Le 27 décembre, Bogdan, un sans-abri de 37 ans, trouvait la mort. Bien connu des amiénois, son décès à provoqué un élan de générosité qui a permis de financer son inhumation au cimetière St Pierre, ce lundi 9 janvier. Une solidarité qui tranche et nous rappelle avec force l’inhumanité du conseiller municipal d’opposition, Renaud Deschamps (SE/DVD).

En octobre dernier, l’élu amiénois diffusait des photographies de sans-abri dénudés, avinés, urinant, vomissant ou en totale souffrance sur ses réseaux sociaux pour montrer « l’insécurité » grandissante dans l’agglomération.

Un geste qui avait suscité l’indignation de certains élu-es et habitant-es et dont la lecture, face à la solidarité des amiénois suite à la mort de Bogdan, diffère aujourd’hui.

Renaud Deschamps (SE/DVD), conseiller municipal d’opposition, a publié plusieurs fois sur ses réseaux sociaux des photos de sans-abri jugées dégradantes et qui ont suscité l’indignation.

C’est l’association Maraudes citoyennes amiénoises qui a annoncé le décès de Bogdan, un sans-abri vivant à Amiens depuis une dizaine d’années. La structure associative avait relayé la création d’une cagnotte afin de financer ses obsèques et elle a pu ainsi récolter 4 685€ grâce à la contribution de 242 personnes.

Un véritable élan de solidarité pour le sans-abri d’origines polonaises, mort à l’hôpital de Maubeuge: « Né en Pologne, Bogdan a perdu sa famille dès son plus jeune âge, avant de partir pour un voyage solitaire en France. Il a alors vécu dans plusieurs villes du pays, de petits boulots et de mendicité, puis s’est posé à Amiens. Bogdan faisait partie intégrante du paysage amiénois depuis plus de 10 ans. C’est ici que nous l’avons rencontré, sans imaginer l’impact que cette rencontre aurait sur nos vies », écrivaient Léa, Marta et Tomasz, membres de l’association.

Bogdan, un sans-abri amiénois de 37 ans décédé fin décembre, a pu être inhumé grâce à la solidarité des habitants. Photo DR

Bogdan a pu être rapatrié à Amiens et inhumé au cimetière St-Pierre ce 9 janvier: « L’argent récolté a permis le financement de l’inhumation, mais aussi d’un monument funéraire qui sera installé dans quelques mois. C’est une victoire qui n’aurait pas été possible sans chacune des participations. Nous tenons à vous remercier pour votre soutien et votre générosité » précisaient il y a quelques jours les trois bénévoles et ami-es du sans-abri. Un élan de générosité des amiénois-es qui tranche face au comportement de certains de leurs élus prêts à toutes les exploitations et réutilisations pour servir leur idéologie.

« Renaud Deschamps: Même sales, alcoolisés, ou camés, ils restent des êtres humains comme toi »

Pour illustrer « l’insécurité grandissante en ville » et le ras-le-bol de certains commerçants Renaud Deschamps (SE/DVD), conseiller municipal d’opposition à Amiens, publiait il y a quelques semaines des photos de sans-abri dénudés, en souffrance, vomissant ou urinant dans l’espace public.

Des publications humiliantes, dégradantes et répétées qui ont suscité l’indignation jusqu’en Conseil municipal. Hubert de Jenlis (LREM/Re) rappelait déjà le 22 septembre à Renaud Deschamps (SE/DVD) que son geste était « le comble de l’horreur » regrettant du « voyeurisme » et « une photo choquante. » Signe pour l’élu de la majorité que Renaud Deschamps connait mal « le sujet des personnes sans domicile fixe » croyant « qu’il suffit d’un coup de baguette magique pour que les problèmes soient réglés. »

L’élu de la majorité lui avait rappelé que ce « sujet qui touche la misère humaine était trop important pour faire [sa] publicité. » Une mise au point qui faisait suite à l’indignation mémorable d’un amiénois, Bernard Devendeville, sur les réseaux sociaux quelques jours auparavant: « Non, Renaud Deschamps, même maire, tu n’arriveras pas à empêcher les gens d’avoir envie de pisser ou de dormir. Pour toi, ça paraît simple… Au pire, tu rentres chez un commerçant avec un joli sourire qui voit le dentiste plusieurs fois dans l’année, tu lui claques la bise aux odeurs d’after-shave et au vu de ton joli nœud pap’ tu pourras aller jusqu’aux toilettes avec la bénédiction du patron. Par politesse, tu prendras un café le matin (ou un thé l’après-midi) en laissant même éventuellement un pourboire. »

Et de poursuivre: « Pour d’autres c’est moins évident. Même sales, alcoolisés, ou camés, ils restent des êtres humains comme toi équipés d’une vessie. Alors ils pissent. Contre un mur, une poubelle, parce qu’il faut parfois. Et qu’uriner légalement sur Amiens, c’est payant. Peut-être ont-ils plus besoin d’être accompagnés que d’être pris en photo et mis sur les réseaux sociaux ? Peut-être que le mec a planté un hamac, car on ne dort pas sur des cartons trempés par la pluie d’hier ? J’espère bien qu’en 2026, les Amiénois ne se feront pas prendre à ton jeu de vrai camé. Car c’est bien toi le drogué du centre-ville. Drogué en manque de pouvoir, à la recherche de visibilité et prêt à tout pour devenir calife à la place du calife. Et si tes amis s’offusquent de voir des SDF dans les centres-villes, qu’ils s’estiment heureux d’habiter le centre, quand d’autres espèrent juste un peu de pitié de ces gens riches qui achètent dans les magasins franchisés. Tu as bien compris la leçon : être maire n’est pas compliqué, nul besoin de défendre une cause, il suffit au contraire de s’offusquer de la moindre paille dans l’œil de la ville. Renaud Deschamps, j’ai peur de toi plus que de n’importe quel autre prétendant au titre. Tu transpires l’ambition, et jamais la compassion. »

Si les mots paraissaient incisifs en septembre, ils sont devenus en janvier bien moins rudes que la réalité. Bogdan laisse derrière lui un élan de solidarité et d’humanité face à la mort de ceux qui n’ont rien, rendant bien amers le traitement et les impasses politiques dans lesquelles se perdent les élus pour des vies qui ne votent pas.

 

 

DT