David et Akif comparaissaient ce jeudi 23 novembre au tribunal d’Amiens, on leur reprochait de s’être rendu « complices d’organisation de manifestations non-déclarées. » Une dénonciation faite par téléphone qui vaudra à David une garde à vue et une fouille de son téléphone portable. Le procureur demandait 200 euros d’amende à chacun, la cour les a relaxés tous les deux. « La place Gambetta n’est pas la place Rouge, nous ne sommes pas encore en Russie […] les juges doivent rester garants du bon fonctionnement de la démocratie et de la liberté d’expression » a rappelé le président lors de l’audience.
Les barbes sont bien taillées et les gilets fluo sont restés à la maison. Une petite vingtaine de personnes ont fait le déplacement dès 14h00 pour soutenir David et Akif, ce jeudi, au tribunal d’Amiens. Les deux Gilets Jaunes ont comparu à la barre pour s’expliquer sur la tenue de manifestations non déclarées, notamment entre le 16 et 23 mai dernier. Des rassemblements de soutien devant la prison et le commissariat, quelques jours après l’affaire Trogneux. David, témoin de la scène lors de l’incident, nous avait par ailleurs livré son témoignage devant la maison d’arrêt, remettant en question la version relayée par le père de Jean-Baptiste Trogneux, pourtant absent lors des faits, le 15 mai 2023.
Rappelant l’interdiction d’organiser une manifestation non-déclarée et nuançant le terme, le président du tribunal a souligné le faible nombre de participants lors de ces manifestations qui auront valu aux deux amiénois, une convocation au tribunal, ce 23 novembre. La convocation de David et Akif a par ailleurs été émise suite à un appel téléphonique de dénonciation entraînant la procédure par les policiers.
Lors de l’audience, les deux Gilets Jaunes ont rappelé qu’ils n’avaient fait « que relayer un appel à manifester sur les réseaux sociaux » et qu’il n’y avait pas de décideur. Le procureur, retenant de son côté, l’intention de créer un regroupement de personnes et donc la « complicité d’organisation de manifestation non-déclarée » , demandait 200 euros d’amende pour chacun des deux prévenus. Leur avocate, Me Elsa Marcel, avocate au barreau de Paris, a rappelé que « participer à une manifestation non-déclarée ne constituant pas une infraction » et que le terme « complicité d’organisation » versé au dossier par les policiers sous-entendait que l’organisateur était connu et identifié, il serait illogique qu’ils en soient tenus responsables.
En effet, dans les deux convocations, Akif et David étaient mis en cause pour « complicité d’organisation de manifestations non-déclarées » et non accusés d’en être les organisateurs. Me Marcel a également rappelé le caractère spontané de ce genre de rassemblement, notamment lors de gardes à vue jugées abusives par les manifestants. C’était le cas pour les rassemblements devant la maison d’arrêt et le commissariat où Adrien F., l’un des gardés à vue dans l’affaire Trogneux, a été relaxé le 5 juin. Ce jeudi, il était présent dans la salle d’audience pour soutenir ses camarades.
« J’ai pensé à un acharnement à cause de notre soutien à Adrien, dans l’affaire Trogneux »
Akif, Gilet Jaune retraité, comparaissait ce jeudi au Palais de Justice d’Amiens, pour « complicité d’organisation de manifestation non-déclarée » lors de la réforme des retraites et de l’affaire Trogneux, il a été relaxé ce 23 novembre.
Le président du tribunal consacrant le droit fondamental de manifester et à la libre expression en démocratie, tant qu’elle ne contrevient pas à la loi, « qu’elle ne soit ni raciste ou antisémite » , a prononcé la relaxe pour les deux Gilets Jaunes. Retenant « le principe de pouvoir se rassembler dans une démocratie » , le président du tribunal a rappelé lors de l’audience que « la place Gambetta [n’était] pas la place Rouge » et que nous n’étions « pas encore en Russie. »