Suite au signalement de l’attaque d’une biche le dimanche 19 février dans le secteur de la forêt de Saint-Gobain, dans l’Aisne, une procédure d’identification a tout de suite été lancée, nous confirme l’Office Français de la Biodiversité. D’après les premiers résultats, il s’agit bien d’un loup, mais la présence de cette espèce protégée en Picardie n’a rien d’anormal. Régulièrement, des loups s’éloignent des massifs alpins « comme cela a été le cas dans l’Indre, l’Eure-et-Loir, la Somme ou l’Oise » nous rappelle l’OFB.


Le 19 février dernier « un photographe animalier » un certain « Vincent D. » a pris un cliché de ce qui lui semblait être un loup attaquant une biche en foret de Saint-Gobain.  Alerté, l’OFB a mené une expertise pour confirmer cette supposition. Les résultats sont tombés cette semaine et confirment l’intuition du photographe.

Une photo n’est pas une preuve d’existence

Mais à l’heure des intelligences artificielles et de Midjourney, les recréations graphiques et retouches photographiques en tout genre vont bon train. Il est donc impossible de se fier à une simple photographie dont l’auteur est vaguement cité par L’Aisne nouvelle, une procédure d’identification était nécessaire.

« Suite au signalement de l’attaque d’une biche le dimanche 19 février dans le secteur de la forêt de Saint-Gobain, la procédure habituelle relative à l’attaque par des prédateurs a été lancée » nous précise t-on. « L’expertise menée par l’OFB, plus spécifiquement par le réseau loup-lynx présent sur tout le territoire et qui, sur la base d’indices, a permis de procéder à un relevé d’éléments techniques. Ces éléments confirment la responsabilité du loup dans l’attaque. »

Les déjections, les attaques, les pièges-photo ou bien encore les interactions visuelles permettent ainsi d’identifier et de suivre l’évolution de la présence du loup en France, selon l’OFB.


« Le loup est une espèce protégée en France comme en Europe. Il est connu pour sa grande capacité de dispersion. Ainsi, depuis le retour du loup en France dans les Alpes du Sud en 1992, l’espèce s’est installée dans les Alpes, où elle s’organise en meute. Depuis les zones historiques d’installation du loup, où l’espèce se reproduit, des phénomènes de dispersion sont observés principalement au printemps et à l’automne, lorsque les jeunes quittent la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir » nous précise l’Office Français de la Biodiversité.

Cette dispersion est imprévisible et aléatoire: « le loup peut parcourir de grandes distances, ou bien se fixer sur un territoire, puis en repartir. La seule certitude est qu’il n’y a pas de reproduction en dehors du massif alpin et de l’Occitanie (2 reproductions en 20222) en France. »

Tuer un loup est illégal et totalement inutile 

« Il n’est pas anormal d’observer régulièrement mais ponctuellement des loups solitaires à distance du cœur de population alpin, comme cela a été le cas dans l’Indre, l’Eure-et-Loir, la Somme ou l’Oise » rappelle l’OFB.

Tuer un loup en dehors d’une autorisation préfectorale peut couter jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende comme l’énonce l’article L415-3 du Code de l’environnement.

Une destruction d’autant plus inutile comme l‘attestent plusieurs études de spécialistes de l’analyse des comportements lupins et de la protection de cet animal. Tuer un loup ne fait que repousser le réel problème: un manque de moyens techniques octroyés aux éleveurs pour permettre une cohabitation avec l’animal qui reste, lui aussi, dans son environnement originel.

Dans le département de l’Aisne, « même si l’évènement est pour l’instant un cas isolé, un dispositif renforcé de suivi des indices de présence va être mis en place » rassure l’OFB.

En cas d’observation de loup, d’indices de sa présence ou de suspicion d’attaque dans l’Aisne?

Contacter un agent du service départemental de l’OFB de l’Aisne : sd02@ofb.gouv.fr

 

Photo Une illustration : loup gris des Apennins – en 2006 dans un parc à loup CC

DT