Les élections législatives n’ont pas permis à Emmanuel Macron d’obtenir la majorité absolue (289 députés). Ensemble totalise 246 députés, la NUPES 142 et le RN 89. Si elle reste unie, la gauche sera la première force d’opposition à l’Assemblée Nationale. Face à elle, le Rassemblement National n’a jamais été aussi présent que sous cette législature avec 89 députés. En Picardie, sur 17 circonscriptions, 8 députés sont issus de l’extrême droite et 5 de la droite traditionnelle (LR-UDI). En 2017 aucun député picard n’était étiqueté Front National, une ascension fulgurante pour le parti de Marine Le Pen.

 

Présent dans 15 circonscriptions sur 17 en Picardie au second tour des élections législatives, le Rassemblement National parvient à envoyer 8 députés picards à l’Assemblée sur l’ensemble des 17 circonscriptions de la Somme, de l’Oise et de l’Aisne. L’Aisne compte trois députés issus de l’extrême-droite, dans les 1re, 4e et 5e circonscriptions, au sud du département.

Le RN à nos trousses

Dans la Somme, le Rassemblement National envoie deux députés à l’Assemblée, dans les 4e et 5e circonscriptions au sud et à l’est du département. Dans l’Oise le parti d’extrême-droite envoie trois députés: entre les élections législatives de 2017 et celles de 2022, le Front National -devenu entre-temps Rassemblement national en 2018- est passé de 0 à 8 députés en Picardie. Le vote extrémiste s’installe sans inquiéter les macronistes.

Les macronistes, un tremplin pour l’extrême-droite ? 

Au regard des résultats de l’extrême-droite, dès dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon fustigeait déjà les macronistes qui n’avaient pas hésité à faire voler en éclats le « front républicain », un positionnement repris par de nombreux militant-s de gauche. Mais si le nombre de circonscriptions concernées par le problème évoqués par Jean-Luc Mélenchon est un brin exagéré, la cacophonie en Macronie laisse des traces.

Dans la 1re circonscription de la Somme qui voyait s’affronter au second tour François Ruffin (NUPES/Picardie debout) et Nathalie Billet-Ribeiro (RN), le candidat macroniste, Pascal Rifflart avait encouragé ses électeurs à voter blanc.

Pas d’appel non plus à voter pour le candidat de la gauche dans la 5e circonscription de la Somme où Virginie Caron-Decroix (Ensemble/LREM) se faisait plus nuancée sur les réseaux sociaux: « Mes valeurs et mes convictions me conduisent à rejeter le parti de l’extrême droite. C’est pourquoi dimanche prochain, pas une seule voix ne doit aller vers la candidate du RN. Les électeurs devront se mobiliser et ne pas laisser place à l’abstention ! » Dans l’Aisne également, pas de front républicain dans la 5e circonscription mais un appel à ne pas donner une « voix supplémentaire » au RN: « Personnellement, mon combat a toujours été contre le RN et ses idées. J’espère qu’aucune voix supplémentaire n’ira au RN au second tour », a déclaré Jeanne Roussel(Ensemble/LREM) à l’Ardennais. 

Dans l’Oise, dans la 3e circonscription, le candidat Pascal Bois avait déclaré au Courrier picard ne pas avoir de consigne à donner: « Il y a cinq ans, je n’ai vu personne en faire alors il faut que je réfléchisse » indiquait-il en milieu de semaine dernière.

La NUPES en éclats, vers une gauche inaudible face à l’extrême-droite ? 

Autant de positionnements entre les deux tours qui ont interpellé et démobilisé les électeurs selon la 1re force d’opposition qui subit déjà bien des remous; ce lundi,  Jean-Luc Mélenchon a proposé que la NUPES soit un groupe unique à l’Assemblée, ce à quoi le PS, EELV et PCF ont immédiatement répondu qu’ils n’étaient pas d’accord pour une telle éventualité.

Si la NUPES se regroupait en un seul et même groupe, des partis de gauche qui ont pourtant fait des scores autour de 5% à l’élection présidentielle perdraient une manne financière colossale. Pour l’heure, ces trois partis de gauche préfèrent ainsi être financés in extremis plutôt que de lutter contre la montée des idées d’extrême-droite: une aubaine pour Marine Le Pen, tout juste réélue, elle a  annoncé dans l’après-midi se consacrer exclusivement à l’Assemblée nationale en laissant sa place à la présidence du parti à Jordan Bardella, désormais responsable du Rassemblement national par intérim jusqu’au 10 septembre.