Organisé tous les deux ans par la Fédération des Usagers de la Bicyclette afin d’évaluer le niveau de satisfaction des cyclistes, le baromètre des villes cyclables vient de publier les résultats de sa dernière édition. Amiens stagne toujours à la lettre F. Comme en 2019, le climat vélo y est jugé défavorable par les participants. Un constat plutôt sévère pour la municipalité qui a fait quelques efforts pour favoriser l’utilisation du vélo sans constater d’évolution flagrante.

Le Baromètre des villes cyclables 2021-2022 classe Amiens dans le fond du panier. La ville stagne à la lettre F, un climat vélo jugé défavorable comme en 2019. Photo DR/FB Picardie

L’enquête réalisée en ligne entre le 14 et le 30 novembre 2021 réunit plus de 275 000 participations à travers tout le territoire. Pour sa dernière édition le Baromètre des villes cyclables a pu classer pas moins de 1625 communes. Le nombre de communes classées est en très nette augmentation. En effet, lors de la précédente enquête de satisfaction auprès des usagers du vélo, la FUB n’avait pu classer que 768 communes. Pour faire partie du classement, une ville doit rassembler un minimum de 50 réponses.

A Amiens si la participation entre l’édition de 2019 et 2021 semble en baisse, elle est en réalité en légère augmentation et se répartit sur trois autres communes de l’est amiénois désormais classées. Camon, Rivery et Longueau font ainsi leur entrée dans le classement. « Nous avons vraisemblablement affaire à un report de participation d’Amiens vers les communes environnantes, » précise Paul Moitier, président de l’association amiénoise de défense des cyclistes Véloxygène. « Ainsi, sur l’ensemble des communes Amiens Métropole classées, on passe de 936 à 1059 réponses valides, signe de l’engouement pour le vélo aussi chez nous »

Mais pour Véloxygène « la position d’Amiens reste cependant décevante : déjà mal placée en 2019, notre ville reste dans le peloton de queue de sa catégorie, malgré une légère amélioration de sa note. La politique cyclable d’Amiens Métropole n’a de toute évidence pas retenu les suffrages des usagers de la bicyclette et reste largement en retrait de ce qui est attendu »

« Les principales critiques du réseau amiénois sont l’absence d’alternative en cas de travaux et le manque de sécurité (comme au niveau national) auquel il faut ajouter le manque d’écoute des usagers« , toutefois la note concernant l’effort politique de la ville a sensiblement augmenté passant de G à F entre 2019 et 2021, signe d’une meilleure prise en compte des cyclistes amiénois. Une prise en compte encore trop faible pour l’association.

« Si les doubles sens cyclables sont reconnus comme une amélioration, la sécurisation des carrefours n’a pas convaincu : elle s’est cantonnée à quelques réalisations, certes de qualité, mais ne constituant qu’une finalisation et régularisation des travaux du BHNS, » détaille Paul Moitier. « En parallèle, trop de points rouges subsistent et même si de nouveaux aménagements de qualité ont vu le jour – les pistes cyclables bien séparées sont plébiscitées- leur raccordement (carrefours donc) avec le réseau routier est trop souvent inachevé, ce qui désarçonne la sécurité attendue par ces nouveaux aménagements »

En rouge les points problématiques, en vert les améliorations correspondant par exemple à la transformation des « coronapistes » en pistes cyclables permanentes ou au nouveau marquage au sol quoiqu’un peu accessoire.

Le manque d’homogénéité entre les infrastructures et de sécurité seraient les deux principales causes de l’insatisfaction des cyclistes de l’agglomération. Un constat dont la municipalité d’Amiens est consciente. Pour Bruno Bienaimé, adjoint au maire à la promotion du vélo, les changements qui vont s’opérer dans les prochaines années pour les cyclistes seront largement visibles. « Les Amiénois se rendent compte qu’il y a déjà beaucoup d’efforts réalisés mais ce n’est qu’un début et la ville aura un tout autre visage dans 2 ou 3 ans » Les exigences des cyclistes de plus en plus précises rendent la tâche d’autant plus ardue pour les collectivités qui avancent parfois en ordre dispersé.

Si la municipalité d’Amiens montre une réelle préoccupation pour favoriser l’usage du vélo, Amiens Métropole relâche ses efforts en matière d’aménagement et d’aide à l’achat. Fin 2021, l’agglomération a été condamnée par le Conseil d’Etat pour un manque d’infrastructure cyclable dans certaines artères récemment refaites. De plus, la prime pour l’achat d’un vélo a par ailleurs été supprimée par l’agglomération la jugeant beaucoup trop couteuse. Le succès de ces primes octroyées toute l’années 2021 dans l’agglomération est pourtant à rappeler. Les municipalités et Amiens Métropole avaient prévu 168 500 et 120 000 euros, elles se sont retrouvées avec une ardoise de près d‘un million d’euros d’aides à verser aux cyclistes amiénois qui ont fait l’achat d’un nouveau vélo pendant cette période. Une aide que la municipalité pense courageusement renouveler pour 2022.

Les balades à vélo dans le chemin de halage à travers les Hortillonnages, un classique du dimanche amiénois. Photo Somme Tourisme

Camon mieux notée

Avec 85 participations, Camon obtient un score un peu plus élevé qu’Amiens, Rivery et Longueau. La ville dont le vice-président aux transports d’Amiens Métropole, Jean-Claude Renaux est maire, obtient la note E correspondant à un climat plutôt défavorable mais légèrement mieux que les trois communes de l’agglomération classées dans le baromètre des villes cyclables.

Une drôle de coïncidence pour l’élu communiste qui n’a jamais montré un grand intérêt pour les cyclistes. D’après les participants, les conflits entre les véhicules motorisés à Camon sont moins récurrents que dans Amiens, Rivery et Longueau. La circulation y est plus paisible. Camon est aussi une ville un peu mieux pourvue en infrastructures cyclables notamment autour des Hortillonnages. Le cadre y est plus propice que dans le centre-ville à une balade à vélo en famille.

Amiens et Camon sont les deux communes où le stationnement des cyclistes est le mieux noté.

Grenoble, capitale française du vélo

Strasbourg a perdu ce jeudi soir sa place de première grande ville cyclable de France selon  la 3e édition du baromètre des villes cyclables. Pourtant les strasbourgeois n’ont jamais donné une aussi bonne note au baromètre des villes cyclables depuis que la FUB a créé cet outil de mesure : 4,18 (sur 6), en progression depuis la dernière enquête il y a deux ans (4,02).

Néanmoins, c’est aussi l’édition où elle doit laisser sa première place. Grenoble s’est hissée à la tête de classement, a annoncé ce jeudi soir, la FUB au congrès national, à Tours. La « capitale des Alpes » a dépassé Strasbourg, qui demeure toutefois en tête de sa catégorie, celle des villes de plus de 200 000 habitants.