Heurtée par le témoignage publié dans Amiénois-e.fr d’un Gilet Jaune, à l’occasion des cinq ans du mouvement, Mélanie N’goyé Gaham, présente dès le début de la contestation en 2018, tient à rappeler que tout avait été fait à Amiens pour que le mouvement reste soudé. Mais sur le plan local comme sur le plan national: « il faut se rendre à l’évidence, les Gilets Jaunes, c’est terminé. Il faut passer à autre chose pour continuer. »
« Critiquer c’est facile. Dès le début, j’étais là et je ne sais pas pourquoi à l’époque le mouvement a pris. Les Gilets Jaunes, ça s’est joué à rien, c’était aussi un coup du hasard d’avoir pu au même moment conjuguer nos forces. En 2018, quand je suis partie en manif Gilets Jaunes pour la première fois à Paris, j’y allais sans crainte, j’avais même proposé à ma fille de m’accompagner, pour moi ça allait être une manif historique, comme celle de Chirac-Le Pen le 1er mai 2001; ce jour-là, elle a eu la flemme de m’accompagner et heureusement ! »
Victime de violences policières entre 2018 et 2020, Mélanie a gardé des traces de cette lutte qui l’ont poussée à se documenter, à chercher et à mettre des mots sur les maux que le mouvement a eu tant de mal à dénoncer unanimement: « Moi j’estime qu’avec les Gilets Jaunes, on a gagné, on a su préserver certaines choses et se défendre. Il faut se rappeler qu’on n’avait pas vraiment de revendications très claires à l’époque, ça a été un moment suspendu et peut-être que je ne le revivrai jamais mais on se sera battu jusqu’au bout. »
J’ai mené le combat contre Dominique Caffin jusqu’au bout.
Il y a 2 ans nous étions au TGI pensant que nous arriverions à prendre ces médailles.
La justice en a décidé autrement.
Ce matraqueur restera impuni. Mais j’aurais essayé.
Force à tout les survivant.e.s et aux familles pic.twitter.com/V4hpi66VQq— Melanie N’goye Gaham (@n_gaham) November 19, 2023
« A Amiens, on a tout fait pour que le mouvement des Gilets jaunes reste un mouvement de gauche. Mais comme à Nantes, on a galéré à partir des débats lors du COVID, au sujet des vaccins ou du passe sanitaire. Mais ça n’est pas propre à Amiens, cette rupture s’est faite dans toute la France un peu de la même façon. Les manifestations des Gilets Jaunes ont commencé par être infiltrées par des réseaux d’extrême-droite et on a senti qu’on perdait la main et que ça sonnait la fin d’un grand mouvement de contestation sociale. On s’est replié sur nos organisations, Amiens Anti-Rep, le Collectif Amiens Révolté….
L’omniprésence de la batucada dans la lutte contre la réforme des retraites cette année s’explique aussi un peu par la fin des Gilets Jaunes. C’était un mouvement lancé par les syndicats, on était toujours là pour entraîner et rassembler les gens dans la contestation mais de façon bien différente que lors des Gilets Jaunes. Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence, les Gilets Jaunes c’est terminé, il faut passer à autre chose pour continuer nos luttes.«