Ce samedi 18 novembre, un groupe de six Gilets Jaunes amiénois s’est rendu à Paris pour célébrer les cinq ans de cette force qui a traversé le pays depuis 2018. Galvanisés par leur manifestation parisienne mais conscients des divisions qui émaillent leur force, l’un d’eux nous fait le récit de cette journée entre parades d’anniversaire, espoirs et dispersions.
8h23 – Gare d’Amiens: « On est parti d’Amiens vers 8h30, arrivé à Paris, on a descendu le boulevard pour rejoindre la Place de la République. On avait rendez-vous à 9h00, pour le début de la manifestation.
Bon, sur place, on attend, on s’aperçoit qu’il y a personne alors bon… on décide de se lancer par les petites rues. On s’était donné un autre point de rendez-vous, à 12h30 sur une place. »
12h30 – Place Liszt, Paris 10e: « On a marché, on a mangé, j’ai vu les photos des camarades à Amiens pour la Palestine, Israël, et nous aussi…on était sous un temps de merde, au soir, je te dis pas comment on est rentré trempé. On a attendu le départ qui devait se faire à 14h30, mais on est parti bien une heure après…
Cinq ans après l’émergence du mouvement, il y’a encore des gilets jaunes qui réfléchissent dans les rues de Paris malgré une pluie battante. On est toujours là ✊🏼
🎥@laluciolemedia #GiletsJaunes #GiletsJaunes5anspic.twitter.com/na032GSxVX— Casper (@zairker) November 18, 2023
15h30 – 17h30: « On a fini par partir mais le parcours qui était prévu, c’était vraiment un petit parcours, ça a tourné un peu en manif sauvage, y avait une trentaine de black bloc devant. Ils ont jeté des fauteuils sur les policiers, ça a fait la blague. On a fini par être encerclé par les forces de l’ordre, ils nous ont laissés avancer et au bout ils ont commencé à filtrer entre manifestants et passants; on s’est dit que c’était le moment de partir, je ne le sentais pas de rejoindre la Gare du Nord du même côté. On sentait un peu de tension et le matin Ritchy revendiquait une action sur les Champs Elysées »
«Toujours debout et jamais à genoux malgré la répression»
Interpellation des militants suite à l’action coup de poing sur le rond-point de l’Arc de Triomphe en hommage aux 5 ans des gilets jaunes.#GiletsJaunes #GiletsJaunes5ans pic.twitter.com/0nnKbioJA3
— La Luciole – Média (@laluciolemedia) November 18, 2023
« On a bien marché, on est revenu sur nos pas mais on a pu discuter avec des gens. Ça donne de l’espoir, oui. A Amiens, c’est totalement mort ! Et ça veut dire quoi, une dizaine de camarades vendredi soir et deux RG pour les cinq ans des Gilets Jaunes ? C’est pas possible ! (ce vendredi 17 novembre à 20h00 devant l’Hôtel de ville d’Amiens pour les 5 ans des Gilets Jaunes, une dizaine était réunie, à quelques mètres, se tenait depuis 19h00, une autre manifestation d’une cinquantaine de personnes, organisée par RESF et réclamant un toit à des familles à la rue NDLR) Avec tout ce qu’il se passe, il est vraiment temps de se réunir. Pour faire face uni.
Et ça veut dire quoi, une dizaine de camarades vendredi soir et deux RG pour les 5 ans des Gilets Jaunes ? C’est pas possible !
Malheureusement, à Amiens, les Gilets Jaunes se sont divisés. C’est dommage. Il y a eu le vaccin avec ceux qui le voulaient, ceux qui ne le voulaient pas, les anti-pass sanitaire et ceux qui le voulaient. Et puis cette année, on s’est fait mal voir avec l’affaire Trogneux. Injustement.
On a fait des conneries dans le passé et on n’est pas fier mais on est toujours là pour défendre notre parole quand elle est juste, nos acquis sociaux, même si ça marche pas toujours. On ne peut pas toujours se contenter de taper sur son tambourin, et puis rentrer et s’arrêter. Parce que dans le fond, si les gens voient juste ce folklore, bah pourquoi ils ne se diraient pas: « pourquoi je n’arrêterais pas de lutter, d’y aller, dans la rue » ? Y a la peur, le découragement, les LBD mais il faut aller dans la rue et multiplier les actions. Pour plus d’espoir, malgré ceux qui veulent diviser et faire la guerre des israéliens contre les magrébins dans les cités (sic), ceux qui libèrent celui qui a tué un gosse et qui ressort dans un contexte pareil avec près de 2 millions d’euros, il faut rester uni contre ça !«