Valentin Lybrick, travailleur social et photographe amateur et Raja Boudlal, photographe professionnelle à Amiens pour Jolly Prod, ont lancé au début du mois de janvier un compte Instagram intitulé 365_amienois. En publiant quotidiennement une photo d’un.e habitant.e, les deux amiénois.es souhaitent mettre en valeur la diversité de la population.

Photographie publiée pour le 2 janvier 2021 dans les rues amiénoises © 365_amienois

CONVERGENCE  Valentin a 25 ans, il travaille auprès de personnes en situation de grande précarité. Ce contexte professionnel imprégné de quotidiens durs et de parcours de vie chaotiques a indéniablement influencé le projet. Une approche humaine et sociale que le jeune photographe amateur revendique pleinement:

J’ai fait un mixe de ma profession et de cette passion pour la photo pour élaborer ce projet. J’aime beaucoup les photos de rue et brutes, sans artifices pour montrer le plus sincèrement possible la personne que je prends en photo.

Le 11 janvier 2021 à St Leu devant la librairie du Labyrinthe. © 365_amiénois

La spontanéité du cliché et les dimensions sociales et humanistes que permet la photographie de rue sont autant de raisons qui ont poussé Raja à rejoindre Valentin dans cette initiative. La jeune photographe professionnelle a été tout de suite sensible à la démarche: « Je fais beaucoup de portraits mode en pro alors que j’adore aussi les portraits moins travaillés, avec une approche plus sociale. Du coup quand Valentin m’a contacté j’ai tout de suite accepté ! »

Si pour la photographe, le projet permet une respiration d’envergure sociale dans son travail, il n’en est pas pour autant dénué de sens. Au fur et à mesure de leurs clichés, les deux amiénois.es souhaitent donner davantage la parole à chaque personne photographiée. « Dans l’avenir on aimerait développer ce côté intime, avec plus de paroles » précise Raja Boudlal.

 

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INFLUENCES Cette volonté de faire parler la population dans sa diversité, de construire un pont entre une photographie de rue et l’intimité de chacun.e  sont des dimensions que les deux jeunes amiénois.es ont puisé dans des références différentes. Quand Valentin a contacté Raja, il avait en tête le travail de Constantin Mashinskiy, un photographe russe qui a rassemblé 365 parisiens.nes.

Photographie du 9 janvier 2021, une étudiante amiénoise sortant de ses partiels. © 365_amiénois

Et moi, je lui ai parlé de Humans of New-York et lui de Mashinskiy, on s’est rendu compte qu’on était sur la même longueur d’onde!

Humans of New-York est un célèbre photoblog formé d’une série de portraits mélangeant interviews et récits intimes.  Il a donné lieu à un livre rassemblant le travail du photographe américain Brandon Stanton principal instigateur de ce projet lancé en 2010 dans les rues de New York.  La jeune amiénoise précise: « Les gens se confiaient à lui, il a pu aborder plusieurs sujets grâce à ses rencontres notamment la maladie, vivre sans papier, être sans domicile fixe… Une approche humaine que j’ai adorée et qui m’a touchée. »

Ces deux références ont ainsi poussé Raja et Valentin à la création de 365_amienois comme une série de photos construisant des ponts entre les passant.es amiénois.es, des ponts entre l’intime et le collectif. Une initiative qui apparait comme un geste salutaire plein de culture et d’humanité en ces temps de repli forcé.