D’après Mediapart, une ordonnance du tribunal de Paris qui l’empêche de publier de nouvelles révélations sur Gaël Perdriau a été rendue vendredi, à la demande du maire de Saint-Etienne. Libération et Les Jours sont prêts à prendre le relai pour publier les révélations si la justice ne fait pas machine arrière.
Mediapart a annoncé lundi 21 novembre que la justice lui avait interdit de publier de nouvelles informations sur le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, après son article sur un chantage à la vidéo intime. Mediapart dénonce une « censure sans précédent ».
« C’est du jamais vu »
L’ordonnance du tribunal judiciaire de Paris a été rendue en urgence vendredi, à la demande de Gaël Perdriau, selon Mediapart. « C’est une décision sans précédent de mémoire de juriste et de journaliste », a déclaré à l’AFP le directeur de Mediapart, Edwy Plenel. Selon lui, elle découle d’une « procédure très exceptionnelle » qui ne s’est « jamais vue sur le terrain de la presse ».
« Mediapart n’était pas informé de cette procédure et l’ordonnance a été prise par une juge sans que notre journal ait pu défendre son travail et ses droits », a objecté Edwy Plenel sur les réseaux sociaux.
« Du jamais-vu depuis la loi de 1881 qui a instauré le droit d’information et la liberté d’expression »
Soutien à nos collègues de @Mediapart, à qui la justice ordonne la censure d’une enquête pas encore publiée, en se basant sur des dispositions relevant du tribunal de commerce https://t.co/89sktfNsWN
— Tristan Waleckx (@tristanwaleckx) November 21, 2022
Des révélations sur des enregistrements déjà exploités
Ces « nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Etienne » s’appuient « notamment sur les mêmes enregistrements » utilisés précédemment par Mediapart, poursuit Edwy Plenel. Le texte de l’ordonnance explique que Mediapart ne peut « publier tout ou partie de l’enregistrement illicite réalisé le 27 novembre 2017 » dans le bureau du maire « sur tous supports, électronique, papier ou autre (…) et ce sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié ».
Très bonne idée, on est d’accord pour @libe ! https://t.co/ubG9EHkpv1
— Dov Alfon (@dovalfon) November 21, 2022
Selon Mediapart, Gaël Perdriau a invoqué « une atteinte à la vie privée« pour demander à la justice la non-publication de cet article. Le journaliste auteur de l’enquête l’avait au préalable sollicité pour avoir sa position sur les « faits nouveaux » que devait relater l’article.
👏 @Libe & @Lesjoursfr se tiennent prêts à prendre le relai.
Si la justice ne revient pas sur l’injonction faite à @Mediapart d’arrêter de dévoiler les pratiques du maire de Saint-Étienne, c’est d’autres titres de presse qu’il faudra donc censurer👇 https://t.co/pDSIzhUkIi
— Antton Rouget (@AnttonRouget) November 21, 2022
Laurent Wauquiez victime de Gaël Perdriau ?
Pour le directeur de Médiapart, Edwy Plenel, ces faits « mettent en cause les pratiques du maire de Saint-Etienne, notamment dans le recours à la rumeur comme instrument politique ». « Cette fois, leur victime est une personnalité notable de la droite, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes », ajoute-t-il.
« Nos avocats mettent en œuvre tous les recours juridiques possibles pour mettre fin rapidement à cette censure », souligne Edwy Plenel. Ce dernier fait le parallèle avec une autre décision de justice prise début octobre par le tribunal de commerce de Nanterre. Poursuivi par le groupe Altice pour avoir publié des articles basés sur des documents volés par des pirates informatiques, le site d’information Reflets s’est vu interdire d’en faire paraître d’autres. L’audience d’appel doit avoir lieu mercredi à Versailles.