[Plan vélo] Un gâchis électoraliste à 10 millions d’euros; l’opposition dénonce « un plan de rattrapage »

Alors que l’agglomération amiénoise a présenté son nouveau plan de circulation pour les cyclistes d’ici 2026 et prévoyant des investissements à hauteur de 10 millions d’euros financés pour moitié par Amiens Métropole et la municipalité, l’opposition fustige « un plan de rattrapage » et de mise en conformité avec la législation. Un plan à pure visée électorale selon le groupe d’opposition.

Une trentaine de kilomètres de voies réservées aux cyclistes devraient compléter les quelque 200 kilomètres existants dans l’agglomération amiénoise, d’ici 2026. Avec son plan vélo, le président de l’agglomération, Alain Gest (LR) a rappelé que la majorité cherchait « à concilier tous les modes de déplacement sans les opposer. »

A terme, 9 axes structureront le nouveau plan, des zones à 30km/h dans certains quartiers dits  « apaisés » pour les voitures et les vélos mais sans agenda précis et soumises au bon vouloir des comités de quartier, devraient apparaître; une technique qui « interpelle les automobilistes » selon Jean-Claude Renaux (DVG), vice-président aux Transports d’Amiens Métropole.

De son côté; Bruno Bienaimé (Renaissance), adjoint délégué au vélo à la mairie d’Amiens, se veut rassurant et assurait, lors du dernier conseil municipal que ce plan vélo va permettre à l’avenir, « des déplacements sécurisés pour les cyclistes […] la promotion du vélo fait partie intégrante de la politique des déplacements urbains d’Amiens Métropole […] le contexte économique, écologique et de santé marque un changement dans notre quotidien et nos mobilités » et impose à la municipalité l’intégration des nouvelles mobilités dans son aménagement urbain.

Mais pour Emilie Thérouin, élue d’opposition EELV, dans le groupe « Amiens c’est l’tien », difficile de permettre une circulation apaisée sans faire de choix. « Vous ne pouvez pas mettre toujours plus de vélos dans les rues, sans réduire drastiquement la place de la voiture individuelle et sanctionner les excès de vitesse » a t-elle rappelé ce jeudi 9 mars, lors du dernier conseil municipal. Et de poursuivre : « Développer les zones 30 doit rimer avec la fin du trafic de transit sur les axes trop fréquentés pour être en sécurité. »

« Il va falloir avoir le courage politique de s’attaquer au plan de circulation. »

Emilie Thérouin, élue amiénoise d’opposition à la municipalité et à l’agglomération, le 9 mars

« Un plan de mobilité ? ça vous dit sans doute quelque chose ! c’est le nouveau nom du Plan de Déplacement Urbain » tance l’élue. « Pressés par votre retard, vous avez fait le choix de déconnecter le plan vélo du plan de mobilité qui revoit tous les usages, le stationnement, les vitesses, etc... »

« Un plan de rattrapage » électoraliste

« La maire a débuté le mandat précédent en rouvrant l’anneau vert à la circulation automobile, tandis que le président d’Amiens Métropole commençait son œuvre en supprimant le double-sens cyclable de la rue de la République. Beau symbole ! » rappelle l’élue d’opposition. « Mais Alain Gest ne s’est pas arrêté en si bon chemin, en qualifiant les cyclistes de « 2% d’emmerdeurs ». Vous vous êtes ensuite empressés d’enterrer le tramway [ en faisant peur avec de gros travaux ! ], pour casser les routes pour faire passer 4 lignes de bus électrique, ah non, 3 ! Des années de travaux et on a oublié de faire une petite place pour le vélo. » Mais, ironise Emilie Thérouin : « On a donc droit de passer en session de rattrapage. »

 « Récemment, vous avez fait deux découvertes : les cyclistes ont aussi le droit de vote et ça peut faire de belles couvertures du JDA. Vélo ça rime avec écolo. Sympa. »

Emilie Thérouin, élue amiénoise d’opposition à la municipalité et à l’agglomération, le 9 mars

Pour l’écologiste, si ce plan de rattrapage emprunte les bonnes directions, les types d’aménagements choisis sont limités par le budget alloué tant les retards sont importants: « 10 millions, ça en jette. Or, entre 150 000€ à 400 000€ le km, on ne va pas aller bien loin. Pire, on peut douter de la qualité des futurs aménagements. »

Néanmoins, si l’agglomération évoque des travaux sur certains axes, la réfection des voies induit obligatoirement, depuis la loi sur l’orientation des mobilités (LOM) de 2019, un aménagement cyclable qui ne saurait être amputé au budget dédié au plan vélo mais davantage à un plan de mobilité plus global. Ces oublis dans l’aménagement urbain avaient coûté à Amiens Métropole une condamnation par le Conseil d’Etat. 

Des stationnements supplémentaires pour garer son vélo; des prix qui interrogent 

De nouveaux emplacements pour garer son vélo devraient être installés, a annoncé l’agglomération lors de sa présentation de son plan pour lequel opposition et associations n’ont pas été consultées. Pour l’heure 4600 places pour les vélos seraient disponibles d’après la municipalité qui prévoit d’accroître l’offre.

Vu à #Amiens : du vrai stationnement vélo : des arceaux scellés au sol, avec en bonus un logo vélo et des îlots au sol pour une meilleure protection 🤝🚴 pic.twitter.com/rkdHMduWy1

— 🚴‍♀️ Vélotaffeuse (@Velotaffeuse) March 3, 2023

L’agglomération se fixe comme objectif d’installer 150 places supplémentaires avec arceaux par an, d’ici 2026.

25e par vélo par an contre 1 euros le stationnement résidentiel.

6 vélos par box, sur 1 place de stationnement.

Ça fait 150 pour que 6 vélos utilisent la même place qu’une seule voiture.

Toujours pas d’info sur qui à décidé ce prix ? https://t.co/a5DtfwWE55

— Verange – UCG 🦄 (@Verange_80) March 10, 2023

Des consignes à vélos vont également être proposées dans les zones résidentielles d’Amiens. Dix seront installées cet été, 40 à terme. Les amiénois-es sont par ailleurs consulté-es jusqu’au 22 mars pour donner leur avis sur les futurs emplacements de ces consignes dont le prix à l’année est fixé à 25 euros.  (« Je participe/Consignes à vélos »)