Suite à plusieurs plaintes et à un dépôt de main courante pour des nuisances sonores, la Société Immobilière Picarde a décidé de ne pas renouveler la convention avec les Francas de la Somme. Une décision « unilatérale » selon l’association qui gérait depuis cinq ans la première résidence intergénérationnelle d’Amiens sise au 190 de la rue Jean Moulin.

Le 21 décembre dernier, les résidents, le Centre social Elbeuf-Lescouvé et le comité de quartier Amiens Sud-Ouest étaient réunis au 190 rue Jean Moulin pour dénoncer la « mise à la porte » de l’association qui gérait l’espace partagé de la résidence.

Le 22 décembre, les Francas de la Somme ont du remettre les clefs de la salle partagée de la résidence Jean Moulin à un huissier envoyé par la SIP. La première convention signée en 2018 puis renouvelée pour trois ans en 2020, est arrivée à son terme. La mission de l’association était d’animer les espaces de vie de cette résidence intergénérationnelle afin de faciliter l’autonomie et le vivre-ensemble de ses résident-es; une mission qui a entraîné plusieurs nuisances selon la SIP, propriétaire et responsable des lieux, qui justifie ainsi le non-renouvellement de la convention.

Une décision  que les habitant-es et l’association ont eu connaissance quelques jours avant la remise des clefs. Les Francas contestent la méthode et dénoncent « une décision unilatérale. » Soutenue par plusieurs résident-es, l’association a lancé une pétition pour conserver son local.

Le Centre Communal d’Action Sociale d’Amiens chargé de faire le relai entre l’association et le bailleur a également fait part de son étonnement face au non-renouvellement de la convention. En remplacement, la SIP prévoit qu’une association mélangeant des résident-es et membres du comité de quartier porte la gestion et l’animation des locaux partagés, aidée par le Centre socio culturel Elbeuf-Lescouvé et la ville d’Amiens.

L’opposition demande à Brigitte Fouré de « mettre un terme à la dérive autoritaire »

A gauche, dans l’opposition municipale, c’est « avec étonnement » que l’on a appris « la fin de la collaboration entre Les Francas et le bailleur SIP, dont Fany Ruin est la présidente, au sein de la résidence intergénérationnelle et ceci à compter du 22 décembre 2023 » précise Evelyne Becker élue (LFI) dans le groupe Amiens c’est l’tien et membre du conseil d’administration du CCAS.

« La Ville d’Amiens, via son Centre Communal d’Action Social, est partie prenante de la convention qui n’a pas été reconduite, or les administrateurs du Centre n’ont eu aucune information lors des conseils d’administration de 2023. Notre constat fait écho à celui de l’association Les Francas qui anime, au moyen du Centre Social Elbeuf Lescouvé, les espaces partagés de la résidence ouverte en 2019 rue Jean Moulin.

Cette décision paraît entérinée: «Sans motif, sans explication et de façon unilatérale, notre association est mise à la porte et les habitants livrés à eux- mêmes» déplorent les Francas. Une telle situation marque un énième défaut d’échange et surtout un manque de volonté de coconstruire » fustige Evelyne Becker.

« Les décisions de la municipalité, dont celles de ses satellites, rencontrent une incompréhension; le manque de considération étant manifeste. Ces attitudes autoritaires ne sont ni bienveillantes, ni participatives. »

Evelyne Becker élue d’opposition à Amiens et membre du CA du CCAS au sujet de la non-reconduction des Francas à la résidence intergénérationnelle Jean Moulin

« La disparition orchestrée de la coopérative d’habitat social «Toit Aussi», au profit d’une « marque » gérée par l’AMSOM HABITAT, interroge. Comme les nombreuses difficultés, dans les relations humaines, et la conflictualité avec les personnels, notamment dans le domaine culturel et social, qui s’accumulent depuis des mois. Des dispositifs d’alerte et des médiations amiables doivent résoudre les différends. Les décisions viennent d’en haut, sans réelle concertation ou dialogue. La méthode doit impérativement changer. Surtout, ces décisions désabusent et démotivent. Votre intervention ne peut se limiter à octroyer «un délai supplémentaire pour fêter Noël». Le contrat de ville doit être renouvelé prochainement en 2024 » réclame le groupe Amiens c’est l’tien. La maire avait par ailleurs obtenu un délai supplémentaire d’une semaine auprès de la SIP pour sauver le Noël des résident-es et permettre à l’association d’utiliser les locaux, le 16 décembre.

Pour l’insoumise et membre du CA du CCAS la méthode quoique légalement juste, fait grincer des dents. « Evincer une association qui œuvre pour les liens intergénérationnels et une dynamique sociale est un bien triste signal [du] désengagement quant aux liens sociaux. »

« Nous sommes étonnés des mesures radicales, alors que, face à des incivilités d’une autre nature ou de véritables troubles de voisinages avaient été signalés, les réponses ont tardé » précise Evelyne Becker faisant allusion à la fermeture du Coco Banana diligentée par la Préfecture de la Somme suite à quelques troubles provoqués par la clientèle du club de la rue Saint-Honoré. L’établissement de nuit qui a totalisé des milliers d’entrées depuis septembre, a dû suspendre temporairement son activité sous ordre du préfet, pendant 45 jours. Une décision intervenue rapidement, au bout de trois mois à peine, après la rentrée.

Une réunion aux débouchés mystérieux 

Les élu-es d’Amiens c’est l’tien attendent « des réponses et des mesures pour mettre un terme à la dérive autoritaire en cours subie par les acteurs de terrain » écrivait le groupe dans une lettre ouverte datée du 22 décembre 2023, demandant ainsi « la communication officielle de la date de la réunion programmée en janvier 2024. »

Mais ce lundi 8 janvier 2024, les élu-es d’opposition n’avaient toujours « aucune indication sur une future réunion à laquelle nous n’aurions pas été conviés de toute façon » fait savoir l’élue insoumise.