une partie des salariés du centre social a exercé son droit de retrait.

« Plus de 200 habitant-es du quartier, principalement des jeunes, ont participé à l’événement. Nombreux et nombreuses étaient les jeunes qui ont participé bénévolement à l’événement, consacré aux menstruations et au fonctionnement du corps féminin dans l’ambiance d’Halloween. Un tel succès montre que de tels événements trouvent leur public, et que les habitant-es sont demandeur-euses » fait savoir dans un communiqué le Planning familial de la Somme, partenaire de « Ça va saigner » qui s’est tenu ce vendredi.

« L’événement a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par les habitant-es d’Étouvie, qui ont participé massivement tout au long de la journée. Ce succès est assombri par l’annulation de la soirée. La direction du CSC a en effet pris la décision d’annuler la soirée en raison de menaces qui pesaient sur les personnels et les locaux. »

Une communication délétère des élu-es

Dans l’après-midi, ce vendredi, l’une des salariés aurait demandé à un jeune en possession de drogue -et avec la volonté d’en vendre -de s’éloigner du centre social et aurait précisé que ses parents seraient informés. Le jeune, vexé, serait revenu avec d’autres personnes et le ton serait monté entre les deux partis. Suite à l’incident, « l’équipe du CSC applique effectivement son droit de retrait » nous confie l’une des coordinatrices de l’évènement qui a du être écourté aux alentours de 17h00. Malgré tout, « l’événement a connu un véritable succès et c’est une réussite. Les incidents sont indépendants et nous n’en avons pas été les témoins directs » rappelle t-elle.

L’incident a été vaguement rapporté sur les réseaux sociaux par Laurent Beuvain, conseiller départemental communiste dans le canton d’Etouvie qui n’était pas présent au moment des faits. « Immédiatement nous avons joint Madame le Maire d’Amiens et Monsieur le Préfet afin que la sécurité des personnels, des enfants, des bénévoles, des familles et du CSC soit assurée par l’envoie sur place des moyens humains et matériels nécessaires » a t-il déclaré, éructant un flot de paroles au sujet d’un quartier qu’il perçoit comme « un village du monde« , entre le besoin d’une police de proximité maintes fois réitéré mais qui n’a pourtant jamais montré son efficacité face aux « délinquants » et aux « dealers » et « la tranquillité de droit des habitants d’Étouvie » qui doit leur être garantie.

Contactés, l’adjoint de secteur et la municipalité se sont refusés dans un premier temps à tout commentaire direct « la sécurité publique relevant de l’Etat nous renvoyons les médias vers la Préfecture ou la Police nationale » a fait savoir le cabinet de la maire UDI Brigitte Fouré qui s’est dit finalement « très choquée de ce qui s’est passé. Ce qui me parait étonnant, c’est que personne n’a déposé plainte. La police a été informée par personne interposée, dès que j’ai su ce qui se passait, j’ai interpellé le préfet. J’étais choquée que du deal ait lieu dans des établissements dédiés aux jeunes, il faut vraiment que le nécessaire soit fait. La question du trafic de drogue est un vrai souci, il y en a trop dans nos villes, bien au-delà d’Amiens. La police nationale fait un gros travail là-dessus, une affaire a abouti cette semaine à Amiens et j’en étais contente, il faut des coups de filets réguliers. Mais cela prend du temps, de démanteler ces trafics. »

« Il y a un amalgame, ou une volonté de faire le buzz par une certaine presse que nous ne voulons plus subir »

« Il y a un amalgame, ou une volonté de faire le buzz par une certaine presse que nous ne voulons plus subir […] Nous ne souhaitons pas faire de « commérages » […] nous soutenons et continuerons de soutenir les salariés, les adhérents et les bénévoles qui s’investissent quotidiennement auprès de la population d’Etouvie. Ce sont dans de telles circonstances que les actions, comme [celle de vendredi], montrent leur réelle nécessité et tout leur sens et doivent surtout se maintenir et de développer » fait savoir l’un des partenaires de l’événement. Pour l’heure, le personnel du CSC d’Etouvie n’a pas souhaité réagir. Ce samedi, un communiqué était en préparation.

Un manque de travailleurs sociaux pour restaurer la sérénité dans le quartier

De son côté, le Planning familial de la Somme « appelle les pouvoirs publics à réagir rapidement en consacrant les moyens nécessaires à la restauration de la sérénité dans le quartier. Cela passe notamment par des renforcements en termes de recrutement et déploiement de travailleurs et travailleuses sociaux et de présence plus importante des services publics.

« Nous n’avons jamais suffisamment de travailleurs sociaux,  je l’entends, concède Brigitte Fouré auprès de France 3 PicardieMais nous avons développé des médiateurs sociaux. Ce qui compte aussi, c’est que les habitants réagissent quand il se passe quelque chose, saisissent la police et la mairie pour que l’on puisse intervenir très vite. […] ce quartier n’est pas du tout abandonné, les pouvoirs publics mettent beaucoup d’argent, nous sommes en train de conforter la mairie de quartier et de travailler avec le département pour la création d’un pôle. Nous sommes en train de voir pour reconstruire la salle de boxe, poursuivre la reconstruction de la médiathèque, le conseil départemental va rénover le collège, donc beaucoup de choses se font. Pour la santé, un projet privé de maison de santé va se monter sur le parking des coursives, les gens ne le voient pas encore et je comprends leur attente. Pour les habitants, les choses ne vont jamais assez vite et c’est bien normal. »

Suite à l’incident de ce vendredi, le centre social reste fermé ce lundi 30 octobre et une partie des salariés a fait valoir son droit de retrait qui pourrait couvrir toute la semaine.

DT