Depuis le début de la crise sanitaire, les métaphores guerrières se font de plus en plus insistantes pour exprimer le caractère tragique de la période que traverse notre pays comme toute la planète.
Je ne crois pas à cette invocation guerrière mais il est une réalité qui s’impose à tous : les conséquences de cette pandémie sur la société sont et resteront similaires à celles d’une guerre. Choc économique, effondrement social, angoisses écologiques et sanitaires. Pas un secteur de la société n’est épargné : la culture, l’Ecole, les loisirs…
Pas une catégorie de la population, pas une génération n’est épargnée. Nos aînés, parce qu’ils sont les premières victimes de la maladie. Notre jeunesse parce qu’elle est une génération privée de ses plus belles années, une génération qui ne peut étudier, se rassembler, s’épanouir, bref, grandir.
C’est une banalité que de dire que la jeunesse, c’est l’avenir. Pourtant, si l’avenir s’apprécie aujourd’hui à l’état de la jeunesse du présent, nous ne pouvons le regarder avec optimisme. Précarité grandissante, explosion des inégalités, décrochage, dépressions, souffrances, suicides. Les confinements, les restrictions nécessaires imposées par la crise sanitaire ont mis à terre les espoirs et les rêves d’une génération entière qui entrait dans l’âge de la vie qui est celui de toutes les conquêtes.
Alors, il faudra d’abord, c’est une priorité vitale, répondre à l’urgence du présent pour apaiser, pour réduire le choc et la brutalité des injustices et des inégalités. Rien ne justifie aujourd’hui que les jeunes de moins de 25 ans n’aient pas accès au Revenu de Solidarité Active, c’est à dire à la protection minimale qui permet de vivre dignement. Comment se projeter dans l’avenir quand on doit choisir entre se nourrir et se soigner, entre accéder à la culture et payer son loyer ?
Il n’y a pas d’autonomie et d’émancipation possibles pour la jeunesse sans que lui soit garantie la dignité, celle de pouvoir vivre et non survivre.
Il faudra ensuite – c’est un devoir – répondre aux grands défis de l’avenir, pour offrir à la jeunesse un horizon désirable, optimiste, qui entraîne toute la société. Depuis 2016, nous proposons avec Benoît Hamon le Revenu universel d’existence, dont la première étape de mise en œuvre concernerait les jeunes. Le Revenu universel, c’est la reconnaissance pour chaque jeune de sa place dans la société, de son rôle de citoyen acteur des mutations d’un monde qui bouge sans cesse, d’une planète à préserver, de solidarités à faire vivre, de savoirs et de bonheurs à conquérir. C’est une sécurité, une garantie de dignité, une opportunité d’émancipation et de liberté par l’apprentissage de l’autonomie.
Le Revenu universel, c’est donner du sens au progrès. C’est la reconnaissance que chacune et chacun peut hériter à parts égales de la richesse créée et accumulée dans le passé, une richesse qui doit être partagée.
Les jeunes, générations conscientes des défis écologiques et sociaux de l’avenir, indignés par le racisme, le sexisme, les injustices, méritent mieux que les projets paternalistes, stigmatisants et réactionnaires du gouvernement dont le Service national universel obligatoire est l’illustration la plus caricaturale.
Si nous voulons faire République, nous retrouver, apaiser la société et garantir sa concorde, ce n’est pas de casernes dont ont besoin les jeunes de ce pays, mais d’un droit à l’avenir, de liberté, d’espérance. Si nous voulons donner un sens aux terribles épreuves que nous subissons depuis maintenant un an et qui viennent s’amplifier dans société déjà trop malade de ses inégalités, alors il nous faudra choisir de repenser tout notre modèle au service des générations futures.