Suite aux événements survenus vendredi dernier au centre social d’Etouvie, le personnel a décidé de faire valoir son droit de retrait « jusqu’à ce que des mesures concrètes de sécurité soient déployées par les décideurs publics. » Dans une lettre ouverte, l’équipe du centre social, esseulée, alerte les pouvoirs publics de la détresse et de la violence auxquelles elle doit faire face.
Lettre ouverte aux décideurs publics
« En raison d’agressions verbales et physiques, d’un climat d’insécurité provoqué et voulu par un noyau de mineurs et jeunes adultes, les salariés du Centre Social et Culturel d’Étouvie exercent leur droit de retrait.
La structure restera fermée jusqu’à ce que des mesures concrètes de sécurité soient déployées par les décideurs publics. Nous déplorons cette situation et ne permettrons pas que la violence et l’insécurité s’installent dans nos locaux. Nous veillons à la sécurité de tous et refusons d’accueillir tout comportement violent et inapproprié.
Depuis février dernier nous alertons les collectivités locales et institutionnelles de ce climat délétère qui s’intensifie. Des pistes ont été évoquées avec le soutien des services de l’État et de la CAF de la Somme, nous avons rencontré Monsieur Mouchel-Blaisot, Préfet de la Somme, récemment en fonction sur notre territoire qui nous a apporté une écoute active et concernée, mais les applications concrètes et effectives tardent, la tension monte chaque jour.
Le 27 octobre dernier une journée consacrée aux menstruations et au fonctionnement du corps féminin dans l’ambiance d’Halloween se déroulait. Malgré le succès de cette journée, la soirée a dû être annulée. Les raisons de ce renoncement sont des menaces proférées à l’encontre du personnel et des locaux, sans lien avec l’événement et les sujets abordés lors de la journée.
Une intense émotion s’est emparée de tous, travailleurs sociaux, bénévoles, public, devant les violences et menaces adressées aux salariés, provoquant la mise en retrait de l’ensemble des employés.
Nous sommes pris au piège d’un groupe de jeunes de 16 à 25 ans qui revendique et force l’accès à notre structure.
Le CSC ne peut à lui seul absorber cette détresse même si nous l’entendons et la comprenons. Il ne peut pas non plus tout accepter.
Nous sommes une des rares structures à se mobiliser quotidiennement pour accompagner cette tranche d’âge. La drogue est omniprésente sur le territoire. Ces comportements nuisent aux actions, à notre travail et à l’engagement collectif. Il est très régulier que ce groupe affiche comme menace d’incendier le CSC, cela finira par arriver si nous ne réagissons pas. La peur des représailles empêche la dénonciation des incivilités, les publics ont peur et les fréquentations du CSC s’en ressentent.
Nous appelons les pouvoirs publics à réagir en consacrant les moyens nécessaires à la restauration de la sérénité au sein du CSC et dans le quartier.
Nous avons besoin: de renforts de personnel pérenne, du renforcement de la sécurité dans le CSC, du déploiement de travailleurs et travailleuses sociaux pour le quartier, d’une présence plus importante des services publics et d’ordre.
Nous ne pouvons continuer d’accompagner les publics avec un recours massif aux missions de service civique et contrats aidés par manque de moyens financiers. Il faut du personnel qualifié, expérimenté et pérenne, les salariés sont usés par cette situation.
Dans son projet associatif, le CSC est ouvert à tous. Nous sommes en accompagnement des besoins des habitants mais certainement pas des comportements agressifs, insultants, illicites ou violents. Il est inconcevable pour nous de subir cette pression quotidienne, allant même jusqu’à être agressés physiquement dans l’exercice de nos fonctions alors que notre seul objectif est d’œuvrer pour le quartier et d’améliorer les conditions de vie des habitants.
Nous ne dénonçons pas seulement cette insécurité pour notre structure mais pour l’ensemble du quartier et de ses habitants
Nous devons agir avec toutes les forces vives que sont la police, les partenaires locaux et institutionnels. Sans concertation entre tous, l’insécurité persistera. Nous invitons tous les partenaires qui se sentent concernés par cette question à se rapprocher du CSC.
Cela ne peut plus durer ! N’oublions pas que ce sont les habitants d’Étouvie qui sont les premières victimes de ces incivilités.
Le CSC apprécie les nombreuses marques de soutien formulées à travers les réseaux sociaux, appels, et se réserve le droit de communiquer en concertation ultérieurement, et de la manière qu’il entend. »
L’équipe du CSC Étouvie et ses administrateurs, Amiens, le 01 Novembre 2023