L’affaire a fait le tour des médias mainstream locaux, nationaux et bien au-delà. La maire d’Amiens, Brigitte Fouré a demandé à Madonna de lui prêter un tableau qui aurait disparu du Musée de Picardie à la fin de la Première Guerre mondiale. Mais d’après le New-York Times, l’élue amiénoise aurait « passé sous silence quelques points pour élaborer son hypothèse. »
Brigitte Fouré supposait qu’il s’agissait d’un seul et même tableau mais les experts ont écarté cette hypothèse: celui de Madonna est plus court et ne comporte pas de signature de l’artiste.
Le très sérieux New-York Times clarifie l’appel de la maire d’Amiens pour retrouver un tableau de Jérôme-Martin Langlois prêté par le Louvre au Musée de Picardie où on a fini par perdre sa trace après la Première Guerre mondiale. La maire d’Amiens supposait dans sa vidéo publiée le 16 janvier que le tableau amiénois disparu serait aujourd’hui détenu par Madonna. Selon le New-York Times, les experts sont formels, il ne s’agit pas du même tableau. L’élue amiénoise, se fondant sur un article du Figaro, aurait tout bonnement oublié quelques détails pour faciliter sa demande.
« En 1872, le Louvre a prêté le tableau, « Diane et Endymion » de Jérôme-Martin Langlois, au Musée de Picardie à Amiens, en France, où il est resté jusqu’à disparaître à la fin de la Première Guerre mondiale. La maire d’Amiens, Brigitte Fouré, a déclaré dans une vidéo qu’elle a récemment appris que Madonna possédait un tableau qui ressemblait à celui manquant. Suggérant que le tableau disparu de Picardie et le tableau appartenant à Madonna étaient une seule et même pièce; une possibilité que les experts en art, dont l’actuel conservateur du musée, ont écartée » détaille le New-York Times.
« Brigitte Fouré passe sous silence des élements »
« Dans la vidéo, Brigitte Fouré demande à Madonna si elle envisage de prêter son tableau à Amiens pour coïncider avec la candidature de la ville pour devenir capitale de la culture en 2028. » En effet, la présentation du programme et l’envoi définitif du dossier de candidature ont été officialisés quelques jours auparavant, à la Maison de la Culture, à Amiens.
Un coup de communication réussi de la part de la municipalité qui a pourtant caché volontairement quelques éléments lors de son appel, comme le rappelle le New-York Times: « Dans son appel, Mme Fouré a passé sous silence volontairement quelques points cruciaux dans son hypothèse, notamment le fait que le tableau de Madonna est plus court de trois centimètres que le tableau perdu. Et contrairement à la version picarde, le tableau de Madonna ne porte pas de signature de l’artiste. »
Le tableau original aurait été détruit dans un bombardement
Brigitte Fourré demandera tout de même un peu plus tard si le tableau n’avait pas été coupé. Le contexte énoncé par Le Figaro sur la perte de ce tableau reste trouble comme le rapporte le journal américain: « Madonna a acheté le tableau à Sotheby’s en octobre 1989. Une porte-parole de Sotheby’s, Mitzi Mina, a déclaré que le tableau vendu en 1989 était décrit comme une réplique et que l’original « Diane et Endymion » avait été détruit lors d’un raid aérien en 1918. Elle a refusé de commenter qui était le vendeur du tableau, mais a déclaré qu’il s’était vendu pour 440 000 $. » Le Figaro, lui, évoquait plutôt une somme autour d’1,1-1,3 million d’euros. Mais la porte-parole de la maison de ventes l’assure: « Sotheby’s procède à des expertises approfondies pour s’assurer que ses pièces sont authentiques et n’ont aucun obstacle juridique ou ne sont pas volées. » L’entreprise spécialisée dans les ventes aux enchères consulte « les meilleurs experts dans le domaine, comme ce fut le cas en l’occurrence », assure Mitzi Mina au New-York Times.
« Le Musée de Picardie, construit entre 1855 et 1867, fut le premier bâtiment en France spécifiquement conçu pour être un musée des beaux-arts, et sa collection comprend aujourd’hui des objets archéologiques provenant de sites préhistoriques, des sculptures et de l’art du XVe au XXe siècle. Cinq ans après l’ouverture du musée, en 1872, le Louvre prête « Diane et Endymion », œuvre néoclassique commandée en 1817 et livrée en 1822, à la Picardie, précise François Séguin, conservateur du musée. L’expert a déclaré que le tableau ne figurait pas dans le catalogue du musée en 1911, bien qu’il ait pu être rangé dans un entrepôt et non exposé. »
D’autres spécialistes ont déclaré que la disparition du tableau s’était très probablement produite lors d’un bombardement aérien en mars 1918, lorsqu’une torpille a frappé le musée. L’attaque a causé d’importants dommages au bâtiment et à ses œuvres d’art, « mais « Diane et Endymion » n’est pas inclus dans la liste des œuvres qui ont été détruites dans les bombardements. L’œuvre aurait pu disparaitre avant ou après le bombardement » précise François Séguin.
Le Louvre, responsable des investigations en cas de doute sur l’origine du tableau de Madonna
« Malgré l’affirmation de Brigitte Fouré, François Séguin a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve suggérant que le tableau de Madonna était le même que celui qui avait été perdu. A l’époque, les experts du Louvre ont conclu que la pièce, qui contrairement à la pièce d’Amiens était non signée et non datée, n’était pas la même que la pièce manquante » rapporte le New York Times.
« C’est pourquoi le tableau a pu traverser l’Atlantique, être vendu à New York puis acquis par Madonna » , déclare François Séguin. Et d’ajouter : « S’il y avait un doute sur la version conservée par Madonna, ce serait au Louvre d’effectuer d’éventuelles investigations. Le musée d’Amiens n’est qu’un dépositaire. »
« Brigitte Fouré a déclaré dans une interview que son objectif était de donner aux habitants d’Amiens une chance de voir l’œuvre manquante. Même si le tableau de Madonna n’était pas le même que celui manquant, la maire d’Amiens a précisé qu’elle s’attendait à ce que les habitants soient émus par son appel. Elle a reconnu qu’il était quelque peu inimaginable qu’une superstar comme Madonna, qui se produira à Paris en novembre prochain dans le cadre d’une tournée mondiale, fasse un voyage à Amiens, une ville de 134 000 habitants. »
Mais elle garde espoir, nous rapporte le New-York Times : « Je serais très honorée de l’accueillir avec le tableau. »