A Amiens, les élues communistes dénoncent le manque de places en crèches municipales. Alors que de nouveaux quartiers voient le jour dans l’agglomération, les infrastructures suivent-elles vraiment ? Pour Zoé Desbureaux, il est urgent d’augmenter le nombre de places ou de construire une nouvelle structure.

Selon l’élue d’opposition, la municipalité aurait refusé 423 enfants car les crèches sont complètes. Une situation qui provoque le désarroi de certains parents.

La ville d’Amiens compte pas moins de 16 structures municipales. Pourtant, d’après l’opposition communiste, de nombreuses places dans les crèches manquent. © Amiens Métropole

« Nous avons été interpellées par des parents se sentant lésés quant au manque de places en crèches municipales. Certains d’entre eux, dont les enfants naissent après l’unique commission d’attribution des places se retrouvent totalement démunis voire sans solution d’accueil. Ils se voient répondre par les services qu’après la commission d’attribution du mois d’avril, une fois les contrats établis, il n’y a plus de places dans les structures, que les structures doivent être complètes dès la rentrée 2022, que les sections bébés sont complètes » rappelle Zoé Desbureaux.

Dans un mail du 8 décembre, une mère cherchant une place en crèche pour janvier 2023 confiait son désarroi aux services de la municipalité en charge du dossier, annonçant, tout juste, le refus de son jeune enfant faute de places: « En refusant une place à notre enfant, c’est comme si vous refusiez que notre enfant aille à l’école ou que les éboueurs ne ramassent nos poubelles, ou même que les pompiers n’interviennent pas chez nous […] Que vais-je faire de mon enfant ? Trouvez-vous cela normal ? » 

« En refusant une place à notre enfant, c’est comme si vous refusiez que notre enfant aille à l’école ou que les éboueurs ne ramassent nos poubelles »

Dans un mail, une mère de famille fait part de son désarroi face au manque de places en crèches, elle ne serait pas la seule.

Un refus que les services municipaux ont justifié par « le nombre de places disponibles [qui] est minime pour le mois souhaité, [on] a dû également vous expliquer de chercher un autre mode de garde en parallèle ? » Et de poursuivre: « Nous ne refusons pas votre enfant. Nous n’avons pas de place. Ce qui est différent. Nous avons de nombreuses pré-inscriptions sur la liste d’attente, et toutes les demandes qui sont effectuées, nous précisons bien que les entrées en cours d’année sont limitées faute de places. »

« Nous ne refusons pas votre enfant. Nous n’avons pas de place. Ce qui est différent. »

Les services de la municipalité d’Amiens le 8/12/22 précisant tant bien que mal les raisons d’un refus en crèche à un-e parent-e.

L’élue communiste s’étonne: « il nous avait été dit lors d’une commission affaires sociales qu’aucun enfant n’était refusé en crèche. On répond sans cesse aux familles qu’ils sont sur liste d’attente, pour finalement leur répondre au dernier moment que “leur enfant n’est pas refusé, il n’y a juste plus de place disponible”. C’est absurde. Il reste donc les crèches associatives… Il s’avère qu’en ce moment elles n’ont plus de places disponibles non plus pour les nourrissons » déplore Zoé Desbureaux.

Nous en avons fait part à la majorité qui préfère se satisfaire des 63% de taux d’accueil, des 1119 places alors que les services font face à 1542 demandes, ce qui équivaut à 423 refus.

Zoé Desbureaux, élue communiste d’Amiens

En avril 2021, la municipalité se voulait rassurante lors de l’annonce de la fermeture de la crèche Le Nuage dans le quartier St-Roch, à Amiens. Fin 2022, pour plusieurs parents la situation semble tendue face au manque de places. © Google SV

Pointant un défaut flagrant de service public, l’élue conclut : « De nouveaux quartiers voient le jour, un nouveau groupe scolaire va se construire à Amiens Sud, nous pensons qu’augmenter le nombre de places en crèche, voire en ouvrir une nouvelle [… ] pourrait être judicieux. »

Pour la conseillère municipale d’opposition, la majorité de Brigitte Fouré (UDI) rechigne à prendre en compte la situation:  « Nous en avons fait part à la majorité qui préfère se satisfaire des 63% de taux d’accueil, des 1119 places alors que les services font face à 1542 demandes, ce qui équivaut à 423 refus. »

Une situation qui n’arrange pas le climat déjà tendu entre les structures d’accueil et les parents. Ces derniers ont dénoncé en début de semaine une circulaire envoyée à plusieurs crèches de la ville, obligeant les parents à préciser leurs vœux de garde pour les prochaines vacances sous peine de sanctions financières.