Le Président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2022. Candidat aux élections régionales, il semble prévoir un report de ces élections et déborde ainsi ses concurrents à droite.

C’est Le Point qui officialisait, ce 24 mars, la décision du Président de région sortant qui avait plutôt bien préparé le terrain comme le relève Ellen Salvi de Mediapart.

L’ancien agent d’assurance a fait du chemin. Xavier Bertrand, maire démissionnaire de Saint-Quentin qu’il a quittée en 2016 pour se consacrer pleinement à la campagne régionale, jouait à l’époque déjà la même stratégie. Il avait par ailleurs écarté l’idée de se présenter aux primaires de la droite et du centre pour la présidentielle afin de se donner corps et âme à la région – étendue à cet ensemble des Hauts-de-France avec la réforme territoriale de 2015- soudainement très attractive. Symbole des marches du pouvoir politique à gravir juste avant que l’ancien ministre de la Santé et du Travail sous Sarkozy ne soit prêt.

Et le jour semble venu pour l’ex LR, parti qu’il a quitté en décembre 2017, au lendemain de l’élection de Laurent Wauquiez à sa tête; il ira et ne passera pas par la case des primaires, a-t-il déclaré à NathalieSchuck du Point.

Un coup d’avance pour éviter peut-être le coup dur aux élections régionales dans les Hauts-de-France face à l’Union de la gauche menée par l’écologiste Karima Delli. Initialement prévues en mars 2021 puis reportées en juin, puis plus récemment, toujours sous couvert de mesures sanitaires pour faire face au COVID, en septembre voire plus tard, ces élections semblent bien incertaines. Matignon a indiqué à Franceinfo que le Conseil scientifique rendrait dimanche 28 mars son rapport concernant la tenue des élections régionales et départementales des 13 et 20 juin.

 

« Son intérêt politique, intellectuel, n’est pas pour la région »

L’annonce n’a pas manqué de faire réagir. Le sénateur socialiste, Patrick Kanner, qui était aussi candidat pour la tête de liste de l’Union de la gauche, s’interroge dans l’AFP sur une telle candidature:  « Comment voulez-vous candidater à deux élections en même temps ? A moins d’avoir le don d’ubiquité…Cela veut dire que son intérêt politique, intellectuel, n’est pas pour la région. Cela ne me paraît pas possible d’être candidat pendant trois mois à deux élections aux logiques si différentes. »

Don d’ubiquité ou faculté à imaginer l’avenir, Xavier Bertrand veut surtout faire face à plusieurs vagues qui pourraient le submerger; bilan à la région mitigé, absence de référence aux préoccupations climatiques actuelles, discours sécuritaire dans un contexte déjà très perturbé et surtout une Union de la gauche menée par un personnage sortant des sentiers battus; face à Karima Delli et à l’alliance des partis de gauches, Xavier Bertrand a du souci à se faire.

Attirer l’attention, prévoir le report ou tout simplement jeter un peu de poudre aux yeux, les intentions du Président de la région peuvent être diverses mais ont l’avantage de permettre toutes les opportunités. On pardonnera sûrement à l’ex assureur cet excès de prévoyance.