Le député européen et candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, présentait les grandes lignes de son programme ce week-end à Lyon. Il était à Lille ce mardi pour détailler ses propositions fraichement publiées sur son site de campagne.

Ce mardi 1er février lors du meeting en plein air de Yannick Jadot, à Lille.

Ce week-end, à Lyon, Yannick Jadot a tracé le pourtour de son programme. Dans la troisième ville de France remportée par les écologistes aux dernières élections municipales, le député européen d’Europe Ecologie Les Verts, a déroulé son « programme des possibles« . Baisse du temps de travail, ISF climatique, consolidation du service public, le candidat s’appuie sur des propositions plutôt modérées sur le plan écologique et proches du centre-gauche sur le plan social; une candidature de plus parmi les sociaux-démocrates ?



Travail et justice sociale 

Yannick Jadot l’a assuré, ce samedi à Lyon, s’il est élu, il s’engage à supprimer « la réforme récente de l’assurance chômage, injuste et culpabilisante pour les chômeurs ». Emmanuel Macron avait fait passer la réforme en coup de force contre l’avis du Conseil d’Etat et malgré les occupations et manifestations dans les lieux de culture en pleine crise sanitaire. Mais le député européen va plus loin et veut également restaurer le critère de pénibilité dans le calcul des droits à la retraite.

« Il y a dans notre pays une injustice inacceptable qui fait qu’un pauvre vit 13 ans de moins qu’un riche ! 13 ans d’espérance de vie en moins ! » 

Yannick Jadot, à Lyon, le 29 janvier.

Yannick Jadot, ce samedi à Lyon, lors de la présentation de son programme pour l’élection présidentielle.

Pour l’écologiste, les français travaillent trop et organisent mal leur temps de travail: « Nous irons de nouveau par la réduction de ce temps de travail par une grande négociation nationale. Cette réduction du temps de travail permettra à chacune et à chacun de s’octroyer du temps libre tout au long de la vie active » a t-il précisé.

« Ça peut être la semaine de 32h, la semaine de 4 jours, 6 mois tous les 5 ans, 1 an tous les 10 ans. Ce sera aux partenaires sociaux et aux citoyens d’en décider. »

Yannick Jadot, à Lyon, le 29 janvier.

Dans les entreprises, Yannick Jadot veut également « mettre plus de démocratie […] Notre modèle c’est l’Allemagne. Nous voulons que les salariés représentent 50% des conseils d’administration. » Mais les écologistes ne s’arrêtent pas là et veulent également instaurer un impôt climatique sur la fortune qui taxera « les patrimoines supérieurs à 2 millions et qui comportera un malus pour les actifs financiers et immobiliers nuisibles pour le climat. On arrêtera les dérogations, les exceptions, les exonérations. Il rapportera 15 milliards d’euros » s’est-il enthousiasmé.



Climat et énergie

Concernant la lutte contre le réchauffement climatique Yannick Jadot est au diapason avec les exigences européennes visant à réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et permettant de contenir le réchauffement à moins de 1,5°C d’ici la fin du siècle. A titre de comparaison, Emmanuel Macron s’est engagé lui sur une simple baisse de 40% d’ici 2030. « Je serai le président du climat, assure le candidat, celui qui respectera les engagements de la France aux accords de Paris : rester sous les 1,5°C de réchauffement à la fin du siècle. »

Le candidat EELV a également précisé sa stratégie énergétique dans un contexte de forte augmentation du prix des énergies: « En plus des 7 parcs éoliens en mer à venir, nous déploierons 3 000 éoliennes terrestres supplémentaires avant 2027, réparties équitablement sur le territoire et implantées dans le respect des paysages, de la biodiversité et des habitants. »

Sur le plan de l’énergie solaire, le candidat promet 340 km² de panneaux solaires supplémentaires d’ici 2027 en priorité sur les bâtiments et les parkings.



Service public

Concernant la décrépitude du service public, Yannick Jadot s’est engagé à recruter « plus de 200 000 personnes » supplémentaires.

« Aux 10 000 recrutements de policiers prévus, nous ajouterons 100 000 infirmières, 3 000 magistrats, 8 000 agents de
tribunaux, 65 000 enseignants scolaires et 8 000 à 10 000 enseignants universitaires. »

Yannick Jadot, à Lyon, le 29 janvier.

