Relayant une affaire de pédocriminalité et d’abus sexuels sur une mineure de 12 ans par un élu de l’Oise toujours en poste, Le Courrier picard a provoqué un tollé national. Présentant les actes commis par l’élu condamné comme une « liaison » où ce dernier « couchait » avec sa victime, le journal local s’est attiré les foudres des réseaux sociaux. Le vocabulaire glaçant utilisé pour relayer l’affaire a été vu par plus de 5 millions de personnes sur Twitter, un record tragique pour le journal qui vient de supprimer sa publication sur le réseau social, ce lundi midi, après plus de 48 heures d’indignation.

« Le Courrier picard » a provoqué l’indignation ce week-end en relayant une information banalisant la pédocriminalité. Une affaire qui a suscité les réactions outrées de personnalités dans toute la France.

Daniel Genty, second adjoint au maire de Beaudéduit dans l’Oise, a été condamné à un an de prison ferme (et un an avec sursis) sous le régime de la détention à domicile sous-surveillance électronique pour détournement de mineur et abus sexuels.  Une affaire sordide qui commence en 2005.

L’élu (de 39 ans à l’époque) responsable du comité des fêtes de la localité va jusqu’à utiliser sa position pour appâter des jeunes collégiennes de 12 ans. L’une d’elle ne parviendra pas à s’échapper de ses filets. Pendant plus de trois ans, elle sera victime d’abus sexuels. Elle tombera enceinte en 2008 et Daniel Genty ira même jusqu’à la conduire dans une maternité d’Amiens pour avorter.

C’est en 2019, que la victime trouve le courage de porter plainte contre Daniel Genty.

« J’ai encore peur des hommes et quand on me touche, je me gratte jusqu’au sang » , confie la jeune femme dans des propos relayés par son avocate. Profondément choquée par ces abus sexuels subis durant son adolescence, la victime n’a pas trouvé la force de se présenter à la barre du tribunal correctionnel de Beauvais, rapporte le journal.

Un article calqué sur le point de vue du coupable condamné 

Outre l’aspect préoccupant de la condamnation qui permet à un élu qui a abusé une mineure pendant plusieurs années de rester en poste, le vocabulaire utilisé par Le Courrier picard ne passe pas et a suscité l’indignation. Le journaliste utilise les termes « liaison » ou explique encore que le coupable va « jusqu’à l’initier à la sodomie » et qu’il formait « un couple ordinaire« . Sur les réseaux sociaux, le community manager ou le journaliste lui-même ira jusqu’à préciser que « l’élu couchait avec une collégienne de 12 ans. »

Contactée ce lundi midi,  la direction du journal n’a pas donné suite à nos sollicitations. Le Tweet vu par plus de 5 millions de personnes a toutefois été supprimé ce lundi midi, après 48 heures d’indignation.

Députés, journalistes, citoyens dénoncent la banalisation de la pédocriminalité par le journal local

Nous avons peu d’information sur le contexte de publication de l’article et sur ses différents intervenants potentiels. Tant de questions restent sans réponses: s’agit-il réellement d’une maladresse du journaliste ou est-ce la réécriture d’un secrétaire de rédaction cynique ou l’œuvre d’un community-manager zélé ou plutôt un rédacteur en chef qui ne relit plus les articles avant de les publier ?

Le Tweet qui est resté plus de 48 heures a t-il été rédigé sciemment pour susciter l’indignation ? Ce lundi, le mystère est encore total.

Face à l’indignation suscitée, plusieurs associations de lutte contre les violences sexuelles ont été contactées ce lundi dont l’Observatoire des Violences sexuelles et sexistes en politique.

DT