Alors qu’Amiens Nord est toujours choquée par l’assassinat d’un adolescent de 16 ans survenu à son domicile il y a quelques semaines, l’insécurité est pour les élus socialistes locaux un enjeu majeur que la municipalité délaisse. Frédéric Fauvet, conseiller départemental de la Somme, Tarek Bais et Assia Nouaour, conseillers municipaux d’Amiens, demandent à la majorité municipale et à la préfecture une présence policière dans les établissements prioritaires de la ville suite aux récents « crimes de sang » et au trafic de drogues à proximité des établissements selon les élus.

Frédéric Fauvet, conseiller départemental (PS) de la Somme, Assia Nouaour et Tarek Bais (PS), conseillers municipaux d’Amiens, à l’Hôtel de ville, ce vendredi 26 mai.

« La sécurité de nos jeunes n’est pas négociable ! » martèlent les élus socialistes amiénois, soucieux de trouver une solution radicale aux récents évènements survenus notamment à Amiens Nord. « Le trafic de stupéfiants s’invite jusqu’aux portes de nos établissements scolaires, nous proposons de systématiser la présence policière aux abords des écoles, collèges et lycées. C’est un début pour lutter contre les trafics de drogues et les marchés de plein vent qui se multiplient. » Si une présence policière à la sortie des établissements scolaires a déjà été expérimentée dans d’autres localités, Frédéric Fauvet admet que le climat peut être changé par cette présence « ça créé une autre atmosphère, c’est vrai, mais ça semble nécessaire » , concède le conseiller départemental.

« Ne faisons pas preuve de laxisme et n’abandonnons pas les populations les plus sensibles ! »

Fredéric Fauvet, Zohra Darras, Tarek Bais et Assia Nouaour

Pour les quatre élus socialistes au Conseil départemental de la Somme et à la mairie d’Amiens « le sujet de l’insécurité gangrène nos quartiers et nos quotidiens, et plus insidieusement nos parcours de vie. Il faut être force de proposition et redonner confiance en la capacité des politiques publique à agir frontalement, courageusement sur le thème de la sécurité, au sens large » plaident les socialistes qui détaillaient ce vendredi 26 mai, à l’Hôtel de ville, six propositions pour lutter contre l’insécurité dans certains quartiers.

« Une présence policière systématique »

Dubitatifs face à l’utilisation de la vidéosurveillance à Amiens, les élus socialistes restent méfiants quant à ce recours devenu massif sous l’impulsion d’Hubert de Jenlis (Renaissance), adjoint à la Sécurité; « rien ne prouve que c’est efficace, ça n’a pas empêché Trogneux de se faire agresser » glisse Frédéric Fauvet. « Si on met plus de caméras pour enlever des policiers, ça ne va pas du tout » surenchérit la conseillère municipale, Assia Nouaour.

Pour les élus socialistes, il est urgent de « remettre en place une police de proximité issue de la Police Nationale et lui donner les moyens d’accomplir sa mission. Les îlotiers créent un lien essentiel entre les habitants d’une ville, les agents municipaux, le quartier. Ils représentent un maillon essentiel afin de prévenir et repérer les difficultés et les incivilités. Ils permettent également de nouer une relation de confiance et apaisée avec les habitants. »

« Nous avons besoin de postes de police de quartier, d’une meilleure couverture des patrouilles et d’une présence quasi systématique dans les points sensibles. »

Plus encore, le PS propose de resserrer « également les liens de la police municipale avec la police nationale et ce qu’elle peut accomplir. Les implantations d’Étouvie ou Amiens Nord rencontraient un franc succès, apprenons de cette expérience et réimplantons ces postes de proximité en les renforçant. C’est l’un des moyens au quotidien de prévenir la délinquance et de lutter contre le trafic de stupéfiants. »

Des moyens et des outils alternatifs pour la police

Pour plus d’efficacité, les socialistes proposent davantage de ressources humaines et matérielles: « auparavant les médiateurs municipaux sillonnaient les rues d’Amiens et répondaient aux questions des habitants, tout en créant un échelon intermédiaire entre la municipalité et les riverains. Désormais ce service est rattaché à la police municipale. Relançons le dispositif et donnons-lui plus de moyens et de visibilité. Expérimentons la médiation sociale nocturne. On pourrait également s’appuyer sur une application mobile de signalements d’incidents (type Cityc Alerte). »

« Nous proposons que le Département, avec son prochain Schéma départemental de prévention, renforce et démultiplie les éducateurs de prévention spécialisée sur l’ensemble du territoire d’Amiens Métropole (et pas seulement quelques quartiers), en priorisant les thématiques liées aux addictions et le travail sur la « rue numérique » notamment au travers du dispositif « Promeneurs du Net. » La prévention spécialisée est une intervention sociale à finalité éducative. À partir d’un travail de rue, elle s’adresse prioritairement aux groupes de jeunes exclus dont les relations avec l’environnement sont difficiles, parfois conflictuelles et qui ont souvent rompu le dialogue avec les adultes et les institutions. »

« Il faut s’inspirer de ce qui fonctionne ailleurs » précisent les socialistes amiénois, convaincus: « nous proposons de mettre en place un COPS à Amiens, qui s’attacherait aux phénomènes d’insécurités observés et proposerait avec réactivité des actions opérationnelles. Le COPS est un contrat opérationnel de prévention et de sécurité qui associe les acteurs de la sécurité de la ville ainsi que la police nationale. Ce contrat, très concret et pratique, est ajusté et élaboré à partir de diagnostics proactifs de la délinquance sur le périmètre métropolitain. Il est donc en perpétuelle adaptation face aux réalités et enjeux sécuritaires. »

Frédéric Fauvet, conseiller départemental (PS) de la Somme, Assia Nouaour et Tarek Bais (PS), conseillers municipaux d’Amiens, à l’Hôtel de ville, ce vendredi 26 mai.

Les prochaines élections municipales en ligne de mire

« Ces six propositions ont été établies en fonction des retours de riverains et d’une perception réaliste du climat délétère qui plane sur Amiens » assurent les quatre élus. « Trop de drames, trop d’agressions, pas assez de réponse des forces publiques. Oui, Amiens est une belle ville mais il n’y fait pas bon vivre pour tous. Nous ne pouvons pas abandonner certains riverains. C’est pourquoi nous souhaitons renforcer le pouvoir d’agir des habitants des citoyens et leur donner les moyens de remonter efficacement les soucis du quotidien » ajoute le groupe qui invite à un temps d’échange sur la question, le 15 juin prochain. « Cela sera un peu comme sur le modèle des Ruffinettes de Ruffin » confie Fréderic Fauvet.

« Oui, Amiens est une belle ville mais il n’y fait pas bon vivre pour tous. »

« Dans les jours qui viennent, nous allons lancer une structure associative qui servira de base commune pour aborder l’avenir d’Amiens. Il s’agira d’un espace d’échange et de réflexion, entre les habitants, les responsables, les élus, les associations et toute personne qui souhaite améliorer le quotidien d’Amiens et de sa métropole. La motivation est simple, faire des habitants et des citoyens les architectes de politiques plus justes et concrètes et encourager les élus à être plus réactifs et connectés avec le réel » concluent les quatre élus socialistes.