Le sénateur de la Somme, Rémi Cardon a tenté de tacler François Ruffin (Picardie debout/NUPES). Dans une tribune, le plus jeune sénateur de France esquisse un avenir préférable selon lui pour son parti miné par une guerre des chefs: « la social-démocratie est une impasse » selon le socialiste qui définit les contours d’un « socialisme écologique« , à rebours du député de la Somme, trublion qui voudrait se « soc-démiser » comme il le déclarait dans l’Obs en novembre.

Dans une tribune publiée dans « Marianne » ce jeudi, le sénateur de la Somme évoque la fin de la « social-démocratie » quand François Ruffin annonçait en novembre dernier vouloir se « soc-démiser ».

 

« Aujourd’hui, nous devons assumer que la social-démocratie, telle qu’elle a été pratiquée, est une impasse » écrit Rémi Cardon (PS) dans une tribune publiée dans Marianne, ce jeudi. « Penser pouvoir la « réformer » est une erreur : nous ne pouvons pas relever les défis de demain en utilisant la social-démocratie comme pansement aux blessures qu’elle a elle-même ignoré. La social-démocratie, en s’imbriquant dans la logique du marché, a brouillé ses principes et combats initiaux. Elle a durablement écorné l’image du Parti socialiste par des années de choix dans lesquels nous ne nous reconnaissons pas. Après la loi Travail, la proposition de déchéance de nationalité ou encore le CICE, il ne peut être question de la remettre au goût du jour, de quelque manière que ce soit. »

Et de préciser ce qu’il définit comme un « socialisme écologique« : « Il est temps de penser un socialisme plus écologique, dans une hybridation qui aille au-delà du simple sens de la formule. Comme l’évoque Paul Magnette dans son livre La vie large, « il s’agit d’établir que le mal que les humains s’infligent les uns aux autres et celui qu’ils infligent à la nature ne sont pas deux combats entre lesquels nous devrions choisir ». Ce sont bien deux faces d’une même pièce que nous devons défendre : la justice sociale et la justice environnementale. S’émanciper de la social-démocratie nous permet de reposer les bases du premier socialisme et d’entamer un basculement vers la construction écologique. »

Répondant à une question de l’Obs, qui l’interrogeait sur son intention de se « soc-démiser », le député de la Somme, avait, en novembre, une vision bien différente.

Pour François Ruffin les luttes futures doivent passer par une réhabilitation de mots et de valeurs laissés comme coquilles vides après des années de compromis à gauche.

« Je suis de gauche, et j’en embrasse toutes les traditions. Souvent, je blaguais avec les socialistes, je leur disais : « La social-démocratie, c’est une belle chose… Le problème, c’est que ça fait des décennies que vous n’êtes plus ni sociaux ni démocrates ! Moi, je le suis ! » Je prends l’expression au sérieux. Le social, ce n’est pas instituer la précarité du travail et la modération salariale. La démocratie, ce n’est pas de s’asseoir sur les 55 % de Français, 80 % d’ouvriers, qui ont voté non au référendum européen de 2005. Je fais mienne l’histoire de la gauche jusqu’en 1983. C’est le moment où Jospin [alors premier secrétaire du Parti socialiste, NDLR] déclare « Nous ouvrons une parenthèse libérale. » Cette parenthèse ne s’est jamais refermée. S’y ajoute, par ailleurs, un tempérament personnel : je suis dans les petits pas, dans le concret, plutôt que dans l’horizon inatteignable. Jamais je n’ai promis le grand soir. »

Et de poursuivre: « J’ai derrière moi vingt-trois années de reportages en Picardie, dans les usines qui ferment en série, auprès des auxiliaires de vie qui touchent 843 euros par mois… Quand tu baignes là-dedans, tu te demandes : « Comment je peux améliorer l’existence des gens ? » Un monde meilleur ou juste « moins pire », ce serait déjà pas mal ! Notre peuple est comme un malade en convalescence démocratique, politique, économique » déclarait-il à l’Obs fin 2022.