La semaine dernière l’adjointe à la mairie de Paris, Audrey Pulvar, déclenchait de vives réactions dans la sphère politique, d’abord à droite et à l’extrême droite puis au sein du Parti Socialiste lui-même, parti de la candidate aux élections régionales en Ile-de-France.

En cause, ses déclarations sur « les réunions non-mixtes » organisées par le syndicat étudiant l’UNEF mais aussi par d’autres associations de lutte pour l’égalité.

L’idée de rassembler un groupe de personnes partageant une même violence en se focalisant sur la libération de la parole des victimes, semble en choquer plus d’un. Pourtant dans bien des contextes, la méthode est utilisée comme une étape transitoire et nécessaire au traitement des dysfonctionnements sociétaux auxquels ces personnes doivent faire face.

« Je préfère les réunions “réservées à” que les réunions “interdites à”, précise Audrey Pulvar au Monde. Mais s’il se trouve que vient à cet atelier une femme blanche, un homme blanc, il n’est pas question de la ou le jeter dehors. En revanche, on peut lui demander de se taire, d’être spectateur ou spectatrice silencieux. »

Suite à sa position qui n’a pas manqué de faire réagir, Marine Le Pen a demandé au parquet d’engager des poursuites pour « provocation à la discrimination raciale » rapporte le quotidien. Polémique vaine pour Audrey Pulvar qui s’en expliquait ce mardi,  toujours dans les colonnes du journal : « un sujet, un seul, occuperait les esprits depuis 72 heures, si l’on en croit réseaux sociaux, chaînes d’info et comptes propagateurs de haine : les propos que j’aurais tenus, intimant « aux Blancs » le silence, quand il s’agit de parler de racisme. Bigre ! Celles et ceux qui ont pris la peine de m’écouter savent, à condition d’honnêteté, qu’il n’en est rien. »

Un avis que partage Roman Laniel, le président de l’Unef Picardie: « On a l’impression que ça peut arranger le gouvernement cette petite polémique, ça fait oublier tout le reste, le mal-être étudiant, les étudiants dans les épiceries solidaires, à la Croix Rouge, au Secours populaire…« .

Roman Laniel, lui, préfère préciser d’emblée les termes :

« Au final dans cette histoire, on parle de quoi? on parle « des groupes de parole », et c’est bien de donner cette définition là avant de dire « réunions non-mixtes » – ça remet les choses en perspective. »

Là il va y en avoir un sur les LGBTQIA+, ça favorise la libération de la parole des personnes concernées – nous sur le plan local on n’organise pas de « réunions non-mixtes », les groupes de parole ne sont pas très fréquentés mais ça n’est pas pour autant qu’on est insensible à ces questions de discrimination, on traite le problème même quand il est dit entre personnes qui partagent le même problème. On a un référent oppression qui va traiter le souci et rapporter aux autres le ou les problèmes rencontrés par les personnes réunies mais tout va passer par un vote pour choisir ce qui sera le plus à même d’aider le camarade en souffrance psychologique, rappelle Roman Laniel, avant de poursuivre:

L’UNEF revendique sur des thématiques progressistes […] nous restons profondément universalistes. Mais pour avoir le ressenti sur une certaine oppression, on doit créer des espaces de parole; ce qui nous a été reproché c’est qu’on puisse « interdire des réunions aux Blancs » alors que ça n’est pas ça du tout, puisqu’on traite le problème tous ensemble, il y a une confusion entre le temps de parole pour réaliser, constater le problème et le temps de parole pour traiter le problème et pour l’expliquer au collectif. »

Certain.es élu-es locaux.les à Amiens se sont par ailleurs amusé.es de la situation et de la petite polémique, souvent les plus jeunes, moins enclins à repousser ce genre de traitement transitoire face aux discriminations.