Ce jeudi soir, entre 100 et 300 locataires selon les organisateurs, se sont rassemblés salle des Provinces, à Etouvie, pour exiger le respect de la loi Finances 2023 qui prolonge le bouclier tarifaire jusqu’en juin. Le texte prévoit une augmentation maximale de 15%. Une disposition protégeant les particuliers et les professionnels contre la hausse du prix de l’énergie qui ne serait pas respectée par le bailleur social, la SIP.

Les locataires soudés ont décidé collectivement d’agir autour de Laurent Beuvain et Dolorès Esteban, conseillers départementaux communistes du canton, afin d’exiger le respect de la loi. Un conseil d’administration exceptionnel a été annoncé par Fany Ruin, la présidente de la SIP, le 27 février.

A Etouvie, ce jeudi soir, les locataires de la SIP ont décidé de s’aligner sur la loi Finances 2023. Ils paieront uniquement les 15% d’augmentation que garantit le bouclier tarifaire en vigueur jusqu’en juin.

La salle des Provinces était pleine à craquer ce jeudi soir. Les locataires de la SIP, rassemblés autour des communistes, protestent depuis plusieurs semaines contre une augmentation soudaine et brutale de leurs charges locatives. Ces augmentations des provisions sur charges qui dépasseraient dans certains cas les 100 euros mensuels contreviennent à la loi Finances 2023 qui a prolongé le bouclier tarifaire jusqu’en juin 2023.

Cette loi est censée garantir une « augmentation moyenne des factures de l’ordre de 25 euros par mois pour les ménages qui se chauffent au gaz. » Alors que « l’augmentation serait d’environ 200 euros par mois sans bouclier tarifaire » précise l’Etat qui rappelle sur son site que le bouclier tarifaire garantit une « augmentation moyenne de l’ordre de 20 euros par mois pour les ménages se chauffant à l’électricité, au lieu de 180 € sans bouclier tarifaire. » Des montants peu comparables avec ceux déclarés par les locataires de ce bailleur social à l’ouest d’Amiens.

Le combat des communistes soutenu par de nombreux élu-es de gauche

Dans la salle ce jeudi soir, les élus départementaux communistes rejoints par moult élu-es de gauche dont Zoé Desbureaux, conseillère municipale communiste d’opposition, ne désarment pas : « certaines familles vont avoir des loyers de 800 euros, c’est hallucinant! » nous glisse l’élue aux côtés de Léon Deffontaines, porte parole du communiste Fabien Roussel et collaborateur de Ian Brossat, présent ce jeudi pour soutenir la mobilisation des locataires et porter le combat sur la scène nationale dans les semaines à venir.

D’autres, à l’instar du conseiller départemental socialiste au nord d’Amiens, Frédéric Fauvet ou Guillemette Quiquempoix, conseillère départementale communiste dans l’est de l’agglomération, étaient présents aux côtés de Laurent Beuvain et Dolorès Esteban.

La parole se libère: les habitants déterminés à se faire respecter 

Mais parmi le public, les enfants toussent, les mines sont soucieuses et les locataires n’hésitent plus à dénoncer la vétusté de leur logement. Manque d’isolation, humidité, fenêtres qui ne ferment plus correctement; la liste est longue et l’augmentation des charges a fait rejaillir bien d’autres problèmes: ces logements sont des passoires thermiques qui gaspillent de l’énergie et dont le bailleur fait payer ses propres manquements en matière de rénovation. C’est la double-peine donc pour les habitants de ce quartier où le taux de chômage est de 52,7% dans certains secteurs d’après l’Agence Nationale pour la Cohésion des Territoires.

En 2014 pourtant, la SIP (Société Immobilière Picarde) avait commencé la rénovation de quelque 500 logements (sur les 12 037 gérés dans le département) en partenariat avec GRDF prévoyant de faire respecter les normes HQE (Haute Qualité Environnementale) qui introduisaient à l’époque une attention particulière au système de chauffage et à la qualité de l’air et à sa bonne circulation.

Ce jeudi 16 févier de nombreux locataires de la SIP, victimes d’une explosion des charges décidée par le bailleur, se sont rassemblés pour décider de la suite de la mobilisation menée par L.Beuvain et D.Esteban

Près de 10 ans plus tard, le constat est amer. « Humidité, enfants malades…là, on est à plus de 100 dossiers en quelques jours » explique Dolores Esteban. Les deux élus passent dans chaque habitation pour faire le point avec les locataires sur leur condition de logement.  Ainsi, près de 180 dossiers ont déjà été constitués d’après Laurent Beuvain. Un argument de plus pour les locataires frappés par une hausse brutale de leurs charges malgré le bouclier tarifaire toujours en vigueur.

Soudés, les quelque 200 à 400 locataires concernés ont décidé de ne pas payer en totalité les provisions sur charges demandées par le bailleur : « Les provisions demeurent des prévisions et nous ne comprenons pas de telles simulations si nous nous référons à la loi finance 2023 numéro 2022-1726 du 30 décembre 2022 » écrit le collectif dans une lettre adressée au directeur de la SIP, Alain Herreng. « Vous comprendrez que nous nous refusons à payer les charges disproportionnées au regard des lois votées par l’Assemblée nationale qui encadrent les hausse des tarifs des énergies […] nous vous invitons à corriger les montants des provisions des charges évoquées […]. »

Conscient de la lourdeur de cette augmentation pour les familles, Laurent Beuvain craint que cette hausse -même si elle respecte le bouclier tarifaire- nuise aux familles déjà dans la difficulté dans un contexte inflationniste. Pour l’élu, la SIP doit participer par « la mobilisation de (ses) ressources financières afin d’alléger encore (les) quittances révisées et d’étaler les règlements sur plusieurs exercices comme la loi Alur l’y autorise. » Le conseiller départemental n’en démord pas, les locataires ont le droit de connaître « les raisons de l’augmentation importante des provisions des charges générales« , une disposition légale qui oblige effectivement le bailleur à justifier de toute augmentation.

Sollicité le directeur de la SIP n’a pour l’heure pas donné suite aux revendications des locataires. Le 27 février un conseil d’administration exceptionnel est prévu pour statuer sur la situation. 

 

 

 

DT