Ce jeudi 28 janvier, lors du conseil municipal, les élu-es Amiens c’est l’tien relevaient le peu de noms féminins dans les rues de la ville. Alors qu’une voie et une placette viennent d’être baptisées, avenue Valery-Giscard-d’Estaing et place Jean-Christophe Parisot-de-Bayard. L’attribution de ces toponymes masculins fait suite à deux autres qui l’étaient tout autant, l’avenue François Mitterrand et le pont Jacques Chirac. Des choix que déplore Fabien Voulminot, élu du groupe d’opposition:

Elles représentent un peu plus de 50 % de la population et pourtant seulement 6 % de nos rues, plutôt 4 % à Amiens, portent des noms de femmes.

« La proclamation par Emmanuel Macron de l’égalité femme-homme comme une des grandes causes de son quinquennat aurait dû vous sensibiliser à la question » rappelle t-il aux élu-es. « Si la parité dans l’espace public semble un objectif déraisonnable, on peut imaginer baptiser les nouvelles voies avec des noms de femmes qui, par leurs actions, le mériteraient.  »

Rue Victorine Autier, l’un des rares noms de rue féminins à Amiens. Simone Veil et Nicole Fontaine en font également partie.

« Déraisonnable parité » ?

La remarque est timide et nous laisserait presque croire qu’il n’y a guère autant de femmes méritantes que d’hommes. Pourtant, comme le fait remarquer l’élu, elles sont aussi nombreuses. La façon dont on raconte l’Histoire, les figures (souvent masculines) que l’on y met en scène et en valeur à travers le récit historique, est formatée par le point de vue de celui qui nous transmet les faits et qui en use même parfois. La domination se nourrit d’oublis et ça n’est pas parce qu’on ne connait pas le nom des femmes « méritantes » qu’il n’y en a pas, c’est surtout qu’on ne les a pas cherchées.

La maire, Brigitte Fouré, a répondu que les femmes étaient mises aussi à l’honneur: « Autant que nous le pouvons nous choisissons des noms de femmes. D’ailleurs Alain Gest me le faisait remarquer, les noms de la ZAC de Renancourt par exemple, respectent la parité. » Les deux nouvelles appellations de l’avenue et la place viennent honorer deux personnes récemment décédées, a-t-elle ajouté.

Mais du côté de l’opposition, la remarque de Fabien Voulminot sur la féminisation des noms de rues fait du remous et apparait comme « un coup de comm’ à côté de la plaque » pour Renaud Deschamps, bien loin des préoccupations des habitants.

Rue Colbert, les Noirs et les autres ?

Si la maire d’Amiens balaie aussi vite le sujet c’est que la voie peut mener à bien des turpitudes. Cet hiver une pétition demandait: « FAUT-IL DÉBAPTISER LA RUE COLBERT, ET RENDRE HOMMAGE AUX COMBATTANTS AFRICAINS ? »

Ca n’est pas la poignée de signataires qui fera reculer l’élue dans le choix des toponymes mais les questionnements semblent bien titiller certain.es, désireux de voir dans l’espace public des représentations et figures plus variées.