Interpellée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux, la députée de la Somme, Ingrid Dordain (En Commun) ne votera pas le texte de la loi immigration: « Il m’est impossible d’adhérer à un texte qui impacte le droit aux APL, impose des quotas d’immigration et permet le rétablissement du délit de séjour irrégulier » nous confirme la députée.

Au centre, Ingrid Dordain, députée de la Somme, lors d’une réunion des Jeunes Avec Macron, en novembre dernier.

Ingrid Dordain ne votera pas la loi immigration, fait savoir la députée de la 2e circonscription de la Somme dans un communiqué ce mardi soir. Membre du parti créé par Barbara Pompili, « En Commun » , apparenté à la majorité, la députée n’est pas la seule chez les macronistes à s’exprimer contre la loi immigration. Certains ministres menaceraient même de démissionner si un tel texte était voté, à l’instar du ministre des transports, Clément Beaune.

Le texte de loi, rejeté une première fois, a été réimposé avec une commission mixte paritaire regroupant des députés et des sénateurs. Une commission qui s’est réunie ce lundi pour formuler un « texte équilibré. » Mais l’équilibre n’a manifestement pas été trouvé.

« Je soutenais le texte qui était sorti de la commission des lois il y a quelques jours (le texte initial a été mis hors d’état par une motion de rejet votée par les députés la semaine dernière NDLR), il était équilibré et prônait aussi bien la fermeté que l’intégration » explique la députée de la Somme. « La fermeté parce que nous ne devons pas laisser sur notre territoire des personnes étrangères qui représentent un danger pour notre pays. L’intégration parce que nous devons accompagner ceux qui souhaitent […] devenir pleinement citoyens français. »

Pour Ingrid Dordain, le texte initial « portait des mesures humanistes: la fin de l’enfermement des mineurs en centre de rétention administratif, la régularisation des travailleurs sans papiers ou encore le maintien de l’inconditionnalité de l’accueil en hébergement d’urgence. »

Mais suite à la motion de rejet votée par les députés, le texte s’est profondément durci en commission mixte paritaire cette semaine sous l’influence des Républicains, eux-mêmes sous perfusion de l’extrême-droite. « Des lignes rouges ont été franchies » reconnait la députée de la Somme.

« Etranger ne doit pas rimer avec danger, la préférence nationale ne doit pas prévaloir dans notre société » rappelle Ingrid Dordain pour qui « l’universalité des prestations sociales » ne doit pas être piétinée.

Malgré ces prises de position dissonantes, le projet de loi a été adopté par le Sénat et l’Assemblée nationale ce mardi 19 décembre 2023, un peu avant minuit.

Photo Une Assemblée nationale CC