Promesse de campagne de Brigitte Fouré et d’Alain Gest, la gratuité du bus, déjà en vigueur le samedi, ne devrait pas être étendue au mercredi de si tôt. « Dans l’état actuel des choses ça serait irresponsable » rappelait ce jeudi, le président d’Amiens Métropole lors du conseil d’agglomération.

Alain Gest, le président d’Amiens Métropole, rappelait ce jeudi 3 février l’impossibilité financière de l’agglomération à financer un jour gratuit supplémentaire pour les usagers des bus.

« À Amiens Métropole, on mettra bientôt le samedi avec… le mercredi » peut-on encore lire sur le site Internet de l’agglomération. « La gratuité des transports en commun le samedi avait été actée en juin 2019 avec le lancement du nouveau réseau de bus. Elle s’étendra au mercredi » .

Mais ce jeudi 3 février, lors du conseil d’Amiens Métropole, les promesses de campagne semblaient bien loin. En marge des discussions concernant le vote du budget de l’agglomération en 2022, le groupe Amiens c’est l’tien, proposait d’utiliser la hausse des recettes fiscales de l’agglomération pour financer la gratuité des bus le mercredi. Un amendement rejeté par le président de l’agglomération malgré une promesse de campagne que l’opposition lui a largement rappelée.

« Vous prévoyez de dégager une recette fiscale supplémentaire de 8,2 millions d’euros. Nous proposons qu’Amiens Métropole profite de la hausse des taux de ses impôts fonciers, et des recettes fiscales ainsi engendrées, pour permettre la mise en œuvre de la gratuité du bus le mercredi » demandait François Décavé, élu du groupe d’opposition de gauche, ce jeudi au Coliseum. Avant de proposer une subvention supplémentaire d’1 million d’euros au budget consacré aux transports « pour permettre la mise en place de la gratuité du bus un jour par semaine, soit le mercredi comme la majorité s’y était engagée. »

« Une délibération qui prend une drôle de tournure »

Amendement auquel le groupe Amiens c’est l’tien s’est vu répondre par une fin de non-recevoir. « Ce que vous proposez c’est de faire passer l’aide au budget transports de 1,250 à 2,250 millions d’euros » a répondu Alain Gest avant de rappeler l’impact de la crise sanitaire sur le niveau du versement mobilité des entreprises et des recettes des voyageurs. Une gratuité qui impliquerait de « réduire les recettes voyageurs dans les mêmes proportions » a surenchéri le président de l’agglomération, prenant appui sur la déduction de la TVA, primordiale pour la collectivité. Cette déduction de la TVA est possible si  « un taux de couverture des dépenses d’au moins 10 % est assumé par les voyageurs« . Dépasser ce taux impliquerait de perdre cette déduction de la TVA par l’Etat: « augmenter l’investissement nous situerait en dessous de cette barrière et nous couterait très cher » a t-il précisé.




Outre le samedi, gratuit pour tout le monde, « une tarification solidaire » existe pour différents profils; étudiants, demandeurs d’emploi ou bien encore pour les personnes de plus de 70 ans non-imposables: « Nous sommes arrivés à un taux de gratuité extrêmement élevé, il y a près de 65% d’étudiants qui ne paient pas le bus« . Des explications qui n’ont pas convaincu l’opposition.

« Est-ce que M.Gest vous êtes en train de nous dire que la promesse de campagne que vous aviez faite n’est pas tenable ? Parce que ce n’est pas à nous de vous dire où aller trouver l’argent ! »

Evelyne Becker, élue d’opposition Amiens c’est l’tien

 

 

« Vous aviez très certainement chiffré ce mercredi que vous avez promis aux amiénoises et amiénois » a rappelé l’élue LFI. Mais la réponse d’Alain Gest ne s’est pas faite attendre:

« Madame Becker vous vivez surement sur un autre planète et vous n’avez certainement pas traversé l’épidémie comme la totalité des français et ses conséquences économiques »

Alain Gest, président d’Amiens Métropole

Pour le président de l’agglomération la remise en cause du versement mobilité (par le MEDEF- dont il se fait l’écho) nous force à la vigilance. « Ca n’est vraiment pas le moment d’aller vers des choses qu’on ne saurait financer« , précision qui n’a pas franchement satisfait Renaud Deschamps.

Renaud Deschamps, élu ‘Amiens au coeur’, ce jeudi 3 février, lors du conseil d’agglomération au Coliseum.

L’élu d‘Amiens au coeur n’a pas hésité à repousser Alain Gest un peu plus dans ses retranchements: « C’est une délibération qui prend une drôle de tournure[…] Vous avez dit Monsieur le président « je ne vais pas faire de pirouette » mais vous en faites une petite… vous êtes un homme courageux Alain Gest ! Et j’aimerais que vous fassiez preuve de courage, est-ce que vous allez abandonner cette promesse de campagne ? »

« Dans l’état actuel des choses ça serait irresponsable »

Alain Gest, au sujet de la gratuité du bus le mercredi

Une conclusion a cette promesse faite dans le cadre des élections municipales de 2020 qui n’a pas réjoui les élu-es qui attendaient une réponse ferme. La gratuité du réseau de bus n’est pourtant pas la priorité. Les dysfonctionnements à répétition des bus électriques du fabricant Irizar sur le réseau ont poussé Amiens Métropole à s’orienter vers les bus roulant au biogaz.


En 2022, 3 millions d’euros seront consacrés à l’achat de matériel roulant. D’ici à 2023, l’agglomération prévoit l’achat d’une vingtaine de bus roulant avec du biogaz, énergie issue de la fermentation de matières organiques végétales ou animales extrêmement inflammables.