Ce vendredi 12 mars, Corinne Masiero a marqué les esprits en se dévêtant devant toute l’assemblée de la 46e cérémonie des César 2021. Entièrement nue, on pouvait lire sur les seins de la comédienne « no culture, no future« , et sur son dos un message adressé au Premier ministre Jean Castex:

« Rends nous l’art, Jean. »

Quelques heures plus tôt, l’actrice foulait le tapis rouge des César en arborant un gilet jaune, l’après-midi même, elle se trouvait à l’Odéon à Paris pour y soutenir le mouvement d’occupation des théâtres. Le mouvement veut faire pression sur le gouvernement pour obtenir la réouverture des lieux culturels, fermés depuis le 30 octobre 2020.

Fermeture largement contestée par l’ensemble des acteurs de la culture. Marina Foïs, maitresse de cérémonie, a rappelé les décisions du gouvernement qui choisit de fermer les lieux culturels et de maintenir les lieux de cultes ou les grandes surfaces ouvertes.

“Comme (le Covid, ndlr) ça tue surtout les vieux, on a enfermé les jeunes, fermé les cinémas, les théâtres, les musées et interdit les concerts pour ouvrir les églises parce qu’on est un pays laïc. Pour que les vieux qui ont eu le droit de sortir de l’Ephad à Noël aillent à la messe”

 

L’entrée de Marina Foïs annonçait d’emblée une cérémonie très politique. Les interventions de Jeanne Balibar, contre la réforme de l’assurance chômage et le manque de grands rôles féminins au cinéma, ou celle de Jean Pascal Zadi, rendant hommage à Adama Traoré en sont d’autant plus marquantes.

Rendre visible

Les artistes manifestent très largement leur mécontentement face au gouvernement qui les assigne à résidence. Certaines structures tentent d’être inventives pour résister et vont jusqu’à se délocaliser dans les établissements scolaires où les risques ont été décrétés implicitement, sans calculs ni mesures, moins importants. De quoi ajouter de la confusion à une situation d’ores et déjà incompréhensible pour les artistes et le public.


Le buzz médiatique provoqué par Corinne Masiero et Marina Foïs a permis de rendre plus visible les conditions des intermittents du spectacle et des travailleurs précaires ébranlés par la fermeture des lieux culturels. Dans certaines villes de France, plusieurs occupations d’établissements ont eu lieu.

A Amiens, ce vendredi 12 mars, le Cirque Jules Verne a été occupé par une trentaine de personnes de la coordination des intermittents et précaires de Picardie (CIP). Ils se sont rassemblés à partir de ce vendredi après-midi dans les coursives du Cirque. Une manifestation rassemblant un peu moins de 200 personnes exigeant la réouverture des lieux culturels, a eu lieu dans la matinée, ce samedi 13 mars. Des rassemblements et occupations similaires se sont tenus à Lille ou à Toulouse.