A Lyon, le candidat Yannick Jadot a dévoilé un programme mesuré.

Quant à la rémunération des enseignants, le candidat a promis, en cas de victoire, une augmentation en moyenne de 20%.

« Parcoursup avec nous, c’est terminé. »

Yannick Jadot, à Lyon, le 29 janvier.

« Nous créerons 60 à 100 000 places d’étudiants et 10 000 postes d’enseignants chercheurs. Nous inscrirons dans la loi le principe constitutionnel de quasi gratuité d’accès à l’enseignement supérieur. Nous mettrons fin au saccage de l’enseignement supérieur pour rattraper nos voisins.  »

Le candidat a également évoqué le cas de l’hopital public dont l’état s’est fortement dégradé sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. « Nous sauverons l’hôpital public qui est au bord du gouffre. En le sortant de sa logique comptable dans laquelle les gouvernements l’ont enfermé depuis des décennies. Nous lui donnerons les moyens de ses missions. La dette des hôpitaux publics sera reprise, le nombre de lits sera augmenté en fonction, et simplement en fonction mais c’est une évidence, des besoins réels de la population.  » Avant de rappeler  qu’ « aujourd’hui, une commune sur trois se situe dans un désert médical – c’est autour de 8 millions de personnes dans notre pays – faute de personnel« . En effet, le nombre de personnes vivant dans un désert médical a fortement augmenté sous le quinquennat d’Emmanuel Macron passant de 3,8 à plus 7,4 millions de personnes.

Transports et logement

Premier secteur d’émission de gaz à effet de serre en France, les transports renvoient à des enjeux écologiques primordiaux mais aussi sociaux et économiques. « Ils représentent aussi une dépense très lourde pour les Français. 18 millions d’entre eux dépendent de la voiture au quotidien. Je viens de Picardie, de l’Aisne, je sais ce qu’est la dépendance à la voiture. Je sais que dans beaucoup de territoires, nous ne pouvons pas aujourd’hui nous passer de la voiture » .

Les transports contribuent à un drame sanitaire : la pollution tue jusqu’à 100000 personnes par an selon certaines estimations. C’est plus que le tabac, que l’alcool, beaucoup plus que les accidents de la route.

Pour réduire cet impact néfaste pour l’environnement « l’accès à des transports collectifs de qualité et à des modes de transport doux conditionnent notre capacité collective à sortir du tout-voiture » a précisé le candidat. « Nombre de Françaises et de Français sont prêts à changer de logiciel, à condition qu’on leur propose des alternatives, des solutions viables pour organiser leur quotidien. C’est donc l’ensemble des transports collectifs qu’il faut soutenir davantage sur le quinquennat, avec 5 milliards d’euros d’investissements pour étendre les lignes desservies, améliorer le confort et la fréquence. Nous baisserons la TVA à 5,5% sur les transports collectifs. »

L’écologiste promet également un investissement de 4 milliards d’euros par an dans le ferroviaire, un investissement qui « permettra aussi de relancer 15 nouvelles lignes de trains de nuit » .

Côté vélo, le candidat s’est engagé à augmenter « de 500 millions d’euros par an le fonds vélo. Et chaque jeune, comme c’est ici (à Lyon NDLR) expérimenté, se verra prêter un vélo s’il le souhaite, un vélo réparé ou de production française. Enfin, et ce n’est pas rien, nous interdirons la vente de véhicules neufs avec un carburant fossile en 2030. C’est clair, c’est net. Le résultat, c’est qu’en quelques années, le parc sera majoritairement électrique, alimenté au biogaz ou à l’hydrogène vert. Le résultat, c’est une division par 4 de l’impact carbone des véhicules particuliers et utilitaires en France » .

Concernant le logement, le député européen veut s’attaquer aux passoires énergétiques et propose d’investir 10 milliards d’euros par an dans la rénovation thermique des logements. Il espère ainsi contribuer à rénover les « 5 à 7 millions de passoires thermiques » du pays. En France, d’après la fondation l’Abbé Pierre qui lutte contre le mal-logement, 12 millions de personnes souffriraient de précarité énergétique.

Le programme complet du candidat écologiste –>