Boréalia 2 va enfin voir le jour. Le projet controversé soumis au vote ce jeudi soir, a remporté une large majorité avec 77 votes en faveur du projet et 14 contre. A l’extérieur, lors du vote, l’association PATAT contre cette Zone d’Aménagement Concerté au sud-ouest de la ville, manifestait sa désapprobation face à un projet qu’elle juge dangereux pour la biodiversité et l’agriculture locale privant les habitants d’une soixantaine d’hectares de terres actuellement cultivées.

Mise à part Emilie Thérouin (EELV), les élu-es d’Amiens Métropole ont préféré opposer l’emploi à l’écologie sans vraiment obtenir de réelles garanties du président de l’agglomération, Alain Gest (LR).

De son côté, l’association annonce ce vendredi faire un recours en justice.

Ce jeudi, lors du rassemblement contre le projet Boréalia qui va artificialiser une soixantaine d’hectares de terres agricoles au sud-ouest de la ville. © Clément Foucard

Ils étaient plus d’une centaine à manifester sous les fenêtres de l’Hôtel de ville d’Amiens ce jeudi soir, lors du vote pour le projet Boréalia en conseil d’agglomération. Une mobilisation qui n’a pas influencé les élu-es qui ont voté à 77 pour le projet face à 14 contre.

Barbara Pompili présente contre le projet Boréalia 

« Je ne vous demande pas ce soir de faire un choix entre l’emploi et l’écologie, c’est justement l’inverse, argumentait Marc Foucault vice-président délégué au développement économique pour qui ce projet « montre,  qu’à Amiens on arrive à se doter d’une économie décarbonée sobre, créatrice d’emploi et de pouvoir d’achat également »

Opposant au projet, Fabien Voulminot (Amiens c’est l’tien) a donc repris plusieurs des quelque 497 avis donnés par les habitant-es lors de la phase de consultation en début d’année. La majorité d’entre eux sont négatifs, le constat est accablant pour Alain Gest. Rejoint par l’élue d’opposition Zoé Desbureaux (PCF) qui a évoqué un projet vieux « de 20 ou 30 ans« , bloqué dans « des schémas trentenaires« , les deux blocs d’opposition de gauche ont voté contre.

Plus tard, François Décavé (DVG/ACLT) reprochera un éco blanchiment de la part de la métropole, y voyant une façon d’atténuer les impacts du projet pourtant agressif envers la biodiversité, avant d’évoquer la présence de Barbara Pompili au rassemblement contre Boréalia qui se tenait à l’extérieur.

Barbara Pompili, députée de la Somme, ce jeudi 30 juin, lors du rassemblement contre Boréalia 2 qui va artificialiser 60 hectares de terres agricoles © Clément Foucard

Emilie Thérouin (EELV) a de son côté invoqué Jules Verne, se demandant ce qu’il aurait bien pu penser, rappelant au passage, que le monde avait changé et que le projet Boréalia vieux des années 1970’s datait un peu fustigeant la solution Borealia qui fournirait « une solution pour 7 ans  » seulement « et dans 7 ans, on recommence ? » a demandé l’élue des verts à l’assemblée, s’appuyant elle-aussi sur deux citations de Cécile Delpirou (LREM) (ancienne suppléante de Barbara Pompili) et d‘Alain Gest, lui-même.

De son côté, Renaud Deschamps (DVD) a paraphrasé la majorité en rappelant qu’un « élu devait faire preuve de hauteur et de soupeser tous les aspects d’un choix » rappelant que l’on pouvait d’une « manière simpliste faire de ce vote un referendum pro ou contre l’écologie » alors qu’on pouvait le considérer aussi comme « un référendum pro ou anti emploi. 

Nous n’avons pas, à Amiens, les moyens d’avoir une Silicon Valley à la française mais nous devons tendre vers ce modèle.

Renaud Deschamps, élu d’opposition Amiens au coeur à propos de la ZAC Boréalia 2

Le conseiller municipal et métropolitain d’opposition a proposé deux amendements afin de pousser Amiens à signer un pacte pour résorber l’artificialisation de ses sols et a rappelé que le premier facteur d’artificialisation des sols était le logement. L’un de ces deux amendements a par ailleurs été accepté par la majorité d’Alain Gest.

Si le résumé a le mérite d’être clair -quoique tout autant simpliste que la version dont il se défend- il s’agissait bien pour la majorité des élu-es amiénois-es de choisir ce jeudi entre écologie et emploi, oubliant que sans agriculture ce dernier n’a aucune chance d’exister.

Pendant que les élu-es débattaient plus d’une centaine de manifestant-es étaient présent-es, ce jeudi, lors du rassemblement contre le projet Boréalia qui va artificialiser une soixantaine d’hectares de terres agricoles au sud-ouest de la ville. © Clément Foucard

Emploi contre climat: un débat dépassé ?

Clément Stengel (UDI/LREM), adjoint du secteur sud-ouest, a rappelé que les premiers besoins de la population évoqués lors des permanences d’élu-es étaient « le logement et l’emploi » se réjouissant d’un projet répondant à des enjeux indispensables pour le territoire. Ce à quoi, Pascal Rifflart (LREM) a répondu que le projet respecterait la loi Climat et Résilience et que l’on « était sur des micro espaces, sur un ensemble disponible 100 fois plus grand et on est sur la problématique de la création d’emplois« .

La majorité des quelque 497 avis donnés pour le projet Boréalia lors de la consultation étaient négatifs. © Clément Foucard

Brigitte Fouré (UDI) maire d’Amiens a elle réaffirmé son attachement au projet alors qu’Amiens a perdu le statut de capitale régionale et aurait tout à gagner en attractivité. Avant que Georges Dufour, élu de Saveuse, ne fasse part de son expérience d’agriculteur précisant que ses récoltes à cet endroit étaient « toutes petites » par manque d’irrigation.

Du côté des militant-es à l’extérieur, le ton restait ferme: « C’est un écocide » pouvait-on lire sur les réseaux sociaux alors qu’Alain Gest a fini par conclure ce vote sur les propos d’Emilie Thérouin s’amusant que l’élue écologiste en soit venue à citer « ses ennemis (macronistes) intimes », signe s’il en fallait que Boréalia était ‘En marche’ désorganisée.