L’intersyndicale a annoncé une prochaine journée de mobilisation le 6 juin prochain contre la réforme des retraites. Mais une semaine après un tournant décisif pour la contestation populaire lors du 1er mai, même si la mobilisation semble plus éparpillée, les revendications locales continuent de gronder malgré la répression.

Une semaine après le 1er mai et avant le 6 juin, la mobilisation est plus éparpillée malgré une désapprobation constante et identique de la réforme; la contestation s’engage-t-elle vers une retraite démocratique ? © Clément Foucard

Alors que la CGT annonçait au début du weekend du 1er mai avoir reçu « plus de 30 000 adhésions ou contacts » depuis la lutte contre la réforme des retraites, que Laurent Berger de la CFDT soutient la mobilisation mais sans perturber l’agenda politique des ministres, qu’Emmanuel Macron et son gouvernement loucheraient presque aveuglément sur les heures sombres du pays en souhaitant une « bonne fête du travail » pour ne pas dire à tous ces travailleur-euses les droits à la vie dont ils les ont privés; ce 1er mai avait comme un air de printemps et de folklore que l’on connait trop bien mais sans que l’on sache vraiment si la contestation syndicale et populaire résistera et parviendra à les rendre exceptionnels.

Une mobilisation record pour un 1er mai depuis 2002

Les syndicats espéraient une mobilisation historique. Entre 782 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, et 2,3 millions d’après la CGT, ont manifesté dans toute la France, ce lundi 1er mai. La fête de la lutte pour les droits des travailleurs-euses était placée sous le signe de l’opposition à la réforme des retraites, quelques semaines après la promulgation de la loi.

Les chiffres estimés de 2023 font de cette mobilisation du 1er-Mai la plus massive depuis 2002. A l’époque, 1,3 million de personnes (selon la police) avaient défilé pour dire « non » à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle rappelle France Info.

En Picardie le 1er mai a rassemblé entre 20 000 et 35 000 personnes dans la Somme, l’Oise et l’Aisne. Une participation forte pour un 1er mai, mais moindre contre la Réforme des retraites. A Amiens, quelque 4000 à 6000 manifestants ont défilé dans la matinée dans les rues du centre-ville, pour rejoindre un village associatif réunissant syndicats, partis politiques contre la réforme et associations locales engagées au parc de La Hotoie.

A Compiègne, le 1er mai a réuni plus de 8500 personnes selon l’intersyndicale contre la réforme, 3200 selon la Police. Une mobilisation exceptionnelle pour la ville de l’Oise. Une partie des manifestants ont envahi la gare et déjoué plusieurs fois les barrages de Police.

Des institutions qui dysfonctionnent, des manifestants mobilisés entre répressions policières, rage et déception

Le journaliste de Brut, Rémy Buisine a déposé une plainte, vendredi 5 mai, visant deux fonctionnaires de Police l’ayant frappé lors de la manifestation du 1er mai à Paris.

Une enquête administrative a été ouverte mais le journaliste a déjà été « agressé à deux reprises » d’après RSF (Reporters sans frontières) qui appelait fin mars, Gérald Darmanin, à « mettre fin aux violences policières contre les journalistes » lors des manifestations contre la réforme des retraites.

Alors que certaines manifestations à Paris et à Nantes notamment ont été émaillées par des violences policières, ce 1er mai, un grand nombre de pays, dont les États-Unis mais également la Russie et l’Iran, ont appelé la France à accroître ses efforts pour lutter contre les violences policières et les discriminations raciales, à l’occasion de l’examen de la situation des droits de l’Homme dans le pays par l’ONU.

Des combats locaux qui se poursuivent

Malgré ces fortes répressions policières, les manifestants restent mobilisés. Comme à Amiens, ce lundi 8 mai, des rassemblements plus sporadiques et improvisés ont lieu pour entretenir la lutte contre une réforme des retraites toujours autant décriée.