Plus de 22 000 personnes demandent la déprogrammation de l’exposition de Bastien Vivès au Festival d’Angoulême qui se tiendra du 26 au 29 janvier 2023. Le dessinateur de BD est accusé « de banaliser et de faire l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité à travers ses œuvres et ses propos. » Pour la direction du festival, une déprogrammation « serait une défaite philosophique énorme. »

Couverture de la bande dessinée ‘Petit Paul’ de Bastien Vivès, parue aux éditions Glénat en 2018.

Signée par plus de 22 000 personnes, la pétition demandant la déprogrammation de l’exposition du dessinateur « Dans les yeux de Bastien Vivès » a été initiée par Arnaud Gallais, membre de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE) et de Be Brave France, un mouvement international rassemblant des victimes. Il dénonce « la banalisation et l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité organisées par le dessinateur de BD Bastien Vivès à travers ses ouvrages et ses propos dangereux. » Une nouvelle demande qui fait suite à une première pétition « d’étudiants en lutte » de la faculté d’Angoulême demandant le retrait de l’exposition de l’auteur au nom de la misogynie de ses œuvres et de ses publications.

Outre des déclarations et publications régulières sur les réseaux sociaux qui font parfois polémiques; c’est la bande dessinée Petit Paul, publiée en 2018 dans « Porn’Pop », collection pornographique lancée par Glénat, qui avait fait l’objet d’une pétition. Petit Paul raconte l’histoire d’un enfant doté d’un sexe énorme qui se fait violer. « Présenté par son auteur comme un livre humoristique, mais se voulant excitant car basé sur ses fantasmes, Petit Paul montre les péripéties d’un enfant de 10 ans avec un énorme pénis que vont utiliser bon gré mal gré les femmes de son entourage » , dénonçait la pétition à l’époque, rappelant l’article 227-23 du code pénal interdisant les représentations à caractère pornographique de mineurs.

Lors de la polémique, en 2018, les éditions Glénat avaient réfuté l’accusation par communiqué et avaient rappelé que pour être qualifiée de « pédopornographique » , il manquait deux choses à l’œuvre,  le réalisme et l’incitation. « Aussi obscène et provocatrice qu’on puisse la considérer, cette œuvre de fiction (est) une caricature, dont le dessin, volontairement grotesque et outrancier dans ses proportions, ne laisse planer aucun doute quant à la nature totalement irréaliste du personnage et de son environnement. »  L’œuvre avait néanmoins été retirée des rayons de plusieurs grands distributeurs.

Interrogé par Libération, le dessinateur de 38 ans, se défend : « j’ai zéro fantasmes incestueux ou pédophiles […] moi mon fantasme, c’est l’hypertrophie des corps, masculins comme féminins ». Plusieurs déclarations du dessinateur à l’appui, des internautes de plus en plus nombreux tentent de prouver l’attitude dérangeante de Bastien Vivès. Des attaques de plus en plus violentes envers le dessinateur qui a menacé plusieurs fois de porter plainte pour diffamation: « Je m’intéressais en effet à un manga ouvertement pédoporno, en reconnaissant que le sujet était abject mais en étant sincèrement intéressé par un dessin que je trouvais extraordinaire. C’est calomnieux d’en déduire autre chose » . 

Avec 4 ans de plus, le dessinateur se réfugie toutefois derrière « sa jeunesse » et souligne « parfois des propos immatures et stupides sous couvert d’humour ». Toujours d’après Libération, le dessinateur salue la vague #MeToo sur le fait d’inciter « à mieux réfléchir avant de parler, à forcer à l’exigence, à n’avoir plus droit à la paresse avec des gags racistes et sexistes nuls ».

Si le caractère « trollesque » du dessinateur est reconnu jusqu’à la direction du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, il n’y a pas de quoi déprogrammer l’exposition de Bastien Vivès selon les organisateurs. Pour la direction du festival ça serait « une défaite philosophique énorme » et y voit une menace pour la liberté d’expression.

3 commentaires

  • TARDIVEL dit :

    Bonjour,
    tout philosophe digne de ce nom répondrait qu’une société qui n’a pas intégré l’interdit de l’inceste est une société malade. Quand la liberté d’expression ne doit pas servir de couverture à des pensées criminelles. A la réponse à côté et décalée de la direction du festival, je préfère encore le mea culpa de l’intéressé.
    cordialement,

  • tardivel dit :

    Bonjour,
    Tout philosophe digne de ce nom répondrait qu’une société qui n’a pas intégré l’interdit de l’inceste est une société malade. Quand la liberté d’expression ne doit pas servir de couverture à des pensées criminelles. A la réponse à côté et décalée de la direction du festival, je préfère encore le mea culpa de l’intéressé. Cordialement.

  • Preoppy dit :

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