Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé sous le dernier mandat de Jacques Chirac, est au cœur du chapitre 35 de l’enquête de Victor Castanet, Les Fossoyeurs. Trois années d’enquête pour mettre en lumière la maltraitance dans les établissements du leader mondial, Orpea.

Lors de la séance plénière du conseil régional des Hauts-de-France, ce jeudi 27 janvier, Xavier Bertrand s’est expliqué à la demande de Benjamin Lucas, conseiller régional d’opposition qui n’a pas hésité à lui demander de détailler son rôle dans l’affaire.

Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et ancien ministre de la Santé, est cité dans l’enquête de Victor Castanet, Les Fossoyeurs. Il s’est expliqué ce jeudi 27 janvier en marge de la séance plénière du conseil régional. © Capture d’écran FR3 HDF

Paru ce mercredi chez Fayard, le livre Les Fossoyeurs est en rupture de stock dans plusieurs librairies. L’enquête de Victor Castanet fait réagir. Xavier Bertrand, secrétaire d’Etat à l’assurance maladie entre 2004 et 2005 puis ministre de la Santé de 2005 à 2007  et ministre du Travail et des Solidarités jusqu’en 2009 sous le mandat de Nicolas Sarkozy, est cité à plusieurs reprises dans ce scandale touchant de plein fouet le groupe Orpea.


Le journaliste expose les liens supposés entre Xavier Bertrand et le fondateur du groupe Orpea, Jean-Claude Marian. « Dans ce livre au delà des questions de maltraitance, je rapporte l’impunité du groupe » , précise Victor Castanet.  « En France contrairement à d’autres pays européens vous ne pouvez pas ouvrir un établissement de santé si vous n’obtenez pas un agrément de la part de l’Etat […] ce que me racontent ces cadres dirigeants d’entreprise, c’est que pour obtenir ces autorisation, il faut un certain appui, à la fois politique et administratif et c’est dans ce cadre là, de l’obtention des autorisations d’ouverture d’établissement, qui fait la richesse de ces groupes, que le groupe Orpea aurait noué des relations privilégiées avec le ministre de la Santé de l’époque, Xavier Bertrand. »


« J’appelle l’assureur » 

C’est le témoignage d’un membre du comité exécutif de l’entreprise qui va permettre à Victor Castanet de mettre en lumière ces relations entre l’ancien ministre et le groupe Orpea. « Lors des réunions développement, le nom de Xavier Bertrand était parfois cité, plus exactement on disait « j’appelle l’assureur » et c’était pour débloquer des situations de blocage [où] on n’arrivait pas à obtenir d’autorisation. » En s’appuyant sur plusieurs témoignages, le constat de Victor Castanet est accablant pour le président de la région Hauts-de-France. Selon l’auteur de l’enquête, Xavier Bertrand aurait facilité l’expansion du groupe Orpea.

Une accusation dont s’est défendu Xavier Bertrand, ce jeudi: « Nous savions pertinemment à l’époque que nous allions passer de 2005 à 2015 de 1,1 million à 1,9 million de personnes de plus de 85 ans et qu’il fallait beaucoup de structures d’accueil […] Donc oui j’ai eu à faire attribuer un nombre important de places au titre de la réserve nationale. [….] Oui, j’ai répondu à la demande des élus, j’ai fait instruire des demandes d’autorisation pour des maisons de retraites du groupe Orpea comme de l’ensemble des groupes qui avaient déposés des dossiers. »‘ 

Pour le président des Hauts-de-France, persuadé il y a encore peu de temps d’être présidentiable: « c’était clairement mon rôle [..] c’était le rôle du ministre que j’étais, c’était ma mission. Si c’était à refaire, je le referais. »

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Jean-Christophe Romersi, directeur général d’Orpea, précisait ce mardi sur BFM: « Nous ne rationnons pas, cela ne correspond pas à nos directives, cela ne correspond pas à nos valeurs […] Nous ne sommes pas infaillibles […] nous n’avons rien à cacher. »

Si ce scandale semble tout neuf, « l’indignation feinte et insuffisante » comme le titre Mediapart, ne découle pas d’un constat récent. Il y a plusieurs années déjà, la journaliste Mathilde Goanec décrivait avec précision les conditions souvent honteuses de ces mouroirs où les vies se terminent davantage dans la rentabilité que dans la dignité.