En grève depuis ce mercredi contre la nouvelle édition du JT, les salarié-es de France 3 Picardie demandent plus de moyens et un recentrage sur l’information locale; leur cœur de métier.

Les salarié-es des antennes régionales de France 3 déplorent la nouvelle édition du JT. A France 3 Picardie, les cinq syndicats représentatifs ont appelé à une grève illimitée, perturbant les programmes depuis le milieu de la semaine.

Le 8 octobre, 20 des 24 antennes régionales de France 3 ont interrompu leur journal. Un mouvement illimité qui se poursuit pour plusieurs d’entre elles. A France 3 Picardie, le personnel dénonce « des injonctions éditoriales aberrantes » de la direction parisienne suite au report depuis la rentrée, des sujets de l’édition nationale sur les antennes régionales. Une situation qui ne permet plus de traiter efficacement l’actualité en région, et cause, selon les salarié-es, une incohérence éditoriale: « les journaux régionaux si chers aux habitants du territoire sont devenus du gloubi-boulga indigeste, sans respect de la hiérarchie de l’information » déplore l’intersyndicale de France 3 Picardie qui réunit SUD, la CGT, le SNJ, FO et la CFDT.

« Les journaux régionaux si chers aux habitants du territoire sont devenus du gloubi-boulga indigeste »

« Les journaux télévisés de France 3 Picardie ont profondément changé depuis la rentrée de septembre. Les horaires ont été décalés, les journaux ont été rallongés, et ils intègrent désormais l’information nationale et internationale » précisent les syndicats. « Une nouvelle formule imposée aux antennes régionales par la direction parisienne, avec des injonctions éditoriales aberrantes. […] nous sommes régulièrement contraints de ne pas diffuser des informations régionales, au profit des informations nationales imposées par la direction parisienne. »

Suite à la nouvelle édition du JT, plus longue mais avec moins de sujets locaux, les salarié-es de France 3 Picardie réclament plus d’effectifs et d’autonomie éditoriale et déplorent des conditions de travail dégradées.

En effet, « pour chaque édition, on nous impose environ 8 minutes 30 de sujets indispensables qui provoquent parfois des doublons avec nos propres sujets en région » confirme Nicolas Corselle, représentant syndical CGT à France 3 Picardie. « A la rentrée, il a été décidé que l’édition commencerait par l’info en région, puis des sujets un peu mag et se terminerait par l’info nationale et internationale. » Une organisation qui ne convainc pas les salarié-es qui réclament plus d’indépendance et souhaitent se recentrer sur l’information locale: « nous, qui connaissons et aimons le territoire picard, voulons retrouver notre autonomie éditoriale! »

Des conditions de travail dégradées par manque d’effectifs selon les syndicats

En grève illimitée, les salariés tirent également « la sonnette d’alarme sur les conditions de travail. Car la direction ne s’est pas contentée de nous imposer cette nouvelle formule : elle a surtout décidé de ne pas nous donner les moyens de le faire correctement. Quelques semaines ont suffi à épuiser le collectif » rappelle l’intersyndicale. « Dès qu’on a entendu parler du projet, nous avons essayé d’alerter la direction en terme de risques psycho-sociaux pour le personnel » , en vain, détaille Nicolas Corselle. « Pour la régie, c’est quasi une heure de travail par jour en plus, dans des conditions qui sont de base, déjà stressantes. »

Car « un JT, ce n’est pas qu’un présentateur sur un plateau. C’est aussi des journalistes sur le terrain, des monteurs, opérateurs de prise de son, des techniciens de régie. Des hommes et des femmes qui travaillent chaque jour avec passion pour fournir aux téléspectateurs une information de proximité dont ils sont fiers. »

Constatant une charge de travail qui s’alourdit et un stress qui ne cesse d’augmenter, « finissant leur journée de travail avec une boule au ventre » , les salarié-es « voient certaines éditions annulées, faute de personnel » conclut l’intersyndicale de France 3 Picardie,  qui appelle à poursuivre le mouvement.

Contactée, la rédaction en chef de l’édition locale n’a pour l’heure, pas donné suite à nos sollicitations.

DT