Depuis le 1er janvier, les automobilistes peuvent stationner gratuitement après 17h30 dans le centre-ville d’Amiens. La mesure promise lors de la campagne par la maire, Brigitte Fouré, est expérimentale et devrait durer 6 mois.

Si la gratuité semble satisfaire les commerçants, ils n’hésitent pas à pointer du doigt dans le Courrier picard sa forme et le manque de communication de la municipalité sur ce sujet :

C’est bien de faire de la gratuité, mais faut-il encore qu’on l’annonce aux habitants et aux personnes extérieures. Qu’il y ait au moins une communication écrite sur les horodateurs pour les prévenir. Ça les incitera peut-être à venir nous voir en fin de journée, même si ça me paraît un peu tard

Outre le manque de communication, la mesure semble tiède et insuffisante. La gratuité tardive, en fin de journée, ne séduit pas totalement et les commerçants en réclament déjà davantage. La boite de pandore est ouverte:

C’est une bonne chose, on ne va pas critiquer cette mesure même si ça pourrait toujours être mieux. C’est un premier pas

Mais un premier pas vers quoi ? Un premier pas vers une croyance, un peu fumeuse (forcément), qui associerait la gratuité du stationnement au dynamisme commercial du centre-ville. Or si faciliter l’accès au centre-ville en voiture peut stimuler l’activité commerciale, cette action ne peut avoir d’effets qu’à court terme. En témoigne le fiasco à Compiègne où la gratuité est de mise. Le résultat est net. La gratuité n’offre pas de places supplémentaires, il devient donc impossible de se garer, y compris pour les riverains. L’impact sur les commerces devient quasi nul.

Un coup de comm’ qu‘Emilie Thérouin, conseillère municipale d’opposition, n’hésite pas à tourner en dérision condamnant là « une grosse connerie et un non-sens écologique et économique »:

Mais cette mesure de stationnement gratuit souligne surtout l’omniprésence des voitures dans un centre-ville très restreint au détriment de mobilités douces et où le piéton peine à trouver sa place et le cycliste à rouler en toute sécurité. Une situation paradoxale que dénonçait le groupe des élu-es Amiens c’est le tien lors du conseil métropolitain de décembre dernier:

Contrairement au stationnement gratuit pour les automobilistes, lorsque l’accès est facilité au centre-ville pour les cyclistes et les piétons, les commerces s’en porteraient bien mieux. Les usagers à vélo ou à pieds restent plus longtemps dans le centre-ville et sont appelés à revenir plus souvent dans les commerces. C’est ce que démontrent plusieurs études réalisées dans le centre-ville d’agglomérations australiennes, canadiennes ou américaines qui ont opté pour davantage de piétonisation et de pistes cyclables.

Et si cette gratuité est loin d’être bénéfique aux commerces, elle perpétue des habitudes nuisibles à la fluidité de la circulation de tous les usagers, comme en atteste cette photo de la rue Lamarck nous montrant une piste cyclable jonchée d’automobiles.