Nous sommes en 2023 après Jésus-Christ. Toute la France est occupée par la vulgarité et la facilité… Toute ? Non ! Car un village peuplé d’irréductibles artistes résiste encore et toujours à l’envahisseur. Et la vie n’est pas facile pour les garnisons de légionnaires vulgaires des camps retranchés…

« Fautes de frappe » de Juliette Kapla. © YLL

Passée cette introduction facile (mais non vulgaire), on file dans son bureau pour chercher son agenda et faire des croix sur les dates du 11, 12, 13 et 14 mai 2023. En effet, il ne faut pas louper le festival Basse-Cour à Poulainville.
Exigeante et amusante, la programmation de ce festival est le gage de passer un très bon moment et de découvrir de nouveaux artistes.

Dix ans donc pour ce festival. Quand tu regardes dans le rétroviseur, quels sont tes sentiments ?
Émilie Gevart : Exactement , la première édition remonte à 2012. Mais en raison de la crise sanitaire, nous voici à la dixième édition. Le rétroviseur de ces dix éditions me renvoie beaucoup de couleurs, d’émotions, de visages… C’est une aventure chaleureuse et collective, c’est aussi un véritable rendez-vous un peu hors du temps. Pour y arriver, il y a chaque fois pas mal de stress et de boulot, d’organisation, c’est clair ( et on a heureusement une belle équipe de pros et bénévoles associés sur le coup). Et la peur à chaque fois de se rater, cette année-là. Le pire serait de tomber dans une forme de routine, quelque chose de convenu, alors on essaie chaque année de se réinventer, de prendre quelques risques dans la programmation, de proposer des nouveautés. Bon, forcément, au fil des années, les choses ont évolué, la programmation s’est étoffée, et nous sommes un peu plus rodés. Mais nous attendons chaque nouvelle édition comme un nouveau « bébé, qui ressemblera peut-être à ses aîné.es mais qui aura sa propre identité. Laisser de la place à l’imprévu et à la spontanéité. Ces sont des espaces de vie et de rencontres impromptues que nous tâchons de créer et d’ouvrir.

Comment s’est bâtie la programmation de cette dixième édition ?
Techniquement, nous avons reçu pas mal de propositions, et nous nous sommes réunis en comité pour arbitrer. Plusieurs critères entrent en compte au-delà de nos « goûts »: faisabilité technique, coût, fréquentation, et surtout nous recherchons une cohérence globale. Pour ces dix ans nous avons voulu prendre des risques. Peu d’auteurs connus, mais beaucoup d’audace, d’inventivité, de  surprise. Une édition très féminine aussi – mais pas seulement. Le langage est au coeur des différents spectacles : tantôt problématique, tantôt jouissive et festive, la parole est un enjeu fort. C’est aussi d’autres formes de langage qui circulent, avec par exemple, le spectacle dansé de Two Be, au sujet de la gémellité, ou des spectacles plus musicaux comme Verb.

Nous sommes ravis d’accueillir Juliette Kapla le premier soir dans son one woman show dyslexique qui donnera le ton de cette édition ! Canopée fut un coup de coeur collectif de l’équipe en Avignon. Il jouera le samedi soir, juste avant la soirée texte-échangiste. Et puis, soirée très poétique le vendredi, avec une graineterie de mots incroyable et … Bon, je ne peux pas parler de tous les spectacles, ils sont franchement tous merveilleux, il faut absolument tout voir ! D’ailleurs le pass est rentable dès deux spectacles. On peut manger sur place, et boire aussi. Pas d’excuse pour ne pas s’y attarder, c’est une belle parenthèse.

On vous a déjà dit que le spectacle de Cornebidouille était le meilleur spectacle au monde ?
Ah ! Oui, nous avons voulu marquer le coup avec Cornebidouille, qui fête ses cent représentations ! L’équipe est formidable, et on a vraiment de très beaux retours sur Cornebidouille. Les albums de Pierre Bertrand et Magali Bonniol sont inspirants, et les musiques de Julien Huet, extra. Bref tous les ingrédients sont là, et c’est un spectacle qui a une très belle vie. Nous le jouons maintenant dans toute la France, et même la francophonie puisqu’il tourne pas mal en Belgique…. nous avons joué l’été dernier à guichet fermé sur le festival d’Avignon… Et ce n’est pas fini. Jouer « à domicile », à Poulainville, ça s’est décidé un peu sur le tard, mais c’est un retour aux sources.

Alors ce n’est certes pas le meilleur spectacle au monde, mais on a de super retours, les enfants et aussi les plus grands l’adorent. Il y a quelque chose d’un peu magique, c’est sûr. Et c’est un bonheur de partager ça dimanche prochain pour la centième (et des plumes) !… Mais les autres spectacles de l’après-midi ne sont pas en reste, ça vaut vraiment la peine de prendre sa journée en famille.

Un mot pour définir ce festival ?
Youpi !

« Two be » par les Bourgeois de Kiev.

La sélection de La Bête

  • jeudi 11 mai à 20h30, Fautes de frappe de Juliette Kapla
  • vendredi 12 mai à 21h00, Two be par les Bourgeois de Kiev
  • samedi13 mai à 19h30, Canopée de Boris Vigneron
  • dimanche 14 mai à 11h00, Cornebidouille, Cie Le Poulailler

Toutes les informations sur l’édition 2023 sont sur le site officiel du festival.