Dans un article du 6 janvier 2022 nous évoquions la victoire de l’association Véloxygène face à Amiens Métropole officialisée par le Conseil d’Etat fin décembre concernant l’aménagement cyclable de la rue St-Fuscien et de la chaussée Jules Ferry, à Amiens. Plusieurs lecteurs et lectrices résidant dans la rue, nous ont indiqué leur désaccord avec notre article qui présentait la rue St-Fuscien comme une rue aux maisons cossues et aux jardins arborés.


Bien loin du jugement de valeur, nous soulignions cette caractéristique de la rue en nous appuyant sur le cadastre et la catégorie socio-professionnelle des habitants pour montrer que d’autres solutions pouvaient être envisagées, réfléchies ou tout au moins questionnées. Pour illustrer l’évolution de l’aménagement de la rue depuis une quinzaine d’années, nous avons utilisé des photographies d’archives Google Maps qui permettent de voir un lieu à différentes époques. Ces photographies sont aléatoires et ne font pas l’objet d’un calcul mal intentionné de notre part mais appellent évidemment à réagir.

Nous publions les témoignages de ces riveraines qui soulignent les problèmes rencontrés dans l’aménagement de cette portion de rue, très fréquentée et aux usages variés.

Fin 2021, le Conseil d’Etat a rejeté les pourvois d’Amiens Métropole qui contestait la décision de la Cour d’appel administrative de Douai concernant l’aménagement cyclable des rues St Fuscien et Jules Ferry, donnant raison à l’association Véloxygène.

« Pratiquant les déplacements à vélo, je me réjouis de la récente décision en faveur des aménagements cyclables, toutefois, le cas de cette portion de rue est loin d’être aussi simple que vous semblez le suggérer, depuis 35 ans dans cette rue, il y a toujours eu de nombreux véhicules en stationnement car il n’y a pas que de grandes propriétés mais aussi un paquet d’utilisateurs (professions libérales, maisons sans accès, artisans en tout genre et à présent une grosse agence Caisse d’Epargne).

Votre photo de 2014 n’est pas très honnête car elle montre le côté stationnement interdit. Si vous êtes en manque de photos, je peux vous en fournir d’avant les travaux avec un tas de véhicules en stationnement anarchique.

« De nombreux riverains qui n’en peuvent plus de la circulation délirante, de la vitesse, de la pollution, verraient assez bien un sens unique pour cette portion de rue. »

Lillie F., une riveraine.

« Les patients de l’ophtalmologue occupent toute la journée les places, ce sont souvent des personnes âgées, et quand bien même, car même en marchant ils ne pourront se garer nulle part,

Ces personnes viennent souvent de l’extérieur, dans l’idéal elles pourraient se garer en entrée de rue sur un parking relai et prendre un bus mais cette solution n’existe pas.

Il n’y a pas beaucoup de maisons privées de garages ou d’accès, si mes souvenirs sont bons il y en en a 11, dont certaines divisées pour plusieurs familles. Dans mon environnement proche, 3 sont habitées pas des septuagénaires et octogénaires qui ne pourront donc plus se garer le temps de décharger leurs véhicules des indispensables courses ou de tout objet lourd.

C’est quoi le but, les faire partir en maison de retraite, raser les maisons et laisser la place aux promoteurs ?

Isabelle V., une habitante de la rue st-Fuscien

Comment feront les nombreux artisans garés dans cette rue tout au long de l’année ? Il n’y aura aucun autre choix que le trottoir ou la piste cyclable pour ces véhicules qui contiennent le matériel pour un chantier, obstruer le trottoir ou une piste cyclable n’est pas acceptable.

Je rêve de voir une diminution de la circulation automobile et son remplacement par des solutions alternatives, je ne rate jamais une occasion d’essayer d’inciter les ami.e.s de mon âge à moins utiliser la voiture pour un oui pour un non (j’ai assez peu de succès), quant à moi, je ne la sors que si c’est indispensable et surtout pas pour aller en ville.

Comme je vous l’ai dit, on ne peut pas (ré) aménager une rue sans tenir compte de l’ensemble du contexte et même si une évolution écologique est plus que souhaitable, il faut commencer en amont avant d’adopter des solutions punitives pour les riverains et les usagers.

Pensez vous qu’il soit satisfaisant de créer une piste cyclable qui pourrait encourager la conduite des enfants à l’école à vélo au milieu de 14 000 véhicules journaliers + les nombreux bus diesel ? »

 

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