Alain Gest (LR),  président de l’agglomération amiénoise, accusait le 1er février dans les colonnes du Courrier picard l’association de préservation des terres agricoles amiénoises, PATAT, d’être coupable de la perte d’une opportunité de plusieurs milliers d’emplois à cause de son recours en justice contre Amiens Métropole. L’association se défend et fustige les accusations de l’élu pour qui « le projet d’usine verte aux 1000 emplois serait entravé par une association et des habitants irresponsables. »

Les opposant-es à Boréalia seraient responsables de la perte de 3000 à 4000 emplois selon Alain Gest. L’association se défend. © Clément Foucard /Photophoque 08/22

« Les propos de Monsieur Gest, tels que rapportés par le Courrier Picard, opposent au projet de Tiamat le recours porté par l’association contre l’approbation de la ZAC Borealia 2. Dit autrement, le projet d’usine verte aux 1000 emplois serait entravé par une association et des habitants irresponsables« , explique l’association dans un communiqué.

Tiamat, la start-up spécialisée dans la fabrication de batteries à sodium-ion cherche un terrain de 10 à 20 hectares pour s’implanter si elle parvient à réunir les fonds nécessaires.  Il y a quelques semaines, elle avait annoncé sa volonté de s’installer à l’ouest d’Amiens. Mais selon le président d’Amiens Métropole, le recours déposé par l’association PATAT aurait fait fuir des entreprises comme celle-ci qui souhaitaient s’implanter dans la future zone Boréalia: « Ce recours nous a fait perdre une opportunité très importante de création de 3000 à 4000 emplois. Il faut donc que chacun prenne ses responsabilités » avait-il déclaré au Courrier picard.

Extrait de l’article du 31 janvier dans « Le Courrier picard » où les propos relayés incrimineraient PATAT injustement selon l’association.

Une accusation qui ne passe pas chez les opposants à la ZAC Boréalia:  « le recours est un droit, incontestable , permettant de demander l’annulation d’une décision administrative qui tend à violer une règle de droit. Le recours porté par des habitants et par l’association PATAT conteste la décision de création de la ZAC Borealia 2. Décision prise malgré une étude d’impact insuffisante. Dans les faits, cette opposition supposée de l’association PATAT à un projet vertueux ne semble évoquée que pour semer un doute sur le bien – fondé de l’association et sur le recours qu’elle porte » écrivent les responsables.

Et de poursuivre: « l’association serait responsable de la perte d’une opportunité de création de 3000 à 4000 emplois par une entreprise dont Alain Gest veut garder le nom secret. Mais, d’une part, l’article n’annonce pas l’abandon de ce projet à peine évoqué, mais seulement la poursuite de sa recherche d’emplacement et, d’autre part, l’accusation n’avance aucune justification, n’évoque rien de cette opportunité. Pour être avancé en responsabilité, l’argument de l’emploi doit être justifié, et les incidences environnementales des projets doivent être honnêtement évaluées et traitées avant d’être approuvés. »

Insinuant que l’action de l’association serait coupable de la perte de plusieurs milliers d’emplois, l’élu amiénois renvoie les opposants à leur responsabilité. Pourtant à aucun moment il n’est question d’abandon de l’implantation de ou des entreprises créatrices de milliers d’emplois mais tout juste d’un déplacement sur un site déjà artificialisé.

« Le projet envisagé est susceptible avec ses 10 hectares de s’implanter ailleurs que dans la ZAC Borealia 2, notamment sur un site déjà aménagé » nuance l’association. « Aujourd’hui , notre première responsabilité est de préserver nos milieux naturels et agricoles de toute artificialisation, première cause d’érosion de la biodiversité et source d’émissions supplémentaires de CO2. Notre responsabilité, nous l’avons exprimée en faisant le choix d’exercer notre droit de porter un recours contre une décision d’artificialisation de terres, prise sans analyse suffisante de ses impacts et des mesures proposées, au mépris des dispositions du Code de l’environnement, et plus globalement au mépris des enjeux environnementaux actuels. » 

En effet, si Tiamat ne semble pas avoir la patience d’attendre la fin du feuilleton judiciaire qui oppose Alain Gest et l’association PATAT, une solution à l’est de l’agglomération, près de Bove, pourrait être trouvée.

Reste à faire la différence entre les impacts réels d’un tel recours sur l’implantation d’entreprises pourvoyeuses d’emplois verts et une justification pratique pour masquer un faible nombre d’entreprises intéressées par une implantation dans la future zone controversée.