Xavier Riffaudeau était le directeur de cabinet du maire Gilles Demailly (2008-2014). Suite aux revendications de plusieurs habitant-es de la Fosse-au-lait, fin décembre, au sujet de la construction de nouveaux logements, il revient sur les particularités et les caractéristiques de ce quartier et les principaux enjeux derrière un tel projet.

REVOIR

Les habitants de la Fosse-au-lait demandent davantage de verdure dans les nouveaux aménagements du quartier.

 

C’est bien mal connaître Amiens et son histoire sociale que de prétendre que la Fosse-au-lait est un «quartier favorisé». C’est même faire preuve d’une totale ignorance des habitantes et des habitants de cette ville que de l’affirmer.

La Fosse-au-lait, coincée entre la route de Paris et le quartier Henriville, était un lieu pittoresques où résidentes et résidents , résolument et culturellement amiénois(e)s, comptaient parmi les plus démunis, de l’après-guerre aux années 2000.

Les résidents d’Henriville n’eurent de cesse que de vouloir sa destruction tant son existence les importunait. Construire rue Gaultier de Rumilly, des logements sociaux, comme la gauche de Manable et Demailly l’a fait, c’est participer de cette mixité.

Rénover la Fosse-au-lait c’est un juste retour en direction d’une population précarisée bien que de nombreux « historiques » eurent souhaité conserver les maisonnettes provisoires qu’ils avaient su embellir. La rénovation n’était qu’une nécessité, pas un acte prétendument politique. Affirmer que la Fosse-au-lait est un quartier favorisé c’est affirmer que le St Leu des années 70 et 80 l’était.

 

Cette ignorance de la sociologie de la ville disqualifie d’emblée celles et ceux qui aspirent à l’administrer et qui ne la connaissent qu’à travers leurs expériences d’étudiant(e)s, qualité que bon nombre des habitants de la Fosse comme de St Leu du siècle dernier, n’avaient pas.

 

Elles et eux qui avaient bien plus d’appartenance à la ville et à son histoire, à la culture Ouvrière, à la débrouille des temps difficiles, à la solidarité des chiffonniers et des collecteurs.

Vouloir accabler de béton une partie de l’histoire de la ville c’est démonter son incapacité à l’aimer. L’écologie c’est aussi des fleurs et des arbres surtout en direction d’une population qui malgré sa modestie a toujours su les cultiver.