Au lendemain de la motion de rejet votée lundi à l’Assemblée nationale contre la loi immigration, à Amiens, « l’Action Française » revendiquait ce mardi un hommage à Thomas P., l’adolescent de 16 ans tué à Crépol, dans la Drôme.

A Amiens, le 29 novembre lors du rassemblement pour Thomas P. de Crépol. Un hommage revendiqué par « l’Action française » © Capture « Action Française » Amiens

Une publication cette semaine qui permet aux militants d’extrême-droite de relancer le débat xénophobe porté par le ministre de l’Intérieur, désavoué par sa propre majorité. Cinq élu-es macronistes n’étaient pas présent-es lors de la motion de rejet votée par 270 voix contre 265. Une commission devrait cependant proposer un nouveau texte la semaine prochaine qui pourrait se durcir.

Ils ont entre 18 et 30 ans à peine. Et si certains de ces militants d’extrême-droite sont plus âgés, ils ne composent pas la grande majorité qui était rassemblée ce 29 novembre, à Amiens, en hommage à Thomas P., l’adolescent tué à Crépol, dans la Drôme. A Amiens, « l‘Action Française » , formation royaliste, extrémiste et xénophobe bien connue, héritière des antidreyfusards, a attendu que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, soit désavoué par sa propre majorité ce lundi à l’Assemblée nationale, pour publier une vidéo revendiquant leur rassemblement en hommage à l’adolescent.

Des images qui rappellent des heures obscures de notre histoire.

« Thomas nous n’avons pas su te protéger. Nous n’avons pas su protéger cette France rurale, cette France enracinée. Mais demain dans notre engagement nous réussirons. » 

« L’Action Française » à Amiens a revendiqué le 12 décembre un hommage à Thomas P., suite à la motion de rejet de la loi immigration portée par G.Darmanin.

Une publication des militants d’extrême-droite ce mardi 12 décembre à Amiens qui intervient malgré les informations rapportées par Le Parisien et France Info quant au meurtre de Thomas de Crépol. Des informations capitales qui permettent de nuancer le contexte qui tendrait davantage vers un débordement en fin de soirée plutôt qu’à une rixe préméditée aux relents d’un séparatisme raciste, comme le laissaient croire certains représentants d’extrême-droite.

Une instrumentalisation du fait divers dénoncée par la gauche amiénoise lors de l’annonce du rassemblement par l’extrême-droite locale. Plusieurs organisations de la gauche locale condamnaient la banalisation de l’extrême-droite et le manque de réactivité du gouvernement face aux violences à Romans-sur-Isère, Lyon ou Angers commises par « des activistes d’extrême-droite venus de toute la France parmi lesquels des identitaires, des néo-nazis et des fascistes […] Nous condamnons aussi la banalisation de cette famille politique regroupant des royalistes, des antisémites des identitaires et autres groupuscules fascistes et des néo-nazis par des personnalités politiques et publiques mais aussi par la presse bourgeoise, complice, mettant sous le tapis leurs exactions et les regroupant sous le terme « ultra-droite. » 

« Cette Banalisation nous avons pu la constater à Amiens alors qu’une association étudiante conviait un député d’extrême-droite à l’Université de Picardie Jules Verne dans le cadre d’une conférence ou encore par la présence régulière de stickers racistes et fascistes dans la ville. »

« Le fascisme c’est la gangrène, à Santiago comme à Amiens »

Les principales organisations de la gauche amiénoise suite à l’appel au rassemblement de l’extrême-droite locale, en hommage à Thomas P. de Crépol.

Mais bien plus grave qu’un simple gribouillis raciste, le rassemblement organisé par l’extrême-droite amiénoise le 29 novembre et revendiqué par « l’Action française » ce mardi 13 décembre, est une façon d’instrumentaliser la mort de Thomas P. mais aussi de manipuler et maintenir l’opinion éveillée sur le sujet.

« Nous refusons l’instrumentalisation de la mort d’un enfant par l’extrême-droite la plus rance […] Le fascisme c’est la gangrène à Santiago comme à Amiens » écrivaient les principales organisations de la gauche amiénoise, détournant la chanson de Renaud dans un communiqué, quelques heures avant le rassemblement de l’extrême-droite amiénoise.

Si la publication de « l’Action française » sur ses réseaux, intervenant quelques heures après l’échec de Gérald Darmanin, pourrait être fortuite, interrogés, les militants n’ont pas souhaité répondre.

Difficile de ne pas y voir une allusion indirecte. Malgré le rejet, la loi immigration n’est pas mise hors d’état de nuire. La motion de rejet des écologistes votée contre la loi immigration ce lundi, ne signifie pas la fin de son parcours parlementaire. Le gouvernement dispose toujours de plusieurs moyens pour imposer le texte de Darmanin tout comme il peut l’enterrer ou le durcir.

C’est ce que semble indiquer la voie choisie par le gouvernement qui va réunir des députés et sénateurs au sein d’une commission mixte paritaire lundi 18 décembre, pour formuler un texte et proposer une version commune qui sera représentée de nouveau au Parlement.

Mais cette commission est le reflet de l’Assemblée nationale et du Sénat -à droite- et pourrait faire craindre un durcissement de la loi; elle est composée de 3 LR, 2 membres de la majorité (Renaissance et UDI) et 2 PS du côté du Sénat.  Et pour l’Assemblée, 4 députés macronistes, 1 LR, 1 RN et 1 LFI